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Taurus, immolé au nom de la tradition

Publie le jeudi 11 août 2005 par Open-Publishing
17 commentaires

Tableau de T. Hély

Mon nom est Taurus, j’ai 4 ans et je suis condamné à mort pour l’amusement d’un public idiot, assoiffé de sang, au nom d’une "tradition", la corrida, mais ça je ne le sais pas encore...

C’était hier, c’était il y a une éternité. Hier ... La Camargue, le jour se lève et déjà le soleil chauffe mon dos, les oiseaux chantent ; dans ma plaine, j’erre librement avec mes compagnons.

Au loin, je les vois, les deux pattes, ils crient. Pourquoi s’adressent-ils toujours à nous en criant ? Peut-être que je leur fais peur, je pourrais les tuer d’un simple coup de corne, je pourrais les piétiner ; oui je pourrais tout ça mais pourquoi ? Ils ne m’ont pas fait de mal, du moins pas encore ...

Le gardian se dirige vers nous, sur son cheval. Il veut nous entraîner, deux de mes compagnons et moi, vers un étrange véhicule. Puisque tel est son désir, nous y montons mais ça sent bizarre, nous sommes bringuebalés pendant des heures et des heures. Arrivés à destination, je sens d’autres odeurs, celles de la mort, de la peur. Une étrange tension règne dans l’air, une surexcitation se propage autour de nous. Toujours en criant, les deux pattes nous font sortir et longer un couloir pour déboucher dans une pièce sombre, on entend au loin des cris, beaucoup de deux pattes certainement ... Qu’elle est loin ma plaine silencieuse, immense, nous sommes enfermés, jamais cela ne nous était arrivé.

Un portillon s’ouvre, je m’engouffre dedans, peut-être mène-t-il vers la liberté ! Je me retrouve coincé dans ce maudit couloir, entre deux portes, entre deux murets, je ne peux plus bouger, je sens au-dessus de moi un deux pattes qui plante dans mon dos un colifichet, c’est pointu, je ressens quelque chose que je ne connaissais pas, la douleur.

La porte s’ouvre !!! Je me précipite dans ce couloir, le couloir de ma mort, mais il me faudra du temps pour le comprendre. Le jour, je vois le jour au loin, vite je galope vers cette lumière. Le soleil m’éblouit, une musique retentit à mon arrivée et je suis accueilli par les cris d’une foule de deux pattes en délire. Je fais le tour de cet endroit, pas de sortie, pas d’herbe mais des deux pattes colorés qui me fixent, me jaugent des pattes au mufle. L’un d’entre eux d’approche de moi, marchant comme un coq, peut-être vais-je comprendre ce qui se passe. Il tient contre lui un bout de tissu coloré qu’il agite devant moi. Mon instinct me fait foncer dessus, tête baissée j’y vais et j’y vais autant de fois qu’il le veut.

Je ne me rends pas compte qu’il me dirige lentement, mais sûrement, vers un cheval. Je les connais les chevaux, j’en ai déjà vu dans les plaines, aussi je ne bouge pas, mais un deux pattes sur le cheval se jette sur moi et m’inflige le châtiment, une pique qui fait atrocement mal car il appuie de toutes ses forces, je sens un liquide chaud couler le long de mon dos et sur mon ventre. Il recommence une deuxième fois, une troisième fois, je vais combattre pour faire stopper cette douleur, je sens mes forces s’affaiblir, ce deux pattes doit cesser ! Je me précipite sur le cheval, tant pis pour lui, ma vie est en jeu, je le fais tomber et piétine, donne des coups de corne.

Mon attention est détournée. Qu’ils sont agaçants avec ce tissu, le deux pattes m’appelle, toujours en criant, il se joue de moi, la foule se déchaîne, hurle avec lui, j’entends un mot inconnu qui revient souvent “oléééééééééééé”. Je vais lui arracher son tissu, je vais l’encorner pour le punir de ces souffrances qu’il me fait ressentir, mais il est protégé par d’autres deux pattes, lorsque je lui vole son tissu, sa muleta, les autres se précipitent sur moi et me font courir partout, je ne sais plus où me tourner, ils m’encerclent, ils me font devenir fou !

Une nouvelle souffrance m’est infligée, le chef des deux pattes m’a planté sur le dos des banderilles, mon sang coule de plus en plus et je deviens faible. Je me secoue pour faire partir ces flèches acérées de mon corps mais il les a enfoncé si profondément qu’elles restent, et plus je me secoue, plus elles provoquent des décharges de douleurs et, de plus en plus, je sens mon sang couler, rouge, chaud, bouillonnant, m’affaiblissant. Je glisse de plus en plus, tenant difficilement sur mes pattes, mais le courage et la bravoure sont miens, je suis un taureau !!

