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Le bal des tartuffes

Publie le samedi 4 mars 2006 par Open-Publishing
10 commentaires

La guerre des mémoires serait déclarée. Tout le monde le dit et l’écrit, que ce soit dans les grands hebdomadaires comme dans les quotidiens français. La preuve ? L’historien Marc Ferro se lance, dans le Nouvel Observateur du 8 décembre 2005, dans la démonstration de la factualité de cette guerre. Pour ce faire, il cite le cas de l’affaire Olivier Pétré-Grenouilleau :

« Signe de temps troublés, une association communautaire antillaise poursuit devant les tribunaux un historien - Olivier Pétré-Grenouilleau - qui aurait, lui, le grand tort de ne pas voir le mal où il faut. Son crime ? Avoir établi dans un récent ouvrage l’intrication de la traite atlantique (pratiquée par les esclavagistes occidentaux) avec les traites arabe et africaine. Au nom de ce genre d’oukase victimaire, nous faudra-t-il bientôt oublier que ce sont les nations européennes qui, après l’avoir pratiqué à grande échelle, ont aboli l’esclavage »

On l’aura compris : Olivier Pétré-Grenouilleau subirait la dictature intellectuelle d’associations communautaires pleines d’aigreur lui reprochant d’avoir exposé une histoire de l’esclavage n’ayant pas l’heur de leur plaire. Le philosophe Alain Finkielkraut le répète depuis des mois déjà et défendait cette thèse dans son émission « Qui vive » du 11/12/2005. Et cette information circule ainsi comme si de rien n’était.

Seulement voilà : nous sommes là devant un flagrant délit de mensonge relevant purement et simplement de la manipulation. Et il est assez surprenant que le Nouvel Observateur ait laissé passer cette désinformation qui a convaincu l’opinion sans faire de bruit.
Car si une plainte a été effectivement déposée contre l’historien Olivier Pétré-Grenouilleau, ce n’est guère aux termes des thèses défendues dans son livre, mais bien pour les propos tenus dans l’ interview donnée dans le Journal du Dimanche du 12 juin 2005. Les membres du Collectif Dom se tuent à expliquer que le livre ne peut, de toutes façons, faire l’objet d’aucune poursuite au-delà du délai effectif de 3 mois après publication, pour bien démontrer que ce sont les propos de l’interview qui sont ici en cause. Et que s’ils avaient voulu attaquer le livre, ils s’y seraient pris dans les temps. Rien n’y fait !

Dans le Journal du Dimanche, Olivier Pétré-Grenouilleau affirmait que la loi Taubira favorisait l’antisémitisme dans le cadre d’une lutte des souffrances. Il niait par la même occasion le caractère criminel de l’esclavage et de la traite des Nègres en tentant de tout relativiser. Poursuivant sa logique, il amalgame antisémitisme, Dieudonné et Loi Taubira dans une tambouille qui fleure bon l’idéologie :

« Cette accusation contre les juifs est née dans la communauté noire américaine des années 1970. Elle rebondit aujourd’hui en France. Cela dépasse le cas Dieudonné, affirme Olivier Pétré-Grenouilleau. C’est aussi le problème de la loi Taubira qui considère la traite des Noirs par les Européens comme un crime contre l’humanité, incluant de ce fait une comparaison avec la Shoah. Les traites négrières ne sont pas des génocides... Le génocide juif et la traite négrière sont des processus différents. Il n’y a pas d’échelle de Richter des souffrances ». (sic)

Visiblement notre historien semble avoir l’esprit bien étroit. En revanche, son cynisme académique, lui, est parfaitement aiguisé. Spécialiste de l’histoire de la traite, il en oublie presque l’esclavage racial dans les colonies américaines. Là où les pires crimes se sont déroulés sur plusieurs siècles d’affilée. Ainsi, réduire un homme à l’état d’animal sur la seule base de sa race, pratiquer des tortures sur lui, l’amputer, violer sa femme, ses filles ou ses fils, faire des « élevages de négrillons et de négrilles » (sic) pour pallier au fort taux de mortalité, découper le dos de ses enfants de 7 ans au fouet, ne relèveraient pas du crime contre l’humanité ?

On oubliera volontairement le Code Noir ou la série de décrets négrophobes précédant celui de 1777. Bien avant Bonaparte, ce décrèt interdit déjà l’entrée du territoire aux Nègres. Ils sont mis en quarantaine, dans un bâtiment spécial, tels des lépreux, avant d’être renvoyés hors de France. La peur de voir la belle « race blanche » dégénérée face au mélange avec le sang africain symbolise parfaitement cette haine particulière contre les Noirs. Ce décret est sans équivoque quant à sa négrophobie :

« Les nègres se multiplient chaque jour en France. On y favorise leurs mariages avec les Européens, les maisons publiques en sont infectées ; les couleurs se mêlent ; le sang s’altère (...) »...

À partir du moment où des ordonnances royales sont édictées pour exclure un groupe racial du statut d’homme sur la seule base de sa couleur de peau et que l’on prend des mesures d’exception à son encontre, nous sommes dans l’esprit du crime contre l’humanité. Cela ne souffre d’aucune contestation possible. Et il n’y a absolument aucun sophisme qui ne tienne la route devant cette banale évidence. Tout État qui donne un cadre légal au racisme, à l’instar de l ’apartheid, est dans l’esprit du crime contre l’humanité.

