Accueil > DOCTEUR MACRON ET MISTER MAC GUN

DOCTEUR MACRON ET MISTER MAC GUN

par Nemo3637

Publie le dimanche 3 février 2019 par Nemo3637 - Open-Publishing

Du Bisounours au terrorisme d’État

I. Une crise de grande ampleur.

Si l’on prend en considération l’intensité de certains combats de rue, du saccage et pillage des commerces, du nombre d’ interpellations et surtout du nombre de blessés, jamais, au cours de ces cinquante dernières années, la France n’a connu autant de violences. Il faudrait y ajouter la dizaine de morts qui a résulté de ce mouvement social débutant maintenant voici près de trois mois.

A cette situation à caractère dramatique et exceptionnel qui perdure ainsi semaine après semaine, sous les explosions des lacrymogènes et les tirs de flash balls, l’éxecutif n’a pas su trouver de réelle réponse politique. Après avoir lâché quelques dix milliards, il a proposé, devant les revendications et notamment face aux claires demandes d’augmentation du pouvoir d’achat des plus démunis, un « grand débat national » dont la finalité reste confuse.

Beaucoup pensent bien sûr à une manœuvre dilatoire de la part d’un personnage à présent aux abois, qui a déjà montré par son attitude, ses paroles, son mépris du peuple et sa suffisance. A la question sociale qui se pose, deux réponses récurrentes s’imposent naturellement pour le Pouvoir : une solution politique et/ou une politique de répression.
Il faut tenir compte du contexte…

II. …Qui fait écho à une crise systémique

Une crise systèmique touche mortellement le capitalisme, et ce à l’échelle mondiale. Les profits issus de l’industrie sont désormais négligeables relativements à ceux qui peuvent être réalisés par la spéculation financière. Cette spéculation est régulièrement alimentée par l’argent publique, par la « planche à billets » promu, par exemple, voici quelques années en Europe par Mario Draghi. Tant que les taux d’emprunts sont bas, la spéculation, seule et dernière « activité économique », peut continuer à prospérer.

Mais parallèlement se creusent les déficits publics. La hausse des taux devient à terme inévitable, entrainant une hausse de la dette de chaque Etat rendu sinon insolvable du moins non crédible. La crise financière rebondit alors avec encore plus de force qu’en 2008 (1).

Cette hypothèse est jugée très réalistes dans certains cercles de décideurs comme celui de Bildenberg. La faillite envisagée signifie certes la misère pour le plus grand nombre mais pas obligatoirement la fin d’un système d’exploitation de l’homme par l’homme.

A cours terme le plus important pour le Pouvoir est d’empêcher une auto organisation des exploités qui, elle, pourrait être la source d’une alternative.

Parallèlement au démantèlement de la protection sociale, les démunis sont également progressivement spoliés du peu de droits qu’ils avaient pu acquérir. Dans un monde où l’on fait de moins en moins de différence entre une croyance et un savoir (2) il peut paraître aisé de manipuler les opinions déjà déstabilisées par le complotisme . Soumettre et écraser dans l’oeuf toute velleité de Liberté, de simple réflexion, tel est l’objectif des gouvernants pour maintenir l’édifice branlant du capitalisme rendu aujourd’hui au stade financier.

III. Du Docteur Macron le bienveillant ….

Macron, auparavant ministre de Hollande, connait très bien la situation économique de la France. Sa politique ne diffère pas de ses prédécesseurs, Sarkozy ou Hollande. Cornaqué par l’Union Européenne, il s’est mis en tête d’ « activer les réformes » - Sarkozy avait eu la même attitude -, c’est-à-dire, comme tout le monde l’a compris à présent, presser le citron des populations, en continuant notamment à démanteler l’architecture des droits sociaux. Sa vision libérale est donc celle d’une minorité s’enrichissant, permettant ensuite un ruissellement vers « le bas ». Cette conception n’est évidemment pas nouvelle. Mais dans le contexte du capitalisme financier dévoreur de toutes les ressources et énergies, elle se révèle partout un échec... quant au « ruissellement ». Par contre c’est toujours une réussite pour les riches toujours plus riches ...

Une partie de la gauche, et d’autres encore, pensent possible de confisquer, par exemple, au moins en partie, les dividendes monstruences des grandes sociétés. Il est vrai, au vu de la paupérisation du plus grand nombre, que de tels revenus prennent un caractère immoral et insupportable. Mais les capitalistes ont vite fait de faire comprendre qu’à la moindre ponction, ils foutront le camp. Ce à quoi Macron répond qu’il vaut donc mieux quand même les voir rester chez nous (!).... Pour mieux continuer à nous sucer le sang ?
Ce simple exemple montre la nécessité non seulement d’une claire confiscation, mais d’une rupture radicale d’avec le capitalisme.

Quant aux populistes ils se gardent bien de relayer les revendications de hausse de salaires. Ce sont eux qui défendront en dernier recours les possédants.

