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PLACEBO MÉDIATIQUE

Publie le jeudi 17 novembre 2005 par Open-Publishing
4 commentaires

de Le Yéti

On se rassure comme on peut. Depuis quelques temps, nos chers médias du microcosme officiel nous inondent de sondages. Plus la situation sociale du pays se détériore, plus le gouvernement patauge, et plus nos médias s’accrochent comme des naufragés à leur dernière bouée de sauvetage : les sondages. Pas un un seul jour sans qu’ils ne nous en servent un, deux, trois en pâture. Et, ô miracle, tous favorables, de plus en plus favorables. Je veux dire "favorables" à leurs thèses et à celles de leurs protecteurs, naturellement.

Dernier exemple en date : à les en croire, notre ministriquet de l’intérieur s’envolerait au septième ciel des records de popularité grâce aux émeutes des banlieues. Il dépasserait tout le monde, même Jacques Lang, c’est dire ! Tiens, c’est quasiment comme s’il était Président. Ô pain béni qui nous tombe du ciel, ô émeutes propices !

Seulement voilà, j’ai eu la curiosité de replonger le nez dans mes archives, et voici un petit os de stress que je donne à ronger à nos babillards :

En février 2002, 50 % des Français se déclaraient satisfaits de Jacques Chirac et 49 % applaudissaient Lionel Jospin (source Ifop-Journal du Dimanche, 17/02/2002). Et deux mois plus tard, au premier tour des Pésidentielles du 21 avril 2002, badaboum : Chirac 19,88, Jospin 16,18.

Dans quel état de délabrement moral faut-il que nos journaleux du microcosme se trouvent pour continuer à nous servir ainsi sans broncher leurs remontants placebos à longueur de journées ?

Si seulement, il n’y avait qu’un contre-exemple à leur opposer, mais ils en existent 100, 1000 ! Et ils continuent comme si de rien n’était, le nez dans leur marasme comme des autruches effarées. Pourtant, je suis sûr qu’ils les connaissent ces contre-exemples, je suis persuadé qu’ils en doutent, de leur sondages. Mais c’est plus fort qu’eux : la méthode Coué comme antidote au désarroi.

Je ne sais pas si vous avez remarqué, depuis quelques temps, leur recroquevillement foetal s’est encore accéléré. Ça avait commencé avec l’histoire du dernier référendum, mais là on atteint des sommets ! Et que j’y aille avec mes sondages revanchards, mes micros-trottoirs d’"usagers mécontents", mes spécialistes éclairés jaillissant de l’ombre. On se déballonne sans l’ombre d’une pudeur. On se croirait à l’époque du ministre Peyrefitte, dans les années 60, quand la télévision était "la voix de la France" et que les infos sortaient des cabinets.

Qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit : en aucun cas, je ne prédis que le désarroi manifeste des médias et, plus généralement, des élites au pouvoir, annonce leur défaite programmée. Nous sommes à la fin d’un cycle, j’en suis persuadé, mais nul ne peut prévoir ce vers quoi nous nous dirigeons.

La seule ligne de conduite possible est de ne plus nous laisser gruger par les annonces ridicules de ces gogos. Et de nous tenir prêts, sans trembler comme eux, à affronter les soubresauts à venir.

http://www.yetiblog.org

Messages

  • c vrai et je suis de plus en plus choquée du traitement de l’information par les médias...Y en at-il qui relate des rassemblements qui ont eu lieu ds plusieurs viles contre l’état d’urgence prolongé, et pour plus de justice sociale ? Pas vraiment...Je ne dois connaitre que des personnes faisant partie des 3/10 de français qui veulent virer Sarko, pompier pyromane, arrogant et dangereux...

  • "Des catégories - habitants des quartiers difficiles, ouvriers, chômeurs - sont négligées. Interviewé par "Envoyé spécial" le 29 mars (2002) sur France 2, un enquêteur de terrain confessait que les bidonnages étaient courants sur ces "éléments de quotas" manquants. Pourquoi ce biais dans les échantillons qui servent de base aux enquêtes ? Parce que de plus en plus de personnes refusent de répondre aux météorologues de l’opinion. Aux Etats-Unis, le taux de réfractaires peut atteindre jusqu’à 80% des questionnés. Chez nous, la proportion flirte désormais avec les 40%, voire 50%.(...)"

    Ceci est un extrait de Sondologie et sondomanie à lire sur Acrimed

    La manipulation est totale, comme pour le référendum du 29 mai, à une différence près, mais de taille, cette fois c’est sur fond de situation beaucoup plus explosive pour l’extrême-droite gouvernementale. Ils ont peur et ne reculent et ne reculeront devant rien.

