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Carte Biométrique - Le cauchemard D’Orwell

Publie le samedi 3 décembre 2005 par Open-Publishing
2 commentaires

de Jean-Yves DENIS

George Orwell, écrivain anglais mort en 1950, a écrit un célèbre roman, 1984, qui décrit un monde terrifiant ou tout le monde est surveillé par un grand frère bienveillant qui interdit toute subversion, et qui pour cela limite au maximum la possibilité d’exprimer des points de vues illégaux en créant un langage minimal, le NovLangue.
Ce roman a été écrit en 1949, je me demande bien ce que cet écrivain écrirait aujourd hui.

1984, c’était il y a 21 ans. Le monde actuel peut faire beaucoup mieux comme dictature totalitariste que ce que décrit Orwell. Il ne pouvait pas prévoir les progrès de l’informatique en 1949.

Depuis quelques années, un projet revient sur toutes les lèvres des obsédés de l’ordre et du contrôle sécuritaire.
La carte d’identité Biométrique.

Sans entrer dans les détails techniques, les puces modernes sont quasiment des micro-ordinateurs, avec une capacité de stockage très supérieure de leurs ancêtres des années 1970.
Les applications pratiques et (surtout) commerciales sont extrêmements nombreuses, et déjà exploitées aujourd’hui.
Voir la carte EMV (*) , qui se répand surtout en europe. Mais aussi la carte Vitale, le porte monnaie electronique, les cartes téléphoniques, et j’en oublie.
Il manquait aux néo-libéraux un autre marché à investir, celui de la carte d’identité.

A juste titre, cela provoque l’angoisse de nombreuses associations.
L’idée est de stocker dans une carte à puce des données permettant d’identifier un individu, non plus par son nom, son adresse ou sa date de naissance, mais par des spécificités physiques.
Empreintes digitales, forme du visage, etc...

Cela vous rappelle les idées eugénistes des nazis ?
Ce n’est pas un hasard. Le régime Hitlérien était aussi obsédé par un contrôle absolu des individus.
Basé sur des caractéristiques physique. Avec cette carte, vous ne serez plus un citoyen, mais un individu Aryen, Arabe, Juif ou Africain.

Vous pensez que cela se joue au niveau politique, et qu’un sursaut citoyen permettra de jeter à la poubelle ce projet funeste ?

Je vais vous déprimer un peu, mais je pense que c’est surtout une décision des industriels fabriquants de cartes à puce.

je pense que la décision est déjà prise depuis longtemps, et que comme d’habitude, un pseudo-débat va permettre de calmer le jeu en attendant que la chose soit définitive.

Comme preuve, il y a le fait qu’un sommet européen avait déjà été organisé pour une histoire de passeport biométrique en 2003 , avec (encore !) Sarkosy comme animateur des débats. La carte d’identité biométrique en est le prolongement logique. Cela se fera un jour ou l’autre, comme un jour ou l’autre les supermarchés arriveront à supprimer les caissières, après nous avoir persuadé que l’attente aux caisses est trop longue. Si après encore un ou deux attentats terroristes, on nous dit que les cartes biométriques auraient pu éviter cela, les députés finiront par autoriser le déploiement de cette technologie Orwellienne.

Sans entrer dans les détails, une normalisation de la technologie des cartes à puce est en cours, permettant d’intégrer des usages bancaires (retraits, paiement) et autres (droits d’accès, cartes d’identités). Vous imaginez le marché potentiel en chine par exemple, pour les 20 années à venir, un petit milliard de cartes à puce ?
Obligatoire, évidemment, puisqu’il s’agit de "papier" d’identité. Cela ne pourra pas être un choix. ces seront délivrées par l’état. Payantes peut-être ? Surement, dans la logique libérale.

La question est de savoir : qui va avoir le marché ?
ça c’est pour l’avenir, les excités de la bourse espère que cela sera concurrentiel.
Mais au fait, une précision : si les applications pratiques de l’utilisation des puces seront sans doute exploitées par de nombreuses sociétés, il est certain que la fabrication du matériel sera le monopole d’une poignée de grosse multinationale, peut-être une seule.

Le film "1000 Milliard de dollars", cela vous rappelle quelque chose ?
Et bien il faudra ajouter quelques zéros pour estimer le chiffre d’affaire qu’un tel monopole pourra générer.

Je ne peux pas affirmer que cela est décidé ou possible maintenant, mais je peux affirmer que c’est le but. Une technologie unifiée, diversifiée ensuite dans différents secteurs commerciaux ou publiques.

En fait, la technologie est prête depuis longtemps, et il ne reste plus qu’à faire tomber les dernières resistances. Avec l’ambiance ultra-sécuritaire actuelle, même si je ne suis pas chanceux aux jeux de hasard, je parierai quand même gros sur le fait que cela se fasse dans moins d’un an ou deux.

Quelles applications interessantes ? Soyons paranoiaque et imaginons les possibilités techniques.
Notre carte biométrique (obligatoire) contient des informations qui permettent de nous identifier.
Une caméra nous filme, repère notre profil biométrique.
Et compare cela avec le contenu biométrique de la carte.
Dans ce cas, vous n’avez plus qu’à espérer de ne pas être présent dans un fichier de police mondialisé.
Sinon il se pourrait qu’on vienne vous poser des questions à l’embarquement de l’aéroport...