Pinailler sur le sens des mots pour ne pas admettre la particularité de l’esclavage racialo-utilitariste européen nous donne un réel aperçu du mépris dans lequel tous ces donneurs de leçons tiennent les Noirs. Derrière les belles paroles et la vertu républicaine, la morgue. Rien de plus.

Les appuis d’Olivier Pétré-Grenouilleau s’expriment un peu partout, avec la même volonté d’induire en erreur l’opinion :

Élisabeth Lévy soutiendra dans une rubrique du Point - du 01/12/05
 qu’ « alors que le thème de l’expiation coloniale va occuper durablement la scène publique, certaines affaires récentes - comme le procès intenté à Olivier Pétré-Grenouilleau, historien reconnu et spécialiste des traites négrières, dont le crime est d’avoir affirmé que l’esclavage, aussi condamnable soit-il, n’était pas un génocide - laissent craindre que le débat ne se déplace devant des tribunaux curieusement appelés à se prononcer sur la validité scientifique de telle ou telle position. Ce qui constituerait une véritable défaite de la pensée »

Pierre-André Taguieff affirmera lui sur le site communautarisme.net : « Qu’un chercheur du niveau d’Olivier Pétré-Grenouilleau puisse être poursuivi devant les tribunaux pour ses travaux d’historien sur les formes d’esclavage autres que la traite atlantique (seule prise en compte par la loi Taubira de 2001), voilà qui suffit à montrer les inquiétants progrès de la soviétisation des esprits en France »

Pascal Bruckner dans le Nouvel Observateur du 1er décembre 2005 : « Apprendre qu’un historien reconnu, Olivier Pétré-Grenouilleau, spécialiste de l’esclavage, est aujourd’hui avec son éditeur, Pierre Nora, de Gallimard, menacé, diffamé, poursuivi en justice pour avoir étudié dans un livre récent les trois traites négrières, africaine, arabe et occidentale, relève de mœurs néostaliniennes qu’on croyait révolues »

Claude Askolovitch dans le Nouvel Observateur du 1er décembre 2005 : « Mais au lieu de pétitionner contre un texte qui ne sera jamais appliqué, les enseignants feraient mieux de défendre l’historien Pétré-Grenouilleau, traîné en justice pour négationnisme parce qu’il ose affirmer que l’Occident n’a pas eu le monopole de la traite négrière ! »...

Marcel Dorigny, docteur de l’université Paris I, maître de conférences au département d’histoire de l’université Paris VIII Saint-Denis, ne sera pas aussi catégorique que tous les idolâtres d’Olivier Pétré-Grenouilleau. Ses explications quant aux arrières-pensées idéologiques du livre éclairent parfaitement sur les raisons d’un tel succès. Il écrit :

« force est de constater que ce livre, qui se veut œuvre de science historique, se place dans une logique parfaitement limpide. En mettant sur le même plan toutes les traites négrières (atlantiques, trans-sahariennes et orientales, intra africaines), l’auteur laisse entendre que si crime il y eut, il fut largement partagé et il ne saurait sérieusement être question d’accuser l’Europe seule de pratiques universellement admises pendant des siècles. [...]

Ainsi, au-delà de ses qualités d’écriture et de la masse d’informations fiables mises à la disposition des lecteurs francophones, ce livre propose un schéma de lecture de l’histoire de la traite occidentale qui tend à l’insérer dans la beaucoup plus longue histoire des pratiques esclavagistes reposant sur la déportation des populations africaines depuis la fin de l’Antiquité, voire l’Égypte pharaonique et le monde gréco-romain, jusqu’au début du XXe siècle, et au-delà. La traite des Noirs organisée par les puissances européennes à partir du XVIe siècle pour peupler et mettre en valeur leurs colonies de plantation du nouveau monde perd ainsi une grande part de sa spécificité, de son caractère massif et de sa dimension fondamentalement raciale, au point qu’au XVIIIe siècle, en français, le mot Nègre était devenu synonyme d’esclave dans le vocabulaire courant, aussi bien que dans la langue fiscale, administrative, économique et même dans les dictionnaires ! [...]

Cette volonté implicite, mais constante, de « dédouaner » l’Europe de l’époque moderne (XVIe-début XIXe siècles) de son rôle moteur dans le commerce négrier, en tant que maîtresse des circuits maritimes et surtout des débouchés coloniaux demandeurs de main-d’œuvre servile, laisse une impression de malaise au moment où pour la première fois depuis les abolitions du XIXe siècle les anciennes puissances négrières européennes sont en train de remettre en cause la « politique d’oubli » qui avait servi de doctrine officieuse au sujet de la traite pratiquée à grande échelle durant la première phase de l’expansion coloniale. » (1)

Il finira par « regretter qu’un ouvrage de cette importance s’attache à développer avec autant de références savantes une thèse qui, sous prétexte de « détruire les poncifs » et de « dépasser les rancœurs et les tabous idéologiques accumulés, sans cesse reproduits par une sous littérature n’ayant d’historique que les apparences » (p. 10), contribue activement à fonder et à répandre une autre idéologie, qui veut à toutes fins minimiser la place de la traite négrière européenne, à la fois face aux autres traites et dans son rôle actif au sein du vaste complexe colonial dans l’essor de l’Europe entre le XVIe et le XIXe siècle. » (2)

Que l’on cesse donc de nous faire croire que l’ouvrage a été reçu sans la moindre réserve par toute la communauté scientique qui aurait applaudi son audace.

