Accueil > La Nouvelle-Orléans : Pillages, chaos, début d’émeutes et de violences (...)

La Nouvelle-Orléans : Pillages, chaos, début d’émeutes et de violences parmi les réfugiés...

Publie le vendredi 2 septembre 2005 par Open-Publishing

La Nouvelle-Orléans s’enfonce dans le désespoir —par Adam Nossiter—

Pillages, chaos, début d’émeutes et de violences parmi les réfugiés... La Nouvelle-Orléans s’enfonce dans le désespoir. Car, deux jours après le passage de l’ouragan Katrina, la situation dégénère dans les zones sinistrées, où le président George W. Bush est attendu vendredi.

Le président, qui a expliqué avoir trouvé "très émouvant" de voir les zones inondées depuis Air Force One alors qu’il regagnait Washington, va survoler les côtes d’Alabama et du Mississippi en hélicoptère, avant la Nouvelle-Orléans. Son programme au sol n’a pas été précisé.

George W. Bush a par ailleurs demandé à son père et à son prédécesseur Bill Clinton de lancer une opération de collecte de fonds, comme ils l’avaient fait pour le tsunami en Asie.

Et George W. Bush a comparé les dégâts actuels à ceux de l’après-11 Septembre : "La Nouvelle-Orléans est plus dévastée que l’avait été New York", a-t-il lancé.

Tôt jeudi, les premiers de quelque 500 autocars amenant les évacués du Superdome sont arrivés dans leur nouvelle installation provisoire, un autre stade, l’Astrodome de Houston au Texas.

Mais dans le Superdome surchauffé de La Nouvelle-Orléans, où les conditions sanitaires sont intenables, l’évacuation, par hélicoptère, des blessés et malades a été suspendue, les pilotes civils refusant un travail qu’ils jugent trop dangereux, après qu’un appareil militaire eut essuyé des coups de feu. Des hordes de gens sont sortis du stade pour investir l’hôtel Hyatt voisin.

"Nous sommes là comme des animaux. Personne ne nous aide", lançait le pasteur Issac Clark, 68 ans, devant le Centre des congrès, où les cadavres gisent en plein air, au milieu des réfugiés affamés, des bébés en train de pleurer et des détritus, une odeur terrible flottant sur la ville... Daniel Edwards, 47 ans, s’insurgeait contre cet abandon et les cadavres sans sépulture, les bus promis qui n’arrivent pas. "Vous pouvez tout faire pour d’autres pays, mais rien pour votre propre peuple. Vous pouvez aller à l’étranger avec l’armée, mais vous ne pouvez pas la faire arriver jusqu’ici".

Des renforts de la Garde nationale, en véhicules blindés, arrivaient en ville pour essayer de rétablir l’ordre dans une cité de plus en plus incontrôlable, où le maire a ordonné à la police de renoncer aux opérations de secours pour s’occuper du maintien de l’ordre...

Le long de l’Interstate 10, seule autoroute menant à la Nouvelle-Orléans, des centaines de personnes errent, à pied, poussant leurs biens dans des caddies, semblant avoir passé la nuit sur la route, agitant en direction des voitures des conteneurs d’eau vide, suppliant qu’on les aide.

"Une tragédie terrible comme celle-ci fait ressortir le meilleur dans la plupart des gens, le pire chez certains autres", a estimé le gouverneur du Mississippi Haley Barbour sur NBC, promettant lui aussi d’être "sans pitié" avec les pillards.
Le président Bush également appelle à la "tolérance zéro" contre ceux qui "violent la loi pendant une telle urgence, que ce soit en pillant ou en trafiquant les prix de l’essence à la pompe, en abusant de la générosité d’autrui ou en fraudant les assurances". "Les citoyens doivent travailler ensemble", a-t-il tempêté.

En tout, 10.000 hommes supplémentaires de la Garde nationale, venus de tout le pays, sont envoyés dans les zones côtières du golfe du Mexique pour y renforcer la sécurité et participer aux opérations de secours. Ces renforts porteront à plus de 30.000 le nombre d’hommes mobilisés pour ce qui s’annonce comme la plus grande opération militaire suite à une catastrophe naturelle aux Etats-Unis. Une flotte d’au moins huit navires, dirigée par le porte-avions Harry Truman, est en route, ainsi que des avions de transport et hélicoptères.

Mais on n’a toujours pas de bilan précis des victimes, hormis celui, provisoire, de 110 morts au moins au Mississippi. Le maire de la Nouvelle-Orléans, Ray Nagin, interrogé sur le nombre de morts dans sa ville, a répondu mercredi : "Au minimum, des centaines. Plus probablement, des milliers".

Si ces estimations se confirmaient, Katrina pourrait donc se retrouver dans la catégorie des pires catastrophes naturelles enregistrées aux Etats-Unis, comme le tremblement de terre de 1906 à San Francisco, qui, doublé d’un incendie, fit entre 500 et... 6.000 morts. Ou, en 1900, cette tempête qui fit entre 6.000 et 12.000 morts à Galveston au Texas. AP

http://permanent.nouvelobs.com/etra...