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PUBLI-REPORTAGE SUR FOND DE DÉCOMBRES

Publie le lundi 7 novembre 2005 par Open-Publishing
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de Le Yéti

Ainsi donc, ce lundi 7 novembre, à l’occasion du renouvellement d’un quotidien parmi d’autres [Le Monde], France Inter déplace toute son équipe d’informations du matin dans les locaux de ce journal. Comment appelle-t-on ça, M. Paoli, qui êtes responsable de ce service ? Un ménage ? Un publi-reportage ? Voici donc où nous nous en sommes arrivés : le journal d’informations d’une grande radio publique transformé en vulgaire publi-reportage entre copains. À quand une tranche matinale d’informations dans les locaux de l’Équipe, de Métro, de Rouge ?

Invité du publi-reportage ce matin, M. Copé, porte-parole du gouvernement. Dehors, l’émeute gronde, la banlieue s’enflamme, les voitures, les écoles brûlent. Et ce beau petit monde, cette élite blottie - ô symbole ! - dans les murs d’une forteresse médiatique aux murs repeints mais lézardés, glose d’un air grave sur les derniers propos d’un Président de la République fantôme.

Que dit-elle, notre ombre de l’État ? "La priorité absolue c’est le rétablissement de la sécurité et de l’ordre public." Original, on sent le souffle charismatique du grand leader ! Et l’ombre d’ajouter, pour faire bonne mesure, qu’il est résolu à "poursuivre l’effort engagé" en matière de "respect de chacun, (de) justice et (d)’égalité des chances". Ah bon, il y avait un "effort" en matière d’"égalité des chances" ?

Pendant ce temps, dans la cathédrale médiatique sinistrée, entre deux spots de publicité pour une chaîne d’hypermarchés ou un asurreur repu, notre petit groupe d’amis s’ébaubit et y va de son commentaire grave sur les évènements. Un responsable du Monde déclare à qui veut l’entendre sa décision de "prendre de la hauteur", un autre clame qu’il avait tout prévu, que l’effet boomerang était tout à fait prévisible. Entre deux tentatives un peu désespérées pour vanter la nouvelle formule du prestigieux quotidien (un journaliste parle déjà de numéro "collector" en raison de la situation du pays ce jour-là !), on s’alarme, on s’indigne devant la "violence inadmissible", on s’effare derrière les témoignages diffusés en boucle des victimes affolées. Le ministre de service, totalement à côté de la plaque, essaie de consoler tout le monde en affirmant que tout aurait pu être bien pire sans les importantes réalisations passées de son gouvernement...

Navrant.

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