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Intersectionnalité ou le trépied du pouvoir

par Chantal Mirail

Publie le lundi 26 août 2019 par Chantal Mirail - Open-Publishing
2 commentaires

On ne peut penser le pouvoir et les rapports de domination entre les humains sans analyser l’intrication entre domination de sexe, de race et de classe sociale telle que l’ont définie les féministes anticolonialistes sous le terme d’intersectionnalité.

Première constatation : il est plus facile d’être un homme et blanc et riche qu’une femme et noire et pauvre.
Deuxième constatation : si une femme noire ouvrière est discriminée, elle est sommée de choisir entre dénoncer le sexisme, le racisme ou le rapport de classe dont elle est victime.
Et enfin le pouvoir ne peut se comprendre en dehors de la question du pouvoir de l’homme sur la femme.

Déjà dans les années 70 Angela Davis faisait un meeting sous la banderole :
Pas de lutte des classes sans lutte des femmes Pas de lutte des femmes sans lutte des classes.

Résumer les débats qui traversent le féminisme par une distinction entre « Féminisme hypertextile et féminisme hypotextile » comme le fait Christian Delarue me semble dérisoire, réducteur et violent. Il y a des siècles qu’on assimile la femme au bout de tissu qu’elle a sur le dos ! Christian Delarue écrit régulièrement sur Bellaciao, de façon répétitive sur le thème du voile dit islamique, et il a un discours complètement simpliste et militant contre les femmes qui se positionnent contre la loi l’interdisant.

L’apparition en France dans les années 80 du problème du voile islamique (et sa résurgence périodique) a été analysée en terme politique et historique : faire oublier les guerres contre l’Iraq en faisant de l’islam le nouvel ennemi objectif après le communisme, faire oublier la montée du chômage et de l’exclusion des racialisés dans les banlieues.

Je sais que ce texte nécessiterait des approfondissements. Mais il veut simplement attirer votre attention.
J’invite touTes les lecteurs-trices de Bellaciao à s’intéresser sérieusement aux études universitaires sur l’intersectionnalité et touTes les anarchistes parmi ces lecteurs à réfléchir sur cette ‘trinité’ des rapports de pouvoir et de domination.

Anarchiste : un mot épicène d’ailleurs !

Messages

  • Il est bon d’évoquer les différents courants du féminisme à la lumière des oppositions apparues depuis plusieurs années.

    Le féminisme intersectionnel est effectivement actif désormais en France alors qu’il était très marginal jadis.

    La question textile est à discuter car elle n’est pas jugée neutre surtout avec l’existence de forces d’imposition de l’hypertextile (sexyphobie des intégristes religieux, pas que musulmans, juifs haredim aussi) ou d’interdiction du sein nu, comme vu au contre G7 chez des féministes seins nus présentes au camp, mais quasiment pas ailleurs du fait de la sexyphobie d’Etat .

    Le féminisme intersectionnel est un courant du féminisme (avec des variantes : plutôt pro-hypertextile mais aussi pour certaines relativiste ) opposé au féminisme universaliste mais pas qu’à ce dernier puisque des féministes "lutte de classe" (ex LCR par exemple) lui reproche de stigmatiser les féministes blanches et lutte de classe ! Ce féminisme intersectionnel se tait aussi que je sache face aux campagnes d’hidjabisation des intégristes musulmans et des islamistes.

    Puisque vous me citez, sachez que je ne suis pas - comme vous le dites - pour l’interdiction du voile ou du foulard des musulmanes partout (comme d’autres le sont . CF Yvette Roudy féministe historique, maximaliste contre le voile - 15 mars 2004 - 15 mars 2019
    http://amitie-entre-les-peuples.org/Yvette-Roudy-feministe-historique-maximaliste-contre-le-voile-15-mars-2004-15?var_mode=calcul

    Pour le burkini, si j’ai effectivement critiqué ce vêtement - c’est de droit - je n’ai pas dit qu’il fallait interdire (comme d’autres). Par contre la répression des femmes faisant du seins nus en bord de piscine n’a pas suscité la réprobation des féministes intersectionnels (à ma connaissance)

    Sur la loi du 15 mars 2004 en France, elle porte contre tous les signes religieux ostensibles et pas contre le voile. J’ai critiqué fortement le pré-projet de l’été 2003 (avant la commission Stasi) mais pas la loi de mars 2004 que j’ai défendu.

    Enfin "Féminisme hypertextile et féminisme hypotextile " pointe trois grands courants et pas deux.
    http://amitie-entre-les-peuples.org/Feminisme-hypertextile-et-feminisme-hypotextile

    Féminisme en diversité : difficulté de choisir un courant.
    http://amitie-entre-les-peuples.org/Crise-du-feminisme-difficulte-de-choisir-un-courant

    C’est en posant des repères et en les soumettant à la critique que l’on apprend et corrige ses positions . Bien à vous.

    • DELARUE Christian, militant antiraciste universaliste NON CAMPISTE

      Il faut répéter encore ce point de vue exigeant en fonction d’un contexte nouveau :

      Comme militant antiraciste, membre du CA du MRAP, contributeur au livre URGENCE ANTIRACISTE : Pour une démocratie inclusive (Ed du Croquant - 2017) Je critique, comme d’autres, - 1) ISRAEL comme Etat raciste (19 juillet 2018) et colonialistesur les terres palestiniennes occupées 2) le HAMAS comme organisation politico-religieuse palestinienne attentatoire aux droits humains. 3) Mais ce n’est pas - par exemple - parce qu’Israel est pro-LGBT (d’affichage) et le Hamas homophobe, sexyphobe, sexoséparatiste et défenseur d’une conception du monde ultrapatriarcale qu’il faut oublier pour autant qu’Israel est une odieuse puissance dominante et coloniale contre les Palestiniens.

      C’est ce qu’il s’appelle tenir, tant que faire se peut, une position juste (universaliste) et non campiste . C’est de plus en plus nécessaire si l’on garde derrière la conflictualité présente l’idée de paix et de vivre ensemble égaux et sans domination ou oppression.!

      Suite sur :

      http://amitie-entre-les-peuples.org/DELARUE-Christian-militant-antiraciste-universaliste-NON-CAMPISTE