La loi Taubira reconnaît la traite négrière comme un crime contre l’humanité, et non pas comme un génocide, comme l’ affirme l’historien Olivier Pétré-Grenouilleau. En faisant une comparaison avec la Shoah - et ici, c’est bien lui qui la fait contrairement à ce qu’il insinue - il désire bel et bien récuser la qualification de crime contre l’humanité de la traite négrière et de l’esclavage. En quel nom ? Au nom d’un exclusivisme malsain. Voici donc les véritables raisons de la plainte déposée contre Olivier Pétré-Grenouilleau. C’est pour « contestation de crime contre l’humanité ».

Le chapitre 1 du Code pénal, Article 211-1, évoque le cadre définitionnel du terme « génocide » :
« Constitue un génocide le fait, en exécution d’un plan concerté tendant à la destruction totale ou partielle d’un groupe national, ethnique, racial ou religieux, ou d’un groupe déterminé à partir de tout autre critère arbitraire, de commettre ou de faire commettre, à l’encontre de membres de ce groupe, l’un des actes suivants :
 atteinte volontaire à la vie ;
 atteinte grave à l’intégrité physique ou psychique ;
 soumission à des conditions d’existence de nature à entraîner la destruction totale ou partielle du groupe ;
 mesures visant à entraver les naissances ;
 transfert forcé d’enfants.
Le génocide est puni de la réclusion criminelle à perpétuité.
Les deux premiers alinéas de l’article 132-23 relatif à la période de sûreté sont applicables au crime prévu par le présent article. »

Le chapitre II, Article 212-1, définit le crime contre l’humanité :
« La déportation, la réduction en esclavage ou la pratique massive et systématique d’exécutions sommaires, d’enlèvements de personnes suivis de leur disparition, de la torture ou d’actes inhumains, inspirées par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux et organisées en exécution d’un plan concerté à l’encontre d’un groupe de population civile sont punies de la réclusion criminelle à perpétuité.
Les deux premiers alinéas de l’article 132-23 relatif à la période de sûreté sont applicables aux crimes prévus par le présent article. »

Nous avons donc deux crimes que le législateur reconnaît comme étant parfaitement distincts l’un de l’autre. Et c’est bien Olivier Pétré-Grenouilleau qui, de lui-même, s’octroie le droit de saisir la définition du crime contre l’humanité pour l’ amalgamer volontairement avec celle de génocide afin d’ en disqualifier la légitimité. La loi Taubira évoque la reconnaissance de la traite négrière et de l’esclavage comme « crime contre l’humanité » et non pas comme « génocide ». Ce terme de génocide n’est d’ailleurs employé dans aucun des 5 articles de la loi Taubira.

Dans ce cas, comment est-il possible que lorsqu’un amalgame est fait par l’historien lui-même ( cf : « C’est aussi le problème de la loi Taubira qui considère la traite des Noirs par les Européens comme un crime contre l’humanité, incluant de ce fait une comparaison avec la Shoah. Les traites négrières ne sont pas des génocides... » ), l’on n’entende pas Alain Finkielkraut, Élisabeth Lévy et Marc Ferro protester contre ce confusionnisme ? Et comment expliquer, qu’au contraire, ils aillent tous prendre la défense d’Olivier Pétré-Grenouilleau que l’on ose présenter comme victime de la bien-pensance face à des hordes de communautaristes aigris cramponnées à leurs seuls ressentiments ?

Que signifient toutes ces manipulations ? Tout simplement que certains intellectuels français tentent d’instiller le venin de la défiance. Venin qui va laisser croire aux Français de souche que des hordes de « communautaires » hirsutes, basanés et crépus dans leur grande majorité, suintant de haine revancharde, cherchent à leur imposer leurs propres vérités par la terreur qu’ils installent. Ainsi, on se propose comme rempart face à un « autoritarisme ethno-communautaire », dopé au gène de l’anti-France. Tout ceci, après avoir préalablement pris soin de confectionner soi-même cet ennemi idéal. Les apparatchiks permettent ainsi à tous ceux qui se reconnaissent de la pensée dominante de pouvoir dire ce qu’ils veulent au nom de la loi ( liberté d’expression ), et ce, même si cette liberté va à l’encontre d’une autre loi ( négation de crime contre l’humanité ).

Reprenons pour bien nous faire comprendre : La loi Gayssot adoptée le 30 juin 1990 considère la négation de crime contre l’humanité comme un délit. C’est ainsi, qu’on le veuille ou non. Olivier Pétré-Grenouilleau s’adonne à cette négation en affirmant que, avec l’esclavage des nègres, l’on entre là dans le cadre du simple commerce. Et personne ne trouve rien à y redire, si ce n’est mettre en exergue sa qualité d’historien sérieux.

Nicolas Sarkozy est adepte de la même politique. Il invente totalement une crispation identitaire qui exigerait une repentance imaginaire. Puis il file s’indigner dans le Soir 3 : « Non mais, je vais vous le dire, je vais vous le dire. Premièrement, je crois qu’il faut cesser avec la repentance permanente en France pour revisiter notre histoire. Mais ça devient ridicule ! (...) ».

