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José écrit à la Conf’

Publie le vendredi 25 juillet 2003 par Open-Publishing

José écrit à la Conf’
 la lettre http://www.confederationpaysanne.fr/lettre_jose_bove.htm

Salut à toutes et tous,

Je tiens tout d’abord à vous rassurer : je vais bien. Le moral est bon et la
prison n’est pas prête d’émousser ma détermination et ma combativité. Que
ceux qui pensaient que mon incarcération, après un enlèvement digne des pays
les plus totalitaires, allait me plonger dans la désolation en soient pour
leurs frais ! Il n’en est rien. C’est à la fois un aveu de faiblesse de leur
part et une tentative d’imposer, par la force, ce que nous refusons tous.

Le débat sur les OGM est revenu au premier plan. La levée du moratoire ne
pourra pas se faire en catimini. Les Etats devront assumer leurs
responsabilités. C’est bien un choix de société auquel nous sommes
confrontés. La logique marchande du monde face au respect des droits
fondamentaux, voilà l’enjeu. Et l’avenir des paysans et de l’agriculture est
au centre de cette alternative fondamentale.

Depuis le 22 juin, il n’est pas un jour sans que j’ai les échos de ce qui se
passe dehors. Je reçois des témoignages quotidiens par vos lettres, de la
mobilisation qui se développe sur tout le territoire et même à l’étranger.
Ici, derrière les barreaux, lire, entendre à la radio ou voir à la télé
comment vous réagissez, comment vous inventez la solidarité, donne des
forces considérables.

Je tiens particulièrement à vous remercier pour tous les efforts que vous
avez déployés pour exiger du Président Chirac que je sois libéré après le 14
juillet. D’après ce que je lis, vous avez été plus de 800000 à le harceler
pour qu’il prenne une position politique cohérente avec ses discours
internationaux. Il n’en a rien été ! Les masques sont tombés. Plus personne
ne se fait d’illusion, au moins les choses sont claires maintenant. Seuls
les rapports de force permettront de conquérir et d’acquérir de nouveaux
droits. L’élan de solidarité a montré, plus que jamais aussi, que le combat
de la Confédération paysanne n’était pas isolé et qu’il s’intégrait dans l’
ensemble du mouvement social de résistance au modèle néolibéral.

Je suis frappé dans les lettres que je reçois de la diversité d’origine
sociale, syndicale ou politique qui soutient notre combat. C’est une preuve
concrète de ce que nous affirmons depuis des années. La Confédération
paysanne, par sa pratique, sort des corporatismes archaïques et contribue à
mener le débat pour la construction d’un véritable mouvement social de
luttes. OGM, souveraineté alimentaire, répressions anti-syndicale et
anti-sociale, droits fondamentaux, services publics et culture se rejoignent
pour dénoncer la marchandisation accélérée de la planète. C’est pourquoi,
plus que jamais, le rendez-vous des 8, 9 et 10 août sur la Larzac est
fondamental. Il sera le point de départ pour la mobilisation contre les
politiques de l’OMC, mais aussi, pour la mise en place de convergences afin
d’affronter les visées antisociales du gouvernement Raffarin en septembre.
Ma participation à vos côtés pour ces journées, comme vous le savez, est
fortement compromise. Toutefois, je serai à vos côtés par la pensée. Je vous
soutiendrai à ma
manière.

Le combat continue, globalisons les luttes pour globaliser l’espoir !

José Bové

le 21 juillet 2003