    Verdi

  • Ce que j’espère c’est que les sondages nous montrent : allez on va rire :
     65% DE OUI pour la politique de Sarkosy et Le Pen
     63% DE OUI pour la politique de Villepin
     60% DE oui pour la politique de Hollande et sa clique
    Oui je l’espère car là les Français vont réagir et ce dire "Ok, j’ai eu peur pour mes biens mon bien etre, mais il ne faut pas exagérer-"
    Alors que tous ces ultralibéraux montent dans les sondages moi cela me contente
    Et cela réveillera peut etre une réelle gauche qui se calfeutre et reste attentiste
    nicole

  • Le Yeti dit :

    En février 2002, 50 % des Français se déclaraient satisfaits de Jacques Chirac et 49 % applaudissaient Lionel Jospin (source Ifop-Journal du Dimanche, 17/02/2002). Et deux mois plus tard, au premier tour des Pésidentielles du 21 avril 2002, badaboum : Chirac 19,88, Jospin 16,18.

    C’est même bien pire que celà, mon ami Le Yeti :

    En pourcentage des inscrits, aux présidentielles et au premier tour, Chirac a obtenu 13,76% et Jospin 11,19% , ce qui a fait à eux deux 25,66% (le score du PC à la sortie de la deuxieme guerre mondiale...) ! Vu ainsi c’est assez impressionant et en admettant que les mêmes gens aient dit être satisfaits par Chirac et Jospin (ce qui normalement ne se recoupe pas exactement), l’IFOP avait donc publié un sondage se trompant, ou infirmé peu après, d’une marge de 25%... Ce qui correspond à une belle marge d’erreur pour nos teneurs de thermomètres. Ils auraient dû s’adresser à des marabouts ou des voyantes, c’est moins cher...

    Par contre et au delà des sondages, satisfecits de gonflette pour la droite et honte pour la partie de la gauche qui s’est prise les pieds dans le tapis devant une provoc sécuritaire (ceux qui ont essayé de faire de la surenchère sécuritaire...), il y a la véritable usure de la droite sur le fond vis à vis de ses donneurs d’ordre. Il n’a échappé à personne que Sarkozy, si il n’a pas créé la crise des banlieues et le chômage de masse, a bien été le détonateur et le provocateur de l’explosion. Le chouchou en France de la droite ultra-libérale mondiale n’est plus en cour, "tout le monde" ayant noté son côté provocateur et surtout aventuriste.

    Maintenant qu’ils ne sont plus sous obligation d’être journalistes policiers, nos médias commencent à parler de la situation concrete et réelle faite aux banlieues.... Faits inouïs, on montre cette image extraordinairement éxotique de jeunes des banlieues dans le quotidien (Du jamais vu, on connaît mieux les rues de Gaza que celles de banlieues... ) , leurs reflexions sensées sur ce qu’ils vivent , on montre de jeunes français sur-diplomés mais à "mauvaise" couleur de peau expliquer le racisme qu’ils subissent de la part des patrons (car on parle de "discriminations" afin d’attenuer la portée pénale mais il s’agit bien de "racisme punissable" pour une très grande partie des patrons), on redécouvre des visages, des frères et soeurs dans leurs quotidiens expliquant en termes simples la crise sociale à l’oeuvre, émeutes ou pas...)...

    Comment ça il y a avait vraiment un problème ? Et si effectivement les lignes bougent et on parle de faire quelque chose c’est alors que la colère des jeunes émeutiers était justifiée ?

    Lentement des choses se déplacent et les victorieux du jour ne seront peut-être pas ceux de demain. Les lampions de la victoire des sécuritaires ne sont pas encore completement éteints que progressivement les problèmes de l’insuffisante largeur de la base sociale de la droite reviennent à la surface.

    Le lendemain de leurs victoires sur de jeunes émeutiers, ils (le gouvernement) sont tellement forts qu’au parlement ils n’arrivent même pas à faire taire l’UDF sur le budget et les cadeaux accordés aux riches ...

    Pertes d’appuis dans le monde de la bourgeoisie internationale, divisions toujours plus importantes dans la droite, à leur place je convoquerai en catastrophe des legislatives pour dimanche prochain, vite fait bien fait, pendant que les carcasses brulées des voitures sont encore chaudes, Sarko vainqueur de son Mai 68 du pauvre ...

    Et merci mon Yeti de nous avoir poser le problème de la fièvre sondagière et des adorateurs de thermomètres en bois.

    Copas