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Condamnés pour arrachage d’OGM, les "Onze d’Avelin" soumis à des prélèvements d’ADN

Publie le vendredi 30 juin 2006 par Open-Publishing
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Condamnés pour arrachage d’OGM, les « Onze d’Avelin » soumis à des prélèvements d’ADN

Faut-il réserver le fichier des empreintes génétiques aux seuls délinquants sexuels ou l’étoffer en y faisant entrer des personnes condamnées dans un tout autre registre ? Le débat rebondit dans la région puisque les « Onze d’Avelin », des militants anti-OGM condamnés à l’automne dernier à Lille, doivent se soumettre à des prélèvements d’ADN.

PAR DOMINIQUE SERRA

En octobre dernier, le tribunal de grande instance de Lille condamnait au terme de deux jours de procès les « Onze d’Avelin ». Le jugement, moins sévère que prévu, infligeait un mois de prison avec sursis à huit militants. Trois élus écologistes, Éric Quiquet, adjoint au maire de Lille, Alain Alpern et Dominique Plancke, vice-présidents du conseil régional, compte tenu de leur mandat électif, recevaient une peine plus lourde (deux mois de prison avec sursis).
Les « Onze d’Avelin » avaient choisi de ne pas faire appel. Ils pensaient bien en avoir terminé avec ce volet nordiste de leur combat contre les OGM (plusieurs d’entre eux sont actuellement poursuivis pour d’autres opérations menées comme « faucheurs volontaires » dans d’autres régions).

Salive et empreintes

Ils ont appris il y a quelques jours qu’ils devaient se soumettre à un prélèvement d’ADN en application de la loi sur la sécurité intérieure d’octobre 2003.
Les premières convocations concernent les élus nordistes. À la demande du procureur de la République, les deux élus Verts lillois, Éric Quiquet et Dominique Plancke, se sont présentés hier après-midi au commissariat central de Lille.
« La loi Sarkozy élargit le champ d’application du fichier d’empreintes génétiques, il était autrefois limité aux auteurs de délits sexuels, il concerne désormais toutes les personnes condamnées définitivement », explique Dominique Plancke. La condamnation pour dégradation de biens d’autrui en réunion après la destruction d’une parcelle de betteraves génétiquement modifiées en septembre 2001 à Avelin suffit donc à justifier l’entrée dans ce fichier.
Après une vérification d’identité, dans un local au sous-sol du commissariat, à deux pas des cellules de garde à vue, les deux militants se sont donc prêtés au prélèvement de salive permettant la détermination de l’ADN ainsi qu’aux prises d’empreintes digitales. Au total, le passage au commissariat a pris une petite demi-heure.

Dispositif ciblé ?

« En cas de refus, c’est un délit passible d’un an de prison et de 15 000 E d’amende », indique Dominique Plancke. L’élu écologiste ne