Le deux pattes prend soudain pitié de moi, il arrête de secouer sa muleta, je reste devant lui, soumis à sa volonté, le supplice est terminé, je vais retrouver ma Camargue, l’herbe si verte, si tendre, les odeurs de la nature ... Je vais pouvoir panser mes blessures. Il me défie en se mettant à genoux devant moi, bras écartés, les yeux fous et criant sa victoire. Que m’importent les humiliations, les cris, la haine de cette foule, je ne bouge plus, j’attends. Il se relève, un autre deux pattes lui apporte un long objet qui brille dans le soleil. Il reprend sa muleta comme il l’appelle, je la regarde, plus envie de bouger, plus envie de me battre, je n’ai plus de forces ... j’abandonne le combat, je baisse la tête. Il se jette sur moi avec son épée, à son passage, mes muscles, mes artères, mes vertèbres, tout cède et je m’écroule, vaincu, sous les cris de joie de la foule haineuse. Un deux pattes de main viendra me donner le coup de grâce, l’ultime ...

Je suis fatigué, j’ai combattu autant que je le pouvais, mais je suis trop faible, épuisé, mes forces se sont enfuies, les hommes m’ont tué ... je meurs, mon calvaire prend fin. Une dernière interrogation demeure en moi, pourquoi ? et je ferme les yeux. Je ne verrai pas ma dernière humiliation, mes oreilles coupées pour la gloriole de pacotille du torero.

Mon cadavre sera traîné dans l’arène, tiré par un cheval, mon sang imprégnera le sable, j’ai été brave, j’ai droit à un tour d’honneur, quelle ironie cruelle...

THE END (de l’histoire mais d’un animal surtout...)

"Entre la cruauté envers l’homme et la cruauté envers l’animal, il n’y a de différence que la victime" Lamartine.

Source : http://glefortnard.free.fr/article....
Image : http://www.anticorrida.com/html/cor...

Messages

  • Message du Rassemblement Anti-Chasse :

    A ce jour, 54 députés soutiennent la proposition de loi de Mme Marland-Militello pour l’abolition des corridas en France. Petit à petit, des parlementaires continuent à rejoindre cette courageuse député. Merci de continuer à solliciter les élus qui ne sont pas encore sensibilisés à cet anachronisme barbare.

    Allez ! On continue à écrire à nos députés pour leur demander de soutenir le projet de loi Marland-Militello proposant l’abrogation de l’alinéa 3 et à terme l’abolition des corridas !

    Voici les adresses auxquelles vous pouvez envoyer votre lettre

    aferry@assemblee-nationale.fr, dfidelin@assemblee-nationale.fr,aflajolet@assemblee-nationale.fr, jcflory@assemblee-nationale.fr, pfolliot@assemblee-nationale.fr, jmfourgous@assemblee-nationale.fr, mfrancina@assemblee-nationale.fr, pfrogier@assemblee-nationale.fr, yfromion@assemblee-nationale.fr,

    cgaillard@assemblee-nationale.fr, cgallez@assemblee-nationale.fr, rgaly-dejean@assemblee-nationale.fr, jgarraud@assemblee-nationale.fr, dgarrigue@assemblee-nationale.fr, cgatignol@assemblee-nationale.fr, jdegaulle@assemblee-nationale.fr, ggeoffroy@assemblee-nationale.fr, agest@assemblee-nationale.fr, jmgeveaux@assemblee-nationale.fr, fgilard@assemblee-nationale.fr,

    Si vous n’avez pas le temps de personnaliser votre lettre, vous trouverez ci-dessous une lettre type :

    Monsieur le Député, Madame la Députée,

    Vous devez savoir que Madame Marland-Militello, députée de la deuxième circonscription des Alpes Maritimes, a déposé à l’Assemblée Nationale une proposition de loi demandant l’abrogation de l’alinéa 3 de l’article 521-1 du code pénal, qui tolère actuellement dans notre pays les sévices sur animaux uniquement dans le cas des courses de taureaux et combats de coqs pour les localités où une tradition locale ininterrompue peut être invoquée.

    Je vous demande donc aujourd’hui de bien vouloir (quelle que soit par ailleurs votre opinion personnelle sur le sujet) représenter la majorité des électeurs qui ont voté pour vous aux dernières élections législatives, et de soutenir cette proposition afin qu’elle puisse être discutée au Parlement.

    Vous ne pouvez en effet ignorer que tous les sondages qui ont été réalisés entre 2001 et 2004 donnent (y compris dans les villes taurines) entre 75 et 86 % de citoyens français qui se déclarent opposés à la torture tauromachique.