Qui a ordonné une repentance publique de la France ? Personne. Il a seulement été mis en parallèle l’évidente dissymétrie existant entre les idéaux républicains, qui font la fierté des Français, et la façon dont ont été traités les peuples colonisés victimes de l’arbitraire : les actes ont trahi la théorie, et la moindre des choses serait de l’admettre. Mais Nicolas Sarkozy, comme d’autres, ne supporte pas ces évocations qui mettent à mal autant les mythes fondateurs de la Nation que cette culture bien française de l’auto-enivrement. Alors il s’invente une noblesse d’âme, un courage face au politiquement correct. Il créé l’ennemi idéal et va flatter l’ego des nostalgiques du « pays réel ». Nostalgiques qu’il drague ouvertement.

Le journaliste Jean-Pierre El Kabbach insistait, quant à lui, le 9 décembre dernier devant François Hollande, pour que la loi Taubira s’élargisse et englobe les traites arabe et inter-africaine. Le numéro 1 du PS acquiesça à la requête du journaliste.
Cette thèse de l’égale criminalité des « traites négrières » émane indirectement du livre d’Olivier Pétré-Grenouilleau. Ce livre a réellement enchanté Jean-Pierre El Kabbach qui voyait enfin à travers lui la possibilité de mettre en accusation la traite pratiquée par les Arabes. On relativisait ainsi la spécificité de la traite et de l’esclavage européen.

Dans ce cas, pourquoi ne pas inclure dans la reconnaissance de crime contre l’humanité, la traite inter-européenne visant les Slaves et les Caucasiens ? Le terme « esclave » est un héritage du haut Moyen-Âge, époque où Germains et Byzantins déportaient des Slaves des Balkans pour en faire leurs esclaves. Du VIII ème au XI éme siècle, le marché de Verdun était spécialisé dans la vente d’esclaves, tous blancs et Européens. Sommes-nous dans un crime contre l’humanité ? Au XIII ème siècle, la Compagnie Catalane razziait des Grecs pour les réduire en esclavage. Et la traite ottomane qui dépouilla l’Europe de millions ( sic) de Slaves ou d’Albanais ? Et les traites esclavagistes musulmanes à l’égard des Européens du sud ? Puis chrétiennes à l’égard des musulmans d’Afrique du nord razziés sur les côtes et à l’intérieur du pays par les Chevaliers de Malte et d’autres pirates ? Puis encore les républiques maritimes de Venise et de Gênes ayant, toutes deux, bâti des fortunes grâce au commerce d’Européens vendus aux Arabes et à d’autres musulmans. Et pourquoi ne pas faire de toutes ces traites des crimes contre l’humanité ? On le pourrait après tout.

Mais le point commun entre toutes ces traites est que les victimes ont été assimilées par les oppresseurs. Les milliers d’Européens esclaves en Afrique du Nord au temps des barbaresques sont aujourd’hui algériens ou tunisiens. Idem pour tous les autres captifs des autres traites : rien ne les distingue de leurs concitoyens parmi lesquels ils se sont fondus, contrairement aux Noirs qui croupissent par millions dans les ghettos des mégapoles américaines, les favelas brésiliennes et qui traînent encore sur leur faciès la marque de leur extraction africaine. Ils continuent, encore aujourd’hui, à pâtir des mêmes préjugés, du même racisme et de toutes les pathologies que ce dernier a généré. Et le monde se rit d’eux en tournant leur souffrance en dérision.

Il faut être cohérent : si l’esclavage des nègres n’a aucune spécificité et entre dans le cadre normatif d’une époque, dans ce cas, il n’est pas plus un « crime contre l’humanité » que les autres formes d’esclavage. Soit on admet sa particularité.

On a assisté dernièrement à un tir groupé de quelques bonapartistes essayant de défendre l’idée d’un Napoléon rétablissant l’esclavage en 1802 pour des raisons économiques. Seulement, ce n’est pas que l’esclavage qui est rétabli par notre dictateur éclairé. Une série de mesures d’exception racialement orientées sont prises dans le même temps.
Lorsque Napoléon expulse de l’armée tous les officiers noirs et mulâtres le 29 mai 1802, puis en fait de même à l’égard des élèves de Polytechnique, est-ce que cette épuration raciale est motivée par des raisons économiques ?
Le 2 juillet 1802, l’entrée du territoire continental est désormais interdite aux Noirs et mulâtres. Des raisons économiques en sont-elles à l’origine ? Si oui, lesquelles ?
Le 8 janvier 1803, les mariages inter-raciaux entre Blancs et noirs sont officiellement interdits en République : raisons économiques encore ?

Lionnel Lucca, élu UMP des Alpes Maritimes, en voilà un autre de tartuffe. Il défraya la chronique dernièrement pour avoir glosé sur le rôle positif de la colonisation. En quels termes ? Il affirma que sans « la colonisation, ni Léon Bertrand ni Azouz Begag ne seraient ministres de la République française ». Il s’est défendu d’avoir quelque arrière-pensée méprisante dans ce propos qu’il jure être anodin et non-diffamant.
Or il se trouve que presque tout le monde a compris la même chose : sans notre apport civilisationnel à nous, Blancs d’Europe, Azouz Begag mangerait des dattes sur son chameau et Léon Bertrand vivrait dans une hutte au milieu de la jungle congolaise avec, comme voisins, des bonobos. Grosso modo ça revenait à cela.
Mais que dit tartuffe pour se défendre ? Que son propos aurait pu s’adresser à lui-même, puisque fils d’immigré il est. Très bien. Nous voilà bien avancé. Au fait, depuis quand a-t-on besoin de la colonisation pour être ministrable ? Des membres du gouvernement français, dont les parents ou grand-parents sont arméniens comme Patrick Devedjian, turcs comme Édouard Balladur, doivent-ils eux aussi quelque chose à la colonisation quand les pays de leurs aïeux n’ont pas été colonisés par la France ? Quel est exactement le rapport ? Si un Turc de naissance peut devenir premier ministre de la France sans être un descendant d’ex-colonisés, pourquoi cette logique serait-elle refusée à des originaires de Guyane et d’Algérie ? Pourquoi les renvoyer à leur couleur et leur origine ?

