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Créer un emploi avec le CICE coûte trois fois plus cher qu’embaucher un fonctionnaire

par Stéphane Ortega

Publie le dimanche 16 décembre 2018 par Stéphane Ortega - Open-Publishing
3 commentaires

Ni rétablissement de l’ISF ni remise en question du CICE dans les annonces d’Emmanuel Macron le 11 décembre en réponse au mouvement des gilets jaunes. Pourtant les deux coûtent « un pognon de dingue » au bénéfice des plus fortunés et des entreprises sans que leur efficacité soit démontrée. Calculette en main, Rapport de force compare le coût pour l’État d’un emploi créé avec le CICE, avec celui d’un poste de fonctionnaire, ou d’un emploi aidé.

 

Pour rappel, le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) est un avantage fiscal destiné aux entreprises pour réduire le « coût du travail » et ainsi selon ses promoteurs : favoriser l’embauche. Avant son entrée en vigueur, en 2013 sous le mandat de François Hollande, Pierre Gattaz, le patron du Medef, pronostiquait qu’il permettrait la création d’un million d’emplois.

Cinq ans plus tard, le compte n’y est pas, malgré un coût estimé à 20 milliards d’euros par an. Le dernier rapport du comité de suivi du CICE du mois d’octobre 2018 jauge le nombre d’emplois créés ou conservés à 100 000 sur la période disposant de données chiffrées : 2013-2015. Pour arriver à ce résultat France Stratégie en charge du suivi s’appuie sur deux études. La première ne trouve pas « d’effets significativement positifs sur l’emploi ». La seconde fixe une moyenne d’emplois créés ou préservés de 108 000 entre 2013 et 2015, compris en réalité dans une fourchette allant de 10 000 à 205 000 selon les modes de calcul. Pour la même période le coût s’élève lui à 47 milliards : 11,59 en 2013, 17,5 en 2014 et 17,9 en 2015.

 

CICE : 435 000 € par emploi créé ou sauvegardé

 

Pour être indulgents avec le gouvernement, retenons le chiffre plutôt avantageux de 108 000 emplois, lui faisant grâce de l’étude qui considère qu’il n’y a aucun impact. Pour ne pas forcer le trait, passons également sur le fait qu’une partie des emplois sont dits préservés et non créés. Donc 47 milliards pour 108 000 emplois, cela fait 435 000 € par emploi, en arrondissant à l’inférieur. Vous trouvez cela cher ? Nous aussi.

Alors, comparons. Dans un article à charge du journal Le Point contre le coût « exorbitant » des fonctionnaires, le coût annuel d’un emploi public est évalué à 48 000 €. Pour les trois années qui correspondent à la période étudiée pour le CICE (2013-2015), cela représente 144 000 €. Trois fois moins cher qu’un emploi dû au CICE. À titre d’exemple, la volonté d’Emmanuel Macron de supprimer 120 000 emplois dans la fonction publique ferait économiser 17,2 milliards sur trois ans. Là encore bien moins que les 47 milliards du CICE entre 2013 et 2015.

Au lieu de répondre aux gilets jaunes par «  faire mieux avec moins » à propos de la réforme de l’État et des services publics, Emmanuel Macron aurait pu annoncer des embauches en échange de la suppression du CICE. Par exemple, dans la santé, les professionnels réclament 200 000 embauches. Le coût d’un tel « État d’urgence social » pour reprendre les termes du chef de l’État représenterait environ 9,6 milliards d’euros. Deux fois moins que le montant du CICE en 2018.

 

CICE : 52 fois plus cher que les contrats aidés

 

Soyons taquins ! L’an dernier, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud argumentait à propos des contrats aidés dont le gouvernement souhaitait réduire drastiquement le nombre : « extrêmement coûteux pour la nation […] pas efficaces dans la lutte contre le chômage ». Un rapport de la Cour des comptes de 2016 confortait la ministre en pointant des résultats décevants pour l’insertion professionnelle et un coût élevé pour l’État : 3,3 milliards d’euros. « Le coût unitaire des contrats aidés en fait l’outil le plus onéreux de la politique de l’emploi », insistait l’institution en charge du contrôle des comptes publics.

Pourtant, une bête division donne un coût de 8250 € par an par emploi aidé. Pas grand-chose au regard des 435 000 € par emplois créés par le CICE (52 fois plus cher). À moins, bien sûr, que l’illustre Cour considère que le CICE ne fait absolument pas partie des politiques de l’emploi, contrairement aux arguments du gouvernement d’alors pour le justifier. Dommage pour un dispositif qui a coûté près de 100 milliards d’euros depuis 2013 et qui doit être transformé en annulation de cotisations sociales pour les entreprises d’un montant de 20 milliards annuel au 1er janvier 2019.

https://rapportsdeforce.fr/pouvoir-et-contre-pouvoir/creer-un-emploi-avec-le-cice-coute-trois-fois-plus-cher-quembaucher-un-fonctionnaire-12162801

Messages

  • C’est comme la "théorie du ruissellement et les "trente glorieuses", une infox capitaliste pour nous faire avaler le fait que nous avons besoin des riches pour que la société tourne. Alors que, bien sûr, c’est eux qui ont besoin de nous pour s’enrichir et donc, que nous n’avons pas besoin d’eux pour vivre correctement.
    Il faut en finir avec ce système de voleurs et de menteurs et son gouvernement aux ordres.

  • On voit bien le but avec cet article, supprimer les cotisations sociales patronales (salaire différé syndicalement parlant) qui sur le salaire sera transparent mais qui va fortement augmenter les mutuelles, les cotisations retraites et la baisse des remboursements médicaux (sans parler de la destruction du service public). Les taxes, les impôts ne sont pas le plus important, c’est le salaire qui compte car c’est avec lui qu’on paie les loyers, la bouffe, l’habillement etc...

  • Cela ne fait que dans la continuation des prédécesseurs de Macaron : rien pour le Peuple tout pour ne pas déplaire au patronat, l’essentiel étant que des mini-mesures annoncées ne lui coûtent pas un centime ! Ce qui signifie qu’elles ne seront que de la monnaie de singe pour ceux qui pourront en profiter puisque il faudra bien compenser tôt ou tard l’énorme déficit de l’Etat. Et ce faisant ce n’est pas le patronat et ses actionnaires sous la houlette du macronisme à qui on fera "les poches" Parce que les charettes de licenciements se poursuivent plus de 1000 à Bordeaux chez Ford avec les sous-traitants qui en prendront plein la figure bien sûr en fermant nécessairement !