En effet, trop d’enjeux financiers sont engagés : pour de grandes entreprises spécialisées dans ce domaine (cartes à puce), c’est un marché déjà prévu longtemps en avance, avec des applications déjà existantes ou en test, ou en étude.

C’est cela l’argument que j’avance : ça m’étonnerais que ces entreprises aient investi tout cet argent au hasard.

Il ne reste plus qu’à faire accepter cela au niveau légal (vote de l’assemblée) , c’est une question de temps. Pas de logique ni d’idéologie. C’est une question de fric.

Si vous avez un doute - c’est normal- il suffit d’utiliser un moteur de recherche avec les mots clés "Biométrie France Assemblée", et vous verrez que cela n’est pas une histoire récente, mais une volonté très ferme d’imposer cela comme un nouveau modèle. C’est un marché porteur, c’est un véritable Eldorado pour les marchands de carte à puce.

Cela sera un double jackpot pour Sarkosy & Co : De grosses entreprises écouleront des millions de cartes , et la soif de contrôle sécuritaire sera assouvie.

Big Brother sera bientôt dans notre Portefeuille.

Jean-Yves DENIS.

(*) EMV = Eurocard Mastercard Visa , un cartel bancaire qui a pour but d’unifier le marché de la carte bancaire dans le monde. Pas encore réussi, mais en bonne voie en europe. Protocole bancaire hyper sécurisé. Spécifications connues de quelques super firmes uniquement (Diebold, Dassault, WinCor) . Bonne nuit les pauvres.

Messages

  • Inepte, Nocif, Effrayant et Scélérat
    « INES », ça pourrait être un prénom qui fleure bon le sud aux accents hispaniques. Comme un de ces
    soirs d’été sous une treille, un petit vin fruité dans le verre qui fait tourner un peu la tête aux accords
    d’une guitare portés par un vent doux descendant des collines.
    « INES » ça ne sent pas l’hiver, les portes qui se ferment en claquant les ferrures d’un monde policier
    dont tous les citoyens sont suspects à ficher, délinquants en puissance contrôlables à merci par une
    autorité dont la légitimité ne tiendrait qu’au pouvoir qu’elle s’arroge.
    Et pourtant... montre-moi tes outils que je vois ton ouvrage.
    Ose-t’on imaginer quelle aurait pu être l’ampleur de la répression nazie et de ses sbires vichystes s’ils
    avaient disposé d’une carte d’identité permettant non seulement de stocker une quantité importante
    d’informations sur son porteur, mais aussi d’être consultable sans contact ? S’il avait suffit par exemple
    qu’une personne passe à coté d’un membre de la police, de la milice ou des forces d’occupation pour
    qu’elle soit automatiquement signalée comme juif, communiste ou franc-maçon ? Heureusement la
    technique de l’époque ne le permettait pas encore et Vichy avait du à l’époque se contenter d’instaurer
    la carte d’identité papier, obligatoire pour tous.
    On commence à le mesurer aujourd’hui, la lutte contre l’"insécurité" et le "terrorisme" est un formidable
    prétexte pour la clique sarko-chiraquienne qui nous gouverne de conduire un recul sans précédent
    sous la république des droits de l’homme, en parallèle à la casse des acquis démocratiques du peuple
    français que constituent les droits sociaux et un grand secteur public et nationalisé. Casse entamée au
    tournant des années 80 et qui connaît aujourd’hui une accélération effrayante. Quelle signification
    dans ce contexte peut bien revêtir le projet « INES », adopté par Raffarin au cours d’un comité
    interministériel le 11 avril dernier, Villepin étant alors ministre de l’intérieur ?
    « INES » (identité nationale électronique sécurisée) est un projet visant à créer une carte d’identité
    électronique à éléments biométriques. Obligatoire, elle serait équipée d’une puce électronique, lisible
    sans contact, et contiendrait des éléments d’identification biométriques personnels (empreintes
    digitales et photographie numérisée). Sous couvert d’empêcher la fraude à la carte d’identité (9000 cas
    par an sur 60 millions de français selon le ministère de l’intérieur soit 0,15% du total), c’est un outil sans
    précédent de flicage de la population que l’on veut imposer au peuple français. Au delà des prétextes,
    nous sommes en droit de nous demander dans quel but un tel dispositif se prépare à être mis en
    place...
    Qu’on se le dise, il y a urgence : sous couvert de faciliter le contrôle de quelques-uns sans aucune
    garantie d’efficacité, « INES » est liberticide pour tous. Ne lui laissons pas le temps de se mettre en
    place, et qu’Inès reste toujours Inès : un prénom qui fleure bon le sud aux accents hispaniques...

  • LES MAUVAIS ELEVES DE LA BIOMETRIE Réunion publique,
    au C.I.C.P., 21ter rue Voltaire, jeudi 8 décembre, 19 h.

    Fin novembre, vingt personnes ont pénétré dans
    la cantine du Lycée de la Vallée de Chevreuse,
    situé dans la technopole de Saclay, pour dénoncer
    fermement le dispositif biométrique en place.
    A cette occasion, les machines ont été brisées
    à coups de marteau. Les trois étudiant-e-s
    interpelé-e-s seront jugé-e-s le 16 décembre
    au tribunal d’Evry, à 13h30, 10ème chambre.