Bien sûr, le lien causal entre l’origine et les compétences du ministre est insignifiant. Un Norvégien d’origine peut naître en France, faire de brillantes études à l’ÉNA et finir ministre sans que l’histoire coloniale n’entre en compte dans le débat...

On a évoqué la « droite décomplexée ». Elle arrive. Elle surfe sur l’écume dont se nourrit le Front national. Elle fait d’ailleurs du « Front national light ». Il suffit juste de le savoir.

© Kahm Piankhy - Texte libre d’utilisation, conditionné par la citation de la source - décembre 2005

Source : www.Piankhy.tk

Note :

1. Le cas Petré-Grenouilleau. Traites négrières et esclavage : les enjeux d’un livre récent. Article publié dans la revue Hommes et Libertés ( septembre 2005 )

2. Ibid. Reproduction totale de la note 1 de l’article de Marcel Dorigny :
Le Nouvel Observateur du 3 mars 2005, n°2104 en a fait la principale référence de son dossier intitulé pompeusement « La vérité sur l’esclavage », signé Laurent Lemire, qui foisonne, par ailleurs, d’approximations et de contre-vérités historiques (http://www.nouvelobs.com/dossiers/p2104/a263983.html ). L’Express du 14 mars 2005 lui donne largement la parole : « Dans cette histoire, il n’y a pas de coupable idéal ni de victime éternelle. Il faut cesser d’envisager la question sous le seul angle de la morale ». [...] Il n’y eut pas une, mais trois filières de traite. De 1450 à 1867, les grandes nations européennes ont déporté et vendu 11 millions d’Africains aux Amériques. Mais, depuis le VIIe siècle, avec l’expansion de l’empire musulman, jusqu’aux années 1920, les traites orientales ont conduit à la déportation d’environ 17 millions de personnes. Quant à la traite « interne », entre royaumes africains, elle a réduit en esclavage près de 14 millions de personnes. « Il faut admettre qu’il s’agit du premier exemple de grand commerce international entre Blancs, Noirs et Arabo-Turcs, rentable pour toutes les parties », poursuit Olivier Pétré-Grenouilleau. » Quant à L’Expansion du 29 juin 2005, qui publie un interview de lui, il le présente comme « le meilleur spécialiste français de l’histoire de l’esclavage », qui « n’a pas peur de bousculer la “ bien-pensance” » et « vient de publier un ouvrage de référence, Les Traites négrières (Gallimard), qui s’efforce d’établir les faits avant de faire la morale ».

Messages

  • Je ne suis pas historien , juste un citoyen lambda qui a un peu lu quand meme .
    Oui l’europe a été esclavagiste au XVIII eme et dans la moitié du XIXeme siecle , au sens de la traite , car elle a aussi pratiqué le travail forcé dans differentes colonies jusqu’au XXeme siecle .
    Ceci etant dit , et sans vouloir attenuer les responsabilités des européens , est il injustifié de dire qu’aux memes moment l’esclavage existait en Afrique , que les peuples africains y avaient recours , que les arabes etaient grands pourvoyeurs des marchés aux esclaves ?
    Est il faux de dire qu’en plein milieu du XXeme siecle , des pays comme la Mauritanie , le Soudan, et d’autres pays africains pratiquaient l’esclavage ? La Birmanie ne vous dit rien ?
    Est il faux de dire que dans certaines ambassades africaines de paris , le traitement du personnel de maison s’apparentait à l’esclavage ?
    Je n’entrerai pas dans le débat qui consiste à savoir si le crime contre l’humanité est plus ou moins grave que le genocide , devant l’horreur humaine à l’etat brut , je vous laisse le soin de disserter sur ce point.
    claude de toulouse .

    • Le passé est le passé, et bein sûr qu’il faut commémorer l’histoire des traites chrétiennes et musulmanes- et bien sûr qu’il y a eu la traite africaine à l’origine de l’esclavage africain ainsi que la collaboration de commercants d’origine juive, parce que il s’agissait d’un commerce légal et trés lucratif, qui a été légalisé par les chretiens, les musulmans et les chefs des tribus africaines.

      Mais quelle est la situation aujourd’hui dans l’ex empire coloniale francaise-Les blancs ont été chassés de l’afrique- Il n’y a aucune communauté intégré de blancs en afrique - uniquement des communautés commerciales, de buisness et des coopérants- Allons !! Le racisme des ex- cloniosés contre les blancs est bien connus- Il n’y aucune chance pour un blanc ou même un libanais ou Vietnamien de devenir ministre au Sénégal ou au Mali, ou ailleurs, malgré leurs poids économiques- Aucune TV africaine va désigner une blanche comme MISS AFRIQUE par exemple- c’est impensable- uniquement parce que en afrique- le Toubab (oreilles rouges) le Yovo- Le Musungo- etc., etc., sont discriminés- Les blancs de la métropole connaissent la situation et répliquent poliment par une esprit de plus en plus xénophobe et raciste, MALHEUREUSEMENT

