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LE SOUVERAINISME AU SERVICE DE QUI ?

par Nemo3637

Publie le mercredi 5 août 2020 par Nemo3637 - Open-Publishing
2 commentaires

Le terme souverainisme apparaît en France au début des années 1990. « Au delà des partis »...il semble l’apanage de l’extrème-droite même si un Jean-Pierre Chevènement lui donne une vague caution « de gauche ».

Qui est réellement souverain dans notre société ? Le Peuple qui a le droit de voter comme on le lui demmande ? Ou les puissances d’argent qui, de fait, dirigent, orientent les politiques au gré de leurs intérêts ?

Pour les souverainistes le Peuple ne fait qu’un. Ou pour le moins c’est dans sa destinée naturel d’être uni .

Ils ne peuvent concevoir que la société n’est pas une « Nation » mais une organisation de classes où les intérêts de chacune d’elle sont souvent antagonistes . Ainsi un pays est « riche » avec un PIB important. Mais le revenu des populations reste sans commune mesure avec celui des nantis, de nombre d’actionnaires des grandes sociétés capitalistes. Certes on argumentera, on tentera de démontrer, qu’une augmentation général des revenus, un « ruissellement », surviendra de par cette solution miracle d’un contrôle des échanges et des personnes aux frontières.

A l’extrème-droite, dont les racines plongent directement dans les fascismes d’entre deux guerres, comme le Rassemblement National, ex-Front National, ou le MSI italien et ses avatars, se sont ajoutés, en France des groupuscules issus de la droite parlementaire Gérard de Villiers et Charles Pasqua, Dupont-Aignan, Asselineau...les 4 ou 5 nains, ont été candidats à la récupération politique d’un courant populiste s’enracinant contestant l’ensemble de la classe politique, conscient de son inefficacité et de sa tromperie.

Un mot sur certains groupuscules comme Génération Identitaire, radicaux, violents, dans la ligne des ligues d’avant-guerre, voué à l’échec malgré ou à cause de ses provocations, retrouvant systématiquement face à lui, les antifas.

Malgré le peu de succès d’un Chevènement, ce populisme allant jusqu’à mettre en question le système capitaliste, semble trouver une issue à gauche avec Jean-Luc Mélanchon.

Car il est évident que la gauche traditionnelle, sociale-démocrate, est morte. La crise du capitalisme ne laisse comme chance de survie au système, qu’un libéralisme sans concession au keynésianisme (1).

Mais peut-on affirmer alors que la lutte de classes, a disparue ? Ne ressurgit-elle pas sous diverses formes dans l’Egypte affamée d’abord, en Afrique du Nord et au Proche-Orient ensuite, notamment au Kurdistan ? Les peuples refusent souvent les « opposants » parainés par les Occidentaux. Tout en s’opposant à la barbarie des djihadistes, les révoltés montrent alors, dans des combats inachevés, que soumission et passivité ne sont plus inéluctables.

Qui soutenir au Proche-Orient ? Le Rassemblement National a depuis longtemps choisi Israêl malgré l’anti sémitisme notoire du fondateur Jean-Marie Le Pen.

Et en Europe, quelle place pour le « souverainisme » des peuples et des régions, c’est-à-dire leur droit à l’auto détermination ? Catalogne, Ecosse, Lombardie, Flandre... n’ont-ils pas droit à leur autonomie voire leur indépendance ? Et la Corse ? Aïe aïe... Jacobinisme, unité nationale à tout prix que doit faire cette extrème-droite ? ...Maux de tête !

Une question reste difficile à résoudre pour les souverainistes : celui des échanges économiques. Fermer les frontières, limiter, taxer les échanges, entrainent finalement une réciprocité mortelle. L’entrepreneur français qui voudrait vendre ses produits à l’étranger, se retrouverait naturellement limité . C’est bien ce genre de situation mortifère qu’ont refusé les entreprises allemandes, grandes ou petites. Produire une marchandise , et ne pas pouvoir la vendre à l’étranger à cause de taxes issues d’une politique nationaliste autarcique de l’ Etat, rendrait fou de rage plus d’un patron allemand. Le suicide économique provoqué par le patriotisme !

Nos souverainistes nous diront qu’ « il suffit » de baisser les prix, d’ « être concurrentiel-et-dynamique ». Ce qui veut dire, pour les salariés, être toujours moins payés

Quand les producteurs d’oranges espagnols ont décidé d’investir en Afrique du Sud, ruinant la production nationale de l’Espagne, où étaient les souverainistes ? (2)

Face à cela les libéraux qui conduisent l’Union Européenne parlent de « souveraineté européenne » , ayantt beau jeu de montrer que l’Europe unie est plus forte, profitable à tous malgré difficultés et obstacles.

