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La réponse de Cuba au coronavirus fait honte aux autres pays

par JO

Publie le lundi 6 avril 2020 par JO - Open-Publishing

Cuba : La réponse de Cuba au coronavirus fait honte aux autres pays
Source:5 Avril 2020, 17:56pm | Publié par Bolivar Infos

MS Braemar, un bateau de croisière transatlantique qui transportait 682 passagers britanniques fut momentanément coincé en mer. 5 de ses passagers étaient positifs au coronavirus. Quelques dizaines de passagers en plus et des membres d’équipage furent isolés après avoir montré les symptômes de la grippe. Le bateau se voyait refuser l’accès à différents ports des Caraïbes.. Selon différentes sources du gouvernement britannique interrogés par CNN, le Royaume Uni a joint les Etats Unis d’Amérique comme Cuba "pour trouver un port qui permette l’arrimage du Braemar".

Quel pays a répondu favorablement a la requête ?

Si vous avez prêté attention à la rhétorique raciste de l’administration Trump concernant "le virus chinois" et son obsession à maintenir les étrangers à l’extérieur du pays, et que vous connaissez un peu la tradition cubaine d’envoyer des médecins pour aider lors des crises humanitaires dans le monde entier, vous devriez pouvoir deviner la réponse.

Cuba se mobilise contre le virus

Bien qu’il s’agisse d’un pays pauvre qui souffre parfois de pénuries dues à des défauts structurels de l’économie et aux effets de 60 ans d’un blocus économique par son premier partenaire naturel, Cuba est un pays mieux préparé que la majorité pour affronter la pandémie du coronavirus.

Le pays combine un système médical complètement socialisé qui garantit les soins à tous avec des innovations biotechnologiques impressionnantes. C’est un médicament antiviral d’invention cubaine (interferón alfa-2B) qui fut utilisé pour soigner les malades du coronavirus dans un pays comme la Chine. Cuba dispose de 8,2 médecins pour 1000 habitants, plus du triple des U.S.A (2,6) ou de la Corée du Sud (2,4) presque cinq fois plus que la Chine (1,8) et le double de l’Italie (4,1).

En plus de son impressionnant système de santé, Cuba possède un riche passé de protection de ses citoyens contre les catastrophes naturelles par rapport à d’autres pays pauvres et même à quelques nations riches. Par exemple, son système de préparation contre les ouragans « Complet, tous sous la couverture » est une merveille et les chiffres parlent d’eux-même. En 2016, l’ouragan Matthew a tué une douzaine d’Etasuniens et des centaines d’Haïtiens mais pas un seul cubain n’est mort. Les habitants ont même pu se réfugier avec leurs animaux de compagnie : des vétérinaires étaient présents dans les centres d’évacuation.

Le coronavirus sera un défi bien plus grand qu’un ouragan, mais Cuba s’applique à garder le même état d’esprit : « faire ce qu’il faut » pour se préparer. Le tourisme a été arrêté (un sacrifice particulièrement difficile au vu de l’importance de l’industrie touristique dans l’économie cubaine). Et l’industrie nationalisée de protection de la santé a assuré que des milliers de lits médicaux civils étaient prêts à accueillir les malades du coronavirus mais aussi que des hôpitaux militaires étaient disponibles pour l’usage civil.

Masques : Une histoire de deux pays

Aux Etats-Unis d’Amérique, le médecin général et d’autres autorités ont cherché à conserver les masques faciaux pour les professionnels de santé en disant au public que les masques « n’étaient pas nécessaire ». Le problème, comme le dit le Docteur Zeynep Tufekci dans un récent article du New-York Times, est que l’idée que les médecins et les infirmières ont besoin de masques a sapé l’affirmation qu’ils seraient inefficaces. Les autorités ont indiqué à juste titre que les masques seraient inutiles (ou feraient même plus de mal que de bien) s’ils n’étaient pas utilisés correctement, mais, comme le souligne Tufekci, ce message n’a jamais eu de sens. Pourquoi ne pas lancer une campagne éducative agressive pour promouvoir ce qui doit et ne doit pas être fait avec le bon usage du masque au lieu de dire aux gens qu’ils ne pourraient jamais le résoudre ?