      VISITEUR

    • verifie ton histoire des blancs sont patrons des grandes societes en afrique. ils sont ministres en Afrique du sud. Ils sont les conseilers plus ou moins occultes de certains presidents en Afrique.
      un petit secret(ne repete pas) si t’es blanc t’as plus de chances d’epouser un africaine le racisme anti blanc en Afrique c’est une blague

    • C’est vraiment drole de lire des commentaires de gens qui ne savent même pas "lire" et " analyser" un article et se mettent à divaguer sur la "gravité" du crime contre l’humanité par rapport au génocide.

      cet article ne porte par sur ça du tout

      Vous n’avez même pas lu, ni compris cet article qui parle d’une autre chose qui a l’air de vous dépasser : il y est parlé de la manipulation de journalistes au sujet d’une affaire qui visait une plainte déposée contre olivier pétré-grenouillau pour des propos diffamants.

      Cette plainte était deposée par rapport à un une interview dans lequel il fait une hierarchie entre crime contre l’humanité et génocide, dans lequel il accuse la loi taubira d’attiser l’antisemitisme etc...

      Bref vous n’avez rien compris

      Anarkia ( Genka V. )

    • Mon message ci dessus s’adressait a la première reaction du toulousain Claude

      Anarkia

  • Les trois "mondes" qui ont été concernés par "la traite négrière" en ont des sequelles encore maintenant, au détriment des descendants d’esclaves issus de ce crime.

    Racisme latent ou explosif, exclusion permanente (malgrés les énormes efforts faits par des citoyens descendants d’esclaves pour "acceder" au "paradis de l’ascenceur social") sont les soubresauts et l’héritage de cette terrible histoire.

    La personne incriminée (L’historien Marc Ferro) dans l’affaire concernée aurait dit :

    ..../.... Au nom de ce genre d’oukase victimaire, nous faudra-t-il bientôt oublier que ce sont les nations européennes qui, après l’avoir pratiqué à grande échelle, ont aboli l’esclavage .../...

    Si cette citation est juste, il l’est également de rappeler que la bataille contre l’esclavage, non terminée encore, ne se fit pas ainsi aisément mais fut un combat féroce contre les salauds, les racailles qui s’enrichirent et avaient interets au maintien de ce crime contre l’humanité.

    Leurs profits ne furent pas confisqués, ils n’allerent pas en prison pour leurs crimes...Les propriétés cossues et les fortunes de certaines familles bordelaises, faites à cette époque, par exemple, ne furent pas saisies au profit de leurs victimes. Les organisateurs ne furent pas condamnés au bagne (pourtant les "rebelles" le furent) . Plus prosaiquement , même encore maintenant, attaquer quelqu’un pour esclavage n’est pas simple. Car la crainte existe toujours, chez les possedants, qu’au travers de ce type de crime on s’attaque à l’exploitation habituelle de l’homme par l’homme qui, souvent, en est très proche (le statut même de salarié inclus une délégation de citoyeneté incroyable au profit des patrons, une exeption qui abolit une grande partie des bienfaits de la démocratie).
    Pourtant, en soi, traîté comme un autre crime, l’escalavage moderne ne devrait pas poser de problème à être condamné. Mais....ce n’est que récemment qu’on a commencé à s’attaquer à ce type de crime effroyable, transformant un être humain en bien meuble (encore une fois l’achat d’une entreprise par une autre entreprise n’est-elle pas également la vente de la seule richesse réelle d’une entreprise, à savoir ses salariés ?).
    Là, l’esclavage moderne se nourrit de l’enfermement des esclaves (confiscation des papiers d’identité, assujetissements par la force ou le besoin , etc) à la difference du statut actuel des salariés. D’ailleurs, la simple confiscation des papiers d’identité par un patron devrait amener condamnation pour esclavage avec saisies des biens de l’esclavagiste et remise de ceux-ci à la personne ayant subit cette infamie.

    Mais sur le fond, l’esclavage a pour objet l’exploitation et le profit.

    La question de l’esclavage est inséparable des problèmes génériques de l’exploitation de l’homme par l’homme, même si elle en est un extreme terrifiant. La gène d’une partie de nos gens de cour vient de là....

    Cette bataille ne fut pas terminée avec l’abolition de l’esclavage puisque maintenant nous retrouvons, concretement, dans nos sociétés, de très puissantes inégalités sociales en défaveur des descendants d’esclaves...
    Une partie des morts noirs de la Nouvelle-Orleans de l’ouragan Katrina sont, incontestablement, des victimes tardives des consequences de cet esclavage...

    Une partie des victimes du Chik à la Réunion et à Mayotte sont incontestablement des victimes tardives de la langueur dûe à une vieille habitude inégalitaire de l’appareil d’état (politiques compris) vis à vis de territoires et départements français regardés comme differents en droits par la couleur de peau de l’essentiel de leurs habitants, sequelles tradives de l’exploitation esclavagiste...

    Nous aurons, de mêmes exemples, grands et petits, extremement nombreux, des consequences tardives de ce crime contre l’humanité que fut l’esclavage, en maintenant une grande partie des inégalités nées de ce crime, avec le racisme comme pretexte.

    Le combat contre l’esclavage n’est pas terminé en Europe, des millions de citoyens européens (essentiellement britanniques et français) en subissent toujours les consequences lointaines en affrontant le racisme, la discrimination, la haine sociale des dominants (bourgeois, "intellectuels" bien en cour auprès des médias, propriétaires immobiliers, etc)...