C’est faux bien sûr. L’Union Européenne, remarquable par sa faiblesse institutionnelle, n’a jamais eu pour but le bonheur des peuples mais l’accroissement des richesses au profit d’une minorité capitaliste. Ruissellement. Cela a marché vaille que vaille tant que la crise du système ne se faisait pas sentir.

Ainsi l’Espagne des années 1970 a pu bénéficier d’une véritable manne qui a changé en mieux la vie de la majorité de la population. Mais avec le pic de crise de 2008, l’UE est devenue bien moins attrayante au point que certains pays, comme le Royaume Uni, s’en écartent (3).

Souverainistes et libéraux ont pour point commun la défense du capitalisme, la recherche d’un réformisme pour tenter de lui assurer une survie validant la continuité de l’exploitation de l’homme par l’homme.

Ainsi en est-il du philosophe Michel Onfray ayant fait du souverainisme sa nouvelle marotte. Sa méconnaissance du système qui nous dirige l’amène à évoquer des absurdités comme un fantasmatique « capitalisme libertaire ».

Leur quête est vaine. La seule issue passe par la fin dudit système capitaliste, déjà en crise, par la Révolution Sociale, la Démocratie Directe et l’Autogestion..

(1) Pourquoi le keynésianisme n’avait plus d’avenir ? Voir « Krachs, spasmes et crise finale » https://lachayotenoire.jimdo.com/nemo/ site libertaire qui publie tous mes articles...

(2) « Espagne : la bataille européenne de l’orange », Journal France 2 du 01/05/2019.

(3) Le Brexit qui mettra des années à se réaliser, ne change rien pour ce qui est des intérêts et exigences des capitalistes. Les échanges économiques continueront...

Messages

  • CLASSISME ou SOUVERAINISME

    Le peuple-classe de France paiera la dette à la bourgeoisie allemande.
    Merkel et Macron en juillet 2020 sont pour la relance, les emprunts et les dettes : que doit-on comprendre ?

     Pour l’Union européenne (UE) et son accord du 21 juillet 2020, il s’agit d’une nouvelle poussée d’un turbo-capitalisme post-confinement, celui porteur d’austérité pour chaque peuple-classe car pour être éligible (au fond de relance), il faudra que chaque pays s’engage sur un plan de « réformes » pro-libertés patronales et anti-sociales ou anti-populaires, soit de mesures qui porteront sur le système de retraite (moins de répartition, plus de capitalisation), sur le marché du travail (passage aux 40 heures par semaines et plus , rien pour les chômeurs, etc sur l’administration publique, la santé, l’éducation, la justice, les services publics en général. L’UE augmente son potentiel de nuisance contre chaque peuple-classe. Elle est objet de combats entre classes dominantes, ce qui n’empêche pas des accords nuisibles pour les peuples, plus pour certains que d’autres.

     Pour les luttes sociales : Les 1% de France et d’Allemagne serrent les coudes - inégalement certes - pour la dynamique du turbo-capitalisme post-pandémie en Europe. Il y a besoin de recentrer l’économie capitaliste en Europe face à la Chine et aux Etats-Unis. La dynamique du capitalisme doit être forte et celle de logique de service public plus faible

    . Le classisme (politique de domination de classe) va s’accroitre !
    Tendenciellement, si chaque peuple-classe va devoir payer la dette c’est surtout le peuple-classe de France - les nationaux et les simples résidents - qui va "subir la saignée" des politiques d’austérité installées dans la durèe, qui va payer la dette à la classe dominante d’Allemagne sous contrôle de l’oligarchie de l’Union européenne . Le 1% de France va globalement s’enrichir sauf exception !

    Au plan associatif et syndical, il va falloir forger - et on sait que c’est dur ! - une solidarité de classe internationale entre salariés du public et du privé et aussi les chômeurs et précaires, en sachant qu’une fraction de l’encadrement supérieur (des entreprises transnationales et aussi de l’Etat) est payée chèrement (rémunération du 1%) pour le "sale boulot" de classe, pour le "classisme", pour le renforcement de l’exploitation de la force de travail, pour le "faire travailler plus en payant moins" (relire Alain BHIR sur ce point) . Pour le syndicalisme de classe à perspective d’alternative systémique la revendication d’une nouvelle RTT à 32 heures voire 30 heures hebdo est à avancer et débattre : Sans perte de salaire pour les 99% d’en-bas. La défense des services publics et des protections sociales est aussi importante car c’est un nouveau démantèlement qui est à attendre. La thatchérisation du monde se poursuit en Europe sous la férule de la bourgeoisie allemande mais les autres classes dominantes ne sont pas en reste.

    Christian D
    cf Plan de relance européen : l’arnaque Macron | Le Média

    https://www.facebook.com/christian.delarue.alter/posts/10214292280620280?notif_id=1596658395585318¬if_t=feedback_reaction_generic&ref=notif