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Contre les séides de l’Etat, battons-nous pour le site Aliphos de Dunkerque

par Christian Jean

Publie le mardi 26 février 2019 par Christian Jean - Open-Publishing

Le site Aliphos de Dunkerque, devait permettre de pérenniser plusieurs centaines d’emplois directs et indirects sur l’ancien site de Total. Ambitieux et écologique, le projet est aujourd’hui néanmoins menacé par l’Etat et le préfet, qui, non contents de rester passifs devant les difficultés du site, menacent le projet par leurs actions.

Nos élus préféraient-ils le pétrole ? La question se pose, tant l’Etat semblent avoir une dent contre l’implantation d’Aliphos à Dunkerque. Certes, l’usine ne tient pas encore toutes ses promesses en termes de production : seulement 40 000 tonnes de phosphates transformés sortent du site chaque année sur les 220 000 prévues. Bâtie sur le site de l’ancienne Raffinerie des Flandres de Total-Mardyck, la nouvelle usine fonctionne pourtant 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Ce n’est donc pas faute d’investissement des salariés dans leur nouvel emploi. Mais ce n’est pas non plus dans les aléas du commencement d’un nouveau projet qu’il faut chercher des responsabilités : l’Etat, bien plus prompte aux discours qu’aux actes, n’a de cesse de mettre des bâtons dans les roues du projet Aliphos depuis ses débuts.

Maître du tempo administratif, l’Etat comme les autorités locales se hâtent lentement pour lever les difficultés qui pèsent sur l’activité. Ainsi, le site d’Aliphos produit des phosphates pour l’alimentation animale DCP « Dical+ », chimiquement plus avantageux que les autres phosphates du marché. Mais la compétitivité de ce super phosphate en prend un coup chez Aliphos parce que certaines matières premières doivent être importées d’Allemagne ! Doit-on en déduire que le montage du projet est irrationnel ? Non ! ces matières premières, l’acide chlorhydrique en particulier, devaient en réalité venir de l’usine voisine Inda’Chlor, dont les autorisations d’exploitation tardent à être accordées. Au lieu d’arriver par pipeline sur quelques centaines de mètres, l’acide chlorhydrique arrive par camions sur plusieurs centaines de kilomètres… Les deux projets sont pourtant liés depuis la conception des deux sites, l’un n’allant pas sans l’autre ou presque. Compte tenu de cette difficulté du seul fait de la lenteur de l’administration, le projet Aliphos s’est mis en porte-à-faux sur ses engagements environnementaux. L’écologie est une excuse bien pratique pour l’Etat, avec un préfet qui enfonce le clou et surtout l’usine en décembre dernier en nous mettant à l’amende pour infractions environnementales.

Qu’avons-nous fait pour mériter cet acharnement ? La société Aliphos est une filiale du groupe belge Ecophos créé en 1996 par Mohamed Takhim. Est-ce lui qui s’est attiré les foudres de l’Etat ? Faut-il penser que M. Takhim dérange en haut lieu ? En juin dernier, celui-ci annonçait pourtant son intention de doubler les investissements sur site. Pas sûr qu’il soit aussi motivé aujourd’hui. L’Etat voudrait faire fuir les investisseurs étrangers qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Et les questions environnementales ne sont qu’un prétexte, l’Etat et le préfet savent pertinemment que la mise en conformité est affaire de temps et demande de la patience. Depuis sa création, la société n’a cessé de mettre en avant sa préoccupation des questions environnementales, mettant tout en œuvre pour se mettre en conformité avec des règlements abscons, ne tenant aucun compte de la jeunesse et de la fragilité du projet, ainsi que son importance dans le tissu industriel du dunkerquois. Des centaines d’emplois sont en jeu autour d’un projet qui fédère autant ses salariés que ses promoteurs ; plus que des coups de semonce, le projet mérite surtout un coup de main.

Notre usine est un projet pilote qui demande autant d’ajustements que d’indulgence de la part des pouvoirs publics. Les actions néfastes d’un côté et l’inaction de l’autre des différentes administrations auxquelles nous avons affaire mettent en danger des emplois dont la région a cruellement besoin. Méconnaitre la réalité sociale et économique de cette usine est autrement plus grave que la présence temporaire de quelques tonnes d’effluents sans danger sur un ancien site pétrolier.