    Si cette proposition est débattue à l’Assemblée, le jeu démocratique pourra alors peut-être, tout comme à Barcelone le 6 avril dernier, rendre enfin la décision qui s’impose... Celle-ci, nous n’en doutons pas, ira dans le sens d’une humanité plus digne, et enfin civilisée...

    Car il faut savoir que soutenir la corrida ou simplement ne pas la condamner, c’est accepter que des enfants de 10 à 12 ans apprennent à torturer des veaux, c’est accepter que des fonds publics soient utilisés pour financer la barbarie organisée, c’est accepter que des chevaux soient éventrés lors de corridas équestres, c’est accepter que des taureaux subissent les pires sévices avant leur entrée dans l’arène et qu’ils soient torturés à mort pendant 20 minutes, c’est accepter d’exalter les pires instincts d’un public sadique et voyeur, c’est accepter que quelques apoderados s’enrichissent sur le dos des contribuables...

    A Tarascon, le cynisme est à son comble : la caisse d’allocations familiales des Bouches du Rhône finance l’école de torture de la ville pour sortir des jeunes des quartiers difficiles !

    Vous remerciant par avance d’écouter la voix de vos électeurs, et de rester notre digne représentant, je vous prie d’agréer, Monsieur le Député, Madame la Députée, l’expression de mes plus sincères salutations.

    Signature

    • COURAGEUSE DEPUTEE ?

      Muriel Marland-Militello, députée UMP 2e circonsciption de Nice est catapultée "en politique" par Monique Peyrat (épouse du maire de Nice). Le Jacques l’adoube, suivi par la générale Alliot-Maris, dont le directeur de cabinet n’est autre que Philippe Marland...
      Elle affiche aussi son soutien à la fondation Brigitte Bardot.
      La messe est dite.
      Voilà bien le SEUL vrai combat de l’UMP, noyer le poisson dans un verre d’eau !

  • Franchement, si la fin du taureau est cruelle, sa vie est belle, en liberté il court dans la nature.
    Ce que vraiment je ne supporte pas du tout, ce sont les vaches, les boeufs, les poules elevées dans des cages dans lesquelles ils ne peuvent ni avancer, ni reculer, ni bouger, juste boire manger, chier, avaler des antibiotiques et un jour enfin sortir de la cage pour aller se faire abattre dans un abatoir automatisé au norme hygieniste les plus modernes.
    Je ne serai jamais de votre combat, si j’étais un boeuf, je rêverais de vivre et mourir comme un taureau dans l’arêne.

  • Bêêêêê... Vous nous faites braire avec vos pétitions à la noix !
    Et les loups, les ours, les coccinelles et les ratons laveurs ?? Vite un comité d’action !
    Vous feriez mieux de vous occuper de la grosse merde dans laquelle nous pateaugeons. Quans vous serez au RMI, vous vous occuperez des belâtres qui nous gouvernent ou encore des corridas ??
    Moi, je suis végétarien par obligation et pas fier de l’être.

    • Ce n’est pas parce qu’il faut combattre en priorité le capitalisme et toutes les injustices qui en découlent qu’on ne doit pas s’intéresser à des problèmes de moindre importance et mépriser ceux qui s’y attaquent !

    • Alors on laisse crever les animaux dans l’indifférence générale ?
      S’occuper de la cause animale ne signifie pas pour autant que l’on méprise le genre humain ....

    • La souffrance animale peut vous sembler dérisoire, face à vos propres problèmes d’argent, vendez votre PC et courrez vous acheter un bout de chair à déguster.
      Et rassurez vous la protection animale s’étend à tous les animaux en souffrance. On peut s’investir dans la cause animale, sans pour autant négliger d’aider ses semblables, c’est un peu cliché, non ? Et si vous ne voulez plus patauger dans la merde, arrêtez de l’étaler !

    • Bonjour,
      j’ai été étudiante, puis au RMI (maintenant, je travaille) ; cela ne m’empêchait pas d’être végétarienne pour les animaux (ne pas manger de viande ne coûte pas plus cher que d’en manger), et d’être contre la corrida.
      Contre les souffrances humaines ET animales...
      pour l’abolition de la corrida.

  • Bravo pour ce magnifique texte sur la destiné de Taurus !

    La corrida est une barbarie d’un autre âge et la société ne pourra pas avancer tant qu’elle continue à accepter que l’on torture un animal pour se distraire.

    Je suis membre du CRAC

    http://www.anticorrida.com

    et je fais tout ce que je peux pour faire abolir la corrida.

    • pensez aussi aux élevages industriels, là une vie de taureau de corida semble être le paradis !