Les 10 milliards octroyés par Macron dans ses promesses du 10 décembre 2018, grevant le budget, menaçant la barre absurde des 3%, ont pu être énoncés grace à Berlin qui, non seulement a donné son aval, mais pressait le Président français d’être plus réactif face à l’ampleur des manifestations. Mais le 31 décembre il remettait les pieds dans le plat en menaçant les chômeurs !... Comment dit-on « maladroit » et « grosse connerie » en allemand ?

Plus de grain à moudre !... dans l’optique de la sauvegarde des intérêts des capitalistes.

Reste la tchatche et les numéros de cirque à l’américaine.

Auparavant il faut conditionner, apprendre au Peuple un nouvel idiome, une sorte de novlangue (3).

Ce nouveau langage, de plus en plus utilisé, consiste à émettre des mots et expressions qui signifient l’opposé de ce qu’ils laissent apparaître de prime abord. Ainsi le mot « réformes » veut dire que vous allez en baver pour longtemps. L’expression « cela va être un peu compliqué » (dite généralement avec un sourire forcé, son petit béret à la main) signifie qu’on va vraiment se faire ch....

Toute une logique peut même être retourné. Ainsi l’utilisation de flash-balls donnerait une plus grande sécurité aux manifestants (!). Des maîtres dans l’art oratoire...et du mensonge déconcertant ! N’oublions pas que Macron a fait du théâtre en amateur et que très jeune, il s’est révélé un excellent comédien...

III. ...A Mister Mac Gun et au terrorisme d’État.

Face à la répétition des manifestations des Gilets Jaunes – et d’autres aussi (4) le Pouvoir s’affole. Les discours et les « mesurettes » n’y font rien. Même si, grace à de grands efforts des autorités, le « grand débat national » rencontre quelques échos à la campagne et surtout sur internet, le risque est grand de le voir retomber comme un vieux fromage mou d’ici quelques semaines. En clair il n’en sortira rien, sinon un gain de temps pour le Président coagulant à lui (beurk) tous les partisans de l’ordre, les peureux de tous horizons dont on entend déjà les miches qui font pif paf, gardant ainsi une chance pour les prochaines élections européennes.

Face à cet échec de la com’déjà entrevu, pour l’heure, il ne reste plus que la matraque.

Mieux que la matraque le flash-balls. En français le lanceur de baballe (LDB).
« C’est la seule solution face à la violence des manifestants » nous dit Castaner.

La pensée de tous ces estropiés samedi derniers m’empêche bien sûr de sourire ici. Mais mon pauvre Kéké si tu avais vu le caractère des manifestations des années 1970 ! Les voitures, dont l’arrière était rempli de cocktail molotov, arrivaient en début de manifestation et étaient immédiatement déchargées. Des groupes qui avaiant pignon sur rue organisaient les combats de rue...

Malgré tout cet attirail il y eu peu de policiers blessés et la mort du seul Malik Oussékine décida, dans les années 1980, le Pouvoir d’alors, d’interdire les motos estafettes avec des flics armés d’un « bidule »...

Mais ce n’est pas la casse des magasins qui inquiète le Pouvoir aujourd’hui. C’est le danger social.

Cette répétition des manifestations, cette pugnacité des manifestants, femmes et hommes de tous âges, font plus qu’inquiéter nos dirigeants. Ils ont peur. Donnant plus le pouvoir à l’Administration qu’à la Justice (5), à l’exemple de Vichy,i ls répondent donc aujourd’hui par la terreur. On peut même s’étonner qu’avec toutes lesmenaces, blessures et intimidations toujours autant de monde manifestent encore dans la rue.

C’est le courage et la dignité de tout un Peuple qui relève le défi des infâmes.
Alors l’escalade ?

Combien de blessés, de tués, de malheurs, faudra t-il pour qu’il foute le camp !

(1) Lire mon petit ouvrage sur l’excellent site « La Chayotte Noire » https://lachayotenoire.jimdo.com/nemo/

(2) Le rationalisme, la capacité de raisonnement, qui faisait la force de la bourgeoisie et du capitalisme, tend lui-même à disparaître au profit de croyances mises sur le même pied que des savoirs...

(3) Le novlangue, dans le roman de George Orwell « 1984 », est le langage régulièrement modifié qui permet à Big Brother de manipuler et de garder le Pouvoir...

(4) Les manifestations se succèdent à Paris : puéricultrices, enseignants (stylos rouges), chauffeurs Uber...

(5) La nouvelle loi anti-casseur donne le pouvoir de décision d’arrestation à la police (Administration) et non pas, comme le Droit le prescrit normalement, au juge, à la Justice. Ce qui a fait dire à un député de droite qu’on retournait « à Vichy ». Du temps où la Milice vous abattait froidement au coin d’un bois, hein Zemmour ?....