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Police parallèle italienne" : Rome-Paris, via Bagdad

Publie le jeudi 21 juillet 2005 par Open-Publishing

de Enrico Porsia

Voici la carte des membres du DSSA, estampillée avec la mention "République italienne". Elle est agréée par le syndicat "Union nationale des forces de police", qui recommande les agents de la "milice parallèle" aux institutions suivantes :

Quartier général OTAN ; Commission européenne ; Présidence du Conseil ; CESIS ; ministères de l’Intérieur, de la Défense, de la Justice ; commandement général des carabiniers et de la police militaire des finances ; police d’Etat ; les services de renseignement SISMI et SISDE ; le procureur général de Rome ; les ambassades US et d’Israël.

L’administration fiscale italienne a attribué officiellement un code fiscal et un numéro de TVA à l’association : "République italienne - Département d’études stratégiques antiterrorisme - interforces de police".

Il est difficile de croire que l’administration de l’Etat puisse avoir entériné une appellation avec la mention "République italienne" par simple mégarde...

Mercredi 6 juillet 2005, Gaetano Saya, le chef du parti fasciste Destra nazionale et du DSSA, Département d’études stratégiques antiterrorisme, (Dipartimento studi strategici antiterrorismo), la police parallèle qu’il avait structurée en Italie, a comparu devant la juge Elena Daloisio.

Face au magistrat instructeur, Saya n’a pas fait preuve d’une grande éloquence. Il s’est limité à décliner son identité en opposant un seul argument aux questions de la juge : "le secret d’Etat et le secret militaire de l’OTAN".

"Les autorités ont été prévenues et informées maintes fois, avec des lettres recommandées. On ne peut certes pas parler d’une structure clandestine à propos du DSSA", a tenu à souligner son avocat, Carlo Canal.

Riccardo Sindoca, l’autre dirigeant de la milice parallèle, qui se présente comme "criminologue", a assuré aux magistrats que le Département d’études antiterrorisme était "un organisme de consultation qui se rangeait à côté des institutions et était parfaitement connu par elles".

La presse italienne, à l’image de Marco Imarisio, journaliste au Corriere della Sera semble bien sceptique vis-à-vis de la dangerosité réelle de l’organisation paramilitaire, créée par Saya et Sindoca. Interrogé par Libération le 5 juillet 2005, à propos du "rapt envisagé" de l’écrivain Cesare Battisti, le journaliste du Corriere della Sera se montre très dubitatif : "Les membres du DSSA fantasmaient plus qu’autre chose". Le Département d’études antiterrorisme ne serait donc rien d’autre qu’une association de mythomanes en manque de reconnaissance ?

Notre rédaction, qui depuis 2001 s’est intéressée à cette organisation paramilitaire illégale et publique à la fois, est en mesure aujourd’hui d’apporter de nouvelles informations qui démontrent le contraire.

Un commando de six hommes se préparait à enlever Cesare Battisti en France. Sur place, l’organisation de Saya a établi quelques contacts solides en exploitant ses connaissances dans milieu des "professionnels de la sécurité" engagés dans "le marché" irakien. Elle était notamment en rapport avec deux anciens légionnaires étrangers. Dont un qui a servi à Calvi, en Corse, et qui continuerait à évoluer dans les milieux des "soldats de fortune" cherchant des contrats avec l’armée US.

L’enlèvement de Battisti etait prévu, à Paris, au début du mois de septembre 2004, quand, soudainement, à la fin du mois d’août, l’ex-militant italien décide de s’enfuir. Les hommes de Saya essayent alors de le localiser. Ils multiplient les appels à "l’ami légionnaire étranger". Une tentative d’enlèvement se prépare, une chasse à l’homme s’organise, et que font les autorités judiciaires italiennes ? Elles écoutent les conversations téléphoniques. Elles observent. Sans broncher.

Comme nous l’affirmions dans notre édition du 3 juillet 2005, Cesare Battisti n’était pas le seul exilé italien en France à avoir été visé par le "service parallèle" de Saya. Comme le souligne sans détours le député italien des Verts, Mauro Bulgarelli, "ce qui est en train d’émerger est très inquiétant. C’est un enchevêtrement entre des services dévoyés, d’organisations néofascistes, de membres des forces de l’ordre, qui nous rappelle les pages les plus sombres de la stratégie de la tension : une véritable ’task force’ clandestine, qui arrivait même à pister, comme l’a déclaré le chef de la DIGOS (la police politique) de Gênes, Cesare Battisti et même d’autres Italiens, en fuite à l’étranger, recherchés pour des faits de nature politique".

Le député italien fait ici référence aux affirmations tenues lors de la conférence de presse du 1er juillet, par Giuseppe Gonan, le responsable de la DIGOS de Gênes

Selon nos informations, recueillies à Paris, auprès d’une source proche du milieu diplomatique italien, des fiches concernant tous les exilés politiques italiens résidents en France ont été découvertes, au cours de perquisitions effectuées dans le cadre de l’enquête sur le DSSA.

L’ambassade italienne à Paris était-elle au courant ?

Cette même source prétend que des fonctionnaires de la police italienne attachés à l’ambassade ont accès aux écoutes téléphoniques des exilés politiques résidant sur le territoire de la République française. Par quels moyens ?

Quant aux services des renseignements de la République française, n’ont-ils rien remarqué concernant la préparation du kidnapping de Cesare Battisti ? (...)

http://www.amnistia.net/news/articl...

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