Beaucoup de gens ne se lavent pas les mains, mais nous ne répondons pas en leur disant de ne pas s’embêter. Au lieu de cela, nous fournissons des instructions ; nous mettons des panneaux dans les toilettes ; nous aidons les gens à chanter des chansons qui chronomètrent le lavage des mains. Dire aux gens qu’ils ne peuvent pas comprendre comment porter un masque correctement n’est pas un message gagnant. En plus, quand tu dis aux gens que quelque chose ne marche que si c’est bien fait, ils pensent que ce n’est pas la peine.

Le résultat prévisible de tout cela est que, après des semaines de messages "ne pas acheter de masques, ils ne fonctionneront pas pour vous" il s’en est acheté tellement qu’on ne peut trouver un masque à vendre nulle part aux États-Unis en dehors de quelques-uns sur Amazon pour des prix exorbitants.

À Cuba, en revanche, les usines nationalisées qui produisent normalement des uniformes scolaires et d’autres articles non médicaux ont été réutilisés pour augmenter considérablement la fourniture de masques.

Des médecins cubains à l’extérieur

Le même esprit humanitaire et internationaliste qui a amené Cuba à permettre le débarquement du Braemar a également conduit le petit pays à envoyer des médecins pour aider Haïti après le tremblement de terre dévastateur de 2010, à lutter contre Ebola en Afrique de l’Ouest en 2014 ; plus récemment , à aider le système de santé accablé de l’Italie au milieu de la pandémie de coronavirus. (Cuba a proposé d’envoyer une aide similaire aux États-Unis à la suite de l’ouragan Katrina qui a dévasté la côte du Golfe, mais la proposition fut rejetée par l’administration Bush).

Même en dehors des situations d’urgence temporaires, Cuba envoie depuis longtemps des médecins dans des pays pauvres où les soins médicaux sont rares. Au Brésil, les médecins cubains ont été accueillis chaleureusement pendant des années par le Parti des Travailleurs au pouvoir. Cela a commencé à changer avec la montée du démagogue d’extrême droite Jair Bolsonaro. Lorsqu’il a pris ses fonctions, Bolsonaro a expulsé la plupart des médecins cubains du pays et a insisté sur le fait qu’ils étaient au Brésil non pas pour soigner les malades mais pour "créer des cellules de guérilla et endoctriner les gens".

Il y a seulement deux semaines, Bolsonaro a qualifié l’idée que le coronavirus représentait une grave menace pour la santé publique de "fantasme". Maintenant que la réalité est établie, il supplie les médecins cubains de revenir.

Comprendre la complexité de Cuba

Le mois dernier, Bernie Sanders a été attaqué et calomnié par les républicains et les démocrates établis pour avoir reconnu les réalisations réelles de la Révolution Cubaine. Ces critiques ne semblaient pas se soucier que Sanders commence et termine ses commentaires en appelant le Gouvernement cubain "autoritaire" et en le condamnant pour avoir gardé des "prisonniers politiques". Au lieu de cela, ils semblaient juger leurs commentaires par ce que j’appelais la "norme de Narnia". Au lieu de discuter franchement des aspects positifs et négatifs de la société cubaine, l’état insulaire est traité comme s’il manquait de caractéristiques rédemptrices, comme Narnia avant Aslan, où c’était "toujours l’hiver et jamais Noël".

Les socialistes démocratiques attachent une grande importance à la liberté d’expression, à la liberté de la presse, aux élections multi-partites et à la démocratie sur le lieu de travail. Nous pouvons et nous devons critiquer le modèle d’organisation sociale de Cuba pour ses déficits. Mais l’approche admirablement humaine et solidaire du coronavirus devrait humilier ceux qui insistent pour parler de la nation insulaire comme d’un cauchemar sans fin.

(Publié dans Science The Wire de la India / Version en espagnol de Cubadebate.)

Traduction : Rémi Durieux pour Bolivar Infos