    • "pensez aussi aux élevages industriels, là une vie de taureau de corida semble être le paradis !" :

      C’est lassant cette manie de tenter de justifier le mal en expliquant qu’il y a encore pire ailleurs...
      Et si on te disait qu’on va te tuer lentement, mais que ce n’est pas grave parce que tu auras eu une belle vie, plus agréable que celle d’un enfant du Tiers-monde ?
      En quoi les choses horribles subies par les animaux de batterie justifient-elles la mort lente des taureaux ? Les deux phénomènes sont à combattre (en refusant de manger les animaux, avant tout).
      Et puis il faut arrêter de croire que la vie d’un taureau avant d’être massacré dans l’arène est si douce que ça, ils sont oppressés par des humains qui entre autre leur scient les cornes...

    • La grande diférence que certains ne semblent pas percevoir , c’est que les boeufs sont élevés pour l’alimentation , alors que la corrida est destiné à assouvir un plaisir sadique chez des personnes qui cachent cette perversion derrière la notion de tradition , voire d’art

      Quant à la personne qui se plaint qu ’elle ne peut pas manger de viande , elle n’a qu’a revendre son portable !

      De plus quitte à pétitionner , je prefere donner ma signature pour ce cette lutte que pour la gratuité du louvre par exemple , puisque certain estiment que c’est scandaleux de faire des pétitions contre la corrida

      Dis moi comment tu traites les animaux , je te dirai qui tu es !

    • Amis des animaux , ne vous fatiguez pas à répondre à ces abrutis sans coeur et de mauvaise foi ! Pour preuve , l’un d’eux reconnait l’horreur de l’élevage industriel sans que cela lui pose de problème moral de consommer ces animaux...S’ils ont accès à la souffrance humaine , ce n’est que pour se donner bonne conscience , pour ne pas voir dans la glace les monstres qu’ils sont...

    • BASTA !

      Après les "jeunes populaires", émules du MEDEF, qui font la retape sur les plages au nom de Sarko et de l’UMP, voici venu le temps des UMP humanistes avec les corridas de l’inénarrable Muriel MARLAND-MILITELLO.
      On aurait aimé entendre un peu plus les pères de ces humanistes lors des boucheries coloniales, ou même de la Francafric, tel n’est naturellement pas le propos.
      Notez, cependant, que tous ces braves gens sont quand même les dignes héritiers de centres de références hautement morales (Nice et Cannes).

      La presse, TF1 et le service public sont déjà à votre service pour que vous veniez polluer un site propre.

      NB : Les amis du site aurons perçu que nous sommes loin des taureaux et des corridas, thème sur lequel chacun a le droit de s’exprimer librement selon sa sensibilité et sa culture propres.

      Taurus

    • Le service public ? France3 fait la part belle aux corridas, surtout France3 méditerrannée qui nous abreuve d’images de taureaux torturés en encensant les aficionados. Lorsqu’on manifeste, ils ne disent généralement qu’une ou deux phrases du bout des lèvres, en consacrant au contraire de longues minutes de leur journal à faire de la pub aux férias.

      Pourtant nous sommes nombreux dans le Sud (et ailleurs), de gauche ou de droite, ou apolitiques, à nous opposer à l’horreur de la tauromachie.

      Pour l’abolition de la corrida.

    • Bonjour,
      Nous avons coutume de dire que la lutte contre la corrida est notre plus petit dénominateur commun et que, par conséquent, nous y trouvons à foison des conceptions très diverses et souvent antagonistes.
      Nous (à la FLAC) essayons pour notre part d’insuffler une cohérence en refusant notamment toutes les formes de discriminations.
      Nous savons aussi que l’exploitation animale est faite par l’impérialisme libéral tout comme l’exploitation humaine. Les dissocier est une erreur.

      Bellacio n’est pas pour la corrida bien au contraire (désolé de vous décevoir, Roberto Bellacio pourra confirmer) et si vous voyez TF1 comme une tribune pour les anticorridas ben c’est grave puisque cette chaîne est un ramassis d’aficionados et qu’il font de l’audimat en faisant chier ou en torturant des animaux (kho Lanta, la Ferme Célébrités etc..)

      Je rajouterais enfin à l’éternet débat pour ou contre la corrida que même ceux qui sont contre paient le plaisir sadiques des pour par leurs impôts. Subventions, subventions souvent bien supérieures que celles données à des assos caritatives !!

      Dominique Joron

      jorond@wanadoo.fr

      Anar et antispéciste et au assez dic (plus pour longtemps !!) et 15 ans de RMI derière moi, la misère, la pauvreté je connais. Ce qui n’empêche ni la compassion ni d’avoir un cerveau

    • RECTIFICATIF

      Pour ceux qui n’auraient pas compris ou feignent d’être atteints de cécité, je précise plus clairement mon propos :
      "La presse, TF1 et les chaînes du service public sont déjà au service de l’UMP pour que vous veniez polluer un site propre.

      Taurus