    Et ceux-ci, malgrès les propos infâmes sous-tendus par certains , n’ont pas de nation de rechange, ni de société de rechange, et ont autant de droits sur la république que des gens d’autres origines , dont les ancêtres sont venus beaucoup plus récemment, mais qui se targuent de mépriser des gens en prenant appui de leurs couleurs de peau et de préjugés invraissemblables d’ignorance et de mépris.

    ..../.... Au nom de ce genre d’oukase victimaire, nous faudra-t-il bientôt oublier que ce sont les nations européennes qui, après l’avoir pratiqué à grande échelle, ont aboli l’esclavage .../...

    De prendre ainsi l’Europe en un bloc,

    .... c’est essayer d’embrigader, aux côtés des esclavagistes avant l’abolition de l’esclavage ceux qui lutterent contre l’esclavage en Europe ;

    .....c’est essayer d’amnistier les fortunes construites sur ces crimes , essayer de mettre dans le même honneur, après l’abolition, les esclavagistes avec ceux qui combattirent ce crime.

    C’est en définitive essayer de "blanchir" des crimes grace au combat de ceux qui lutterent contre ces crimes !
    Nous trouvons aussi, d’autres historiens "françistes", qui essayent de diluer les crimes du passé et leurs consequences actuelles, au nom du fait que ceux-ci se firent dans l’histoire commune d’une partie de nos ancêtres alors qu’une autre partie les combattaient...

    Ce n’est pas là un travail d’historien mais un travail de blanchisseur...
    Et ça empeche de voir les forces sous-jacentes de l’esclavage et dont l’aspect raciste n’est là qu’une utilité et une justification : La rapacité, l’exploitation extreme en vue du profit dans des conditions terrifiantes que seul l’esclavage permettait d’atteindre...

    ....Le profit, avec comme comburant le racisme et l’esclavage.

    Et je pense que, dans ces secousses, c’est là que git la cause des batailles actuelles, légitimer le racisme ambiant des bourgeois : C’est bien une grande partie des patrons et de l’encadrement des entreprises qui sont racistes à l’embauche et dans le management, c’est bien une grande partie des propriétaires, possesseurs d’appartements qui sont racistes en excluant des gens suivant leurs couleurs ou leurs noms...

    Haine sociale (traiter de "privilégiés" les seuls créateurs de richesse dans notre société, les salariés)...
    Haine raciale (Essayer de diviser les couches sociales majoritaires en s’attaquant à une partie d’entre elles par leurs couleurs présumées, leurs croyances présumées, leurs incultures présumées, etc)...
    Blanchissage historique des crimes : "Les autres ont fait pareil donc nous ne sommes pas trop criminels"... Comme si l’état français , pour un autre type de crime, le crime de génocide, diluait ses responsabilités au motif que l’état nazi fit pire. Etats et populations ne se conjuguant pas là. C’est bien l’état français qui fut complice et non les combattants contre le fascisme pétainiste ou nazi.

    A noter que ces discours et ces pratiques très majoritaires dans la bourgeoisie ne sont pas partagées par tout le monde, même dans la bourgeoisie.

    L’Europe là dedans n’est pas un bloc et n’a jamais été un bloc, comme les autres sociétés d’ailleurs, sur la question de l’esclavage, dés lors que les citoyens eurent une relative liberté d’expression.

    Qu’une partie des autres régions du monde aient leur propre travail de mémoire à faire sur des crimes contre l’humanité du passé et du présent, nul doute. Mais c’est leur chemin. Chacun les siens.

    Le notre est de continuer celui qui combattit l’esclavage, d’en corriger les consequences actuelles. Et nous sommes là très loin du compte. Oui les consequences injustes de l’esclavage frappent toujours des citoyens français. Tant que celles-ci n’auront pas été résorbées pour l’essentiel , le combat contre l’esclavage ne sera pas clos.

    Et la meilleure façon est d’abord de reconnaître l’extraordinaire crime contre l’humanité que fut l’esclavage... En nier sans cesse l’importance, indiquer que l’abolition de l’esclavage a clos le débat, serait, toutes proportions gardées, estimer que la victoire contre le nazisme a suffit à traiter l’ensemble des questions ayant trait à ce régime criminel.

    Je ne suis pas completement persuadé que la reconnaissance officielle par la république de l’esclavage comme crime contre l’humanité soit le moyen le plus éfficace de regarder en face de type de crime et de lutter contre les conséquences de celui-ci. J’ai méfiance envers ce type de croyances envers la république pour résoudre des problemes .

    Mais ça part d’un bon esprit et dans le bon sens.

    Par contre, la resistibilité d’une partie des "intellectuels" en cour auprès des médias, vient , je pense, que l’esclavage a pour objet une exploitation extreme de l’homme par l’homme et acquiert pour certains, par ce seul motif, une atténuation de son caractère criminel. A la difference d’autres crimes qui n’eurent pas, apparemment du moins, de justifications exploiteuses (la réalité est souvent beaucoup plus complexe, le capitalisme ayant souvent une formidable habilité à utiliser toutes les haines et differenciations pour avancer).

    Le fond qui gène là est le profit , car, dans le chant actuel unanimiste des médias bourgeois, le profit est moral, l’exploitation, la précarité sont valeurs morales....

