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Déconfiture et hilarité française (suite 2e)

Publie le vendredi 3 mars 2006 par Open-Publishing
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- Sous titre A : "Du mécanique appris plaqué sur du réel de presse très retouché" (Bergson, approximativement)

 Sous-titre B : Dites pas trop bien de moi que je passe pas pour un gros con ou une grosse conne

1. Rappel des précédents épisodes

Cf. Déconfiture de la Nation, hilarité française
 http://ocsena.ouvaton.org/article.p...

La France est peut-être plus ou moins ce qu’on peut appeler une république, c’est à dire un "bidule" huilé au sens aristocratique du terme. Elle n’est plus, n’est pas, n’a jamais été en vérité une démocratie. On ne va pas s’emmerder à redémontrer ce dernier point, tant il paraît aujourd’hui clair au plus grand nombre.

La France est donc gouvernée par les "meilleurs," comme disent d’eux-mêmes ceux qui gouvernent à des titres divers dans les divers pouvoirs. C’est juste, efficace, cohérent. Ca exclut tous les autres, vous, moi, tous les péquins qui sont les citoyens. Ca exclut la démocratie réduite à l’élection, laquelle par principe (Pas con, Roger !) ne pose pas de problème.

Tout ce propos liminaire n’est pas conduit par l’intention de verser in fine dans le défaitisme économique dont on fait aujourd’hui les best-sellers, il n’intentionne que de noter combien la France d’en-haut nous offre en ce moment un grand spectacle renouvelé de franche rigolade qu’ils ont en gros appris dans des écoles. On va pas s’en plaindre, vive les catas !

2. Croix d’honneur 2005-2006 : Science-po et medias

A grands rigolos cependant (de la politique, de l’Etat et de l’industrie) , petits rigolos et demi (Grandes Ecoles et presse) qu’il faut savoir aussi honorer à leur juste valeur. Nous avons pour l’année sélectionné Science-Po et un ou deux journaux, pour leurs faits actuels et pour leur oeuvre passée.

2.1 Science-po Paris

L’ENA et les énarques ne sont plus autant quelque chose, maintenant que Science-po les regarde s’en être allée au loin, en Allemagne presque. De toute façon Science-po qui en formait le plus gros, n’en formait qu’une quarantaine par an, c’était concentré, pas suffisant pour se prétendre Yale ou Harward. Science-po s’applique désormais à re-penser large la formation supérieure en France. Elle a aussi pigé que le fric et le dynamisme sont à trouver ailleurs : entreprise, mondialisation, US style.

Science-po qui ne doute de rien a donc invité de son propre chef madame Condoleeza Rice, rien moins. Nous ne nous rappelons pas qu’on nous ait demandé à nous l’autorisation, nous qui sommes le théorique souverain. On aurait dit oui, mais plutôt oui a la Sorbonne qui a plus de mille ans et qui est française depuis longtemps.

Mais bon, pas de mauvaises querelles, ne politisons surtout pas. Que s’est-il passé au détriment de Science-po, qui n’en pouvait mais ? Tout le ban des fayots politiques s’est rué à la première, on se marchait sur les pieds, on écrasait les sandwiches dans les poches de son costard en alpaga froissé, on disait, on parlait, on avait des micros, y avait des neveux de ministres qui faisaient sur le perron de grandes déclarations. Il fallait le vivre pour le croire, avant de commencer à se marrer, on est longtemps restés la bouche bée.

On avait pourtant prévenu à l’Ocséna ! Vainement car c’était sans espoir. Là a donc été le grand tournant.

Depuis, plus rien n’a pu être tenté sans que tout le monde commence d’abord à rigoler : TCE négatif, puis les banlieues pour n’évoquer que ces deux événements.

Science-po qui a de la ressource, avec Descoings son directeur, a plutôt manoeuvré bien en incorporant de façon progressiste des jeunes gens exemplaires pris à Bondy ou à Gagny, bon point !, qui sans cela n’auraient eu aucune chance d’améliorer leurs résultats au TOEFEL ou au DIMAT.

Mais bon, malgré tout, quelque chose d’extrêmement grave s’est inscrit en douce dans les esprits. Injustement certes, il faudrait fermer Science-po pour deux trois ans (non ! pas 20 ou 30 ans comme certains disent) afin déjà de voir si on leur accorde de former les journalistes en France, comme ils en ont exprimé concrètement l’incroyable préméditation.

2.2 Medias

Grandes Ecoles et Medias, journaux en premier lieu, sont -on le sait mais pas assez- de formidables miroirs de notre société. Ce ne sont pas des miroirs parfaits, voilà tout, on doit les en excuser.

Le problème de la presse c’est que même quand elle est honnête et non intrinsèquement stupide, elle a l’air exactement d’oeuvrer d’une façon contraire : les journalistes sont victimes d’effets de forme, la matière à traiter génère le style cafouilleux approprié.

Les journalistes sont des êtres normaux, qui ont eu un père, une mère, seulement voilà, c’est terrible pour eux la mauvaise impression qu’ils font sitôt qu’ils descendent de leur moto quand ils ont une moto. Encore photographe ça va, tu peux prendre des photos, mais rien qu’avec un stylo tu ne peux prendre que des baffes, tu peux pas sans flipper sortir de ton bureau.

Nous avions dans le temps décerné un prix Nobel de fayotage à Luc Le Vaillant pour un article superbe et très lyrique dans Libé portant sur Martine Aubry alors ministre. L’an dernier on a collé un renaudot à Piotr Smolar du Monde pour un truc quasi-libidineux sur un obscur- brillant garçon dont on a -excusez-nous- oublié depuis le nom, mais qui est dans l’entourage du Premier ministre, donc a priori pas n’importe qui.

Cette semaine on ne sait pas le niveau de la mention à coller au truc, pas trop "méchant", passé dans, voyons voyons, "Challenges " sous le titre "Comment gouverne... la chef soignante des Hôpitaux de Paris", par Sabine Syfuss-Arnaud

Il s’agit d’y démontrer comment Rose-Marie Van Lerberghe, ex-DRH de Danone, met toute son énergie à remettre à flot l’AP-HP.

D’un autre point de vue forcément c’est assez rigolo, rappelez-vous Bergson cité plus haut ! Il paraît que plus en plus de gens, ici c’est une femme, on met au féminin, préviennent ainsi les journalistes : "Dites pas trop bien de moi que je passe pas pour une grosse conne."

 http://challengestempsreel.nouvelob...

3. Conclusion

Comment vouliez-vous qu’elle dise autrement la malheureuse journaliste ?

Quoi qu’il en soit, cqfd, on en revient à notre motto de départ, en ce moment, de toute part on n’a jamais fini en France de se marrer.

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Les Pensées zaz de l’Ocséna

Ocsena, Organisation contre le système-ENA (et pour la démocratie avancée)
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