    Il n’est donc pas de bon ton de trop critiquer une exploitation extreme comme l’esclavage, et il est de bon ton d’en attenuer, d’en diluer la responsabilité et d’essayer d’enrégimenter les exploités européens dans la responsabilité de l’esclavage, comme d’enregimenter les esclavagistes dans l’honneur de l’abolition de l’esclavage.

    S’attaquer aux consequences de l’esclavage c’est également s’attaquer à tout ce qui met sous coupe réglée la liberté des hommes et des femmes, au profit d’interets privés. La dénonciation de l’esclavage ne peut faire l’impasse de son moteur essentiel : le profit.

    Copas

    • Pour continuer sur ce que tu dis de la moralité du profit dans nos sociétés actuelles, j’ai toujours été choqué qu’on nie ou occulte souvent le caractère criminel d’actes commis au nom du profit ou du développement économique. Par exemple la colonisation, les guerres, mais aussi les affaires de l’amiante, etc.
      En revanche je suis surpris qu’on évoque jamais au sujet du génocide des juifs par le régime nazi, son aspect de pillage organisé, de confiscation de tout ce que ces gens pouvaient avoir de quelque valeur, et qu’on ait toujours insisté sur le caractère purement gratuit et raciste de ce génocide, ce qui est faux.

    • Copas, je ne sais pas si la volonté de cet historien est si politisée que tu sembles le dire. Je suis bien entendu conscient que l’eslavage a été pour beaucoup une source de profit et donc de reconnaissance sociale.
      Cependant je crois qu’il faut distinguer deux types d’esclavagisme, le premier économique et le second fondamentalement raciste et xénophobe, je ne cherche pas à créer un degré dans l’horreur, ces deux pratiques ont pour moi aussi condamnables. J’insiste sur cette différence, car la société des ces siècles (noirs pour le pays des droits de l’homme) était raciste. Doit on attaquer Larousse pour sa définition de nègre dans le dico de 1832 : ..."race à la peau noire... inférieure à la race blanche." ?(cité de mémoire mais les termes sont justes.)
      Je m’explique sur cette digression. Il me semble que l’historien cité cherche plus à discréditer le peuple arabe. En effet, je crois qu’il est de bon ton aujourd’hui d’une aprt de redorer le blason de ces bons français colonisateurs et d’enfoncer d’autre part ces traitres sultans et autres qui ont auusi été anti noirs et on vendu leur peuple aux blancs etrangers etc etc ... cela participe de la tendance à qualifier le peuple arabe dans son ensemble de : terroriste, anti sémite (alors que les arabes sont des sémites je vous le rappelle) et exclavagistes.
      Cela permet de justifier la pressurisation du moyen orient au niveau international mais aussi les divers nettoyages au karsher et autres sélections à l’entrée de notre pays. Cela fait donc partie d’un tout effectivement, mais je ne crois pas qu’il se situe dans la perspective de la lutte des classes.

      Sinon tu parlais des bordelais, sache qu’aujourd’hui encore il est impossible aux diverses associations de faire changer les noms des principaux cours bordelais qui porte le nom des grandes familles de négoce qui ont fait notre bonne ville de bordeaux (version officielle), mais qui étaient aussi les plus grands négriers de france !!!!!

      Maxime

    • Maxime,

      Tu as raison sur l’historien concerné, sur les historiens concernés. Je ne lui prête pas l’ensemble de ce que je dénonce, très loin de là. Je ne pense même pas qu’il ait conscience de 1% des consequences de son integration dans cette polémique.

      Mais je pense qu’il résonne, avec ses éléments , dans un contexte plus large qui a trait au caractère directement exploiteur de l’escalavage.
      Deux des gènes essentielles de la denonciation de celui-ci sont le caractère exploiteur de l’esclavage et le fait que des gens très nombreux continuent d’en subir les consequences maintenant ...

      Sans le profit pour objectif, il n’y a pas d’esclavage, sans l’appropriation absolue et inhumaine du travail d’autrui il n’y a pas d’esclavage.

      Le racisme là dedans n’est qu’un comburant de l’esclavage, pas le carburant essentiel. Le racisme permet de justifier l’abomination de l’esclavage, mais n’en est pas l’objectif.

      Tandis que dans l’anti-semitisme nazi (je parle de celui-là precisement) l’expropriation et le vol des biens des victimes est la divine surprise, la cerise sur le gateau des salauds qui se l’approprient. Il est comburant (pour reprendre mon analogie) et pas carburant.
      Maintenant on peut remonter en arrière et voir qu’à un moment une partie de la droite et la majorité de la bourgeoisie détourne la colère et le désir de révolution des allemands vers le racisme... Mais c’est en amont . Et l’expropriation et le vol des biens des juifs ne peut se faire qu’une fois.

      L’esclavage est repris theoriquement par les nazis dans leurs discours sur les Slaves. Ce qu’ils feront d’ailleurs dans leurs entreprises industrielles.

      Mais tu as raison sur l’historien concerné, il n’est pas, et de loin, concerné par l’essentiel de mes remarques sur l’esclavage européen.

      Copas

    • ....à montrer les inquiétants progrès de la soviétisation des esprits en France »

      İl dit vrai de sa fenetre ,les fachos historiquement se sont casser les dents dans les frontieres sovietique du sabre du peuple "soviet" et son chef le grand pere des peuples le grand Joseph Staline ...n’en deplaise aux faux cul gauchiste complexe bourgeois ,sans lutte de classe pas de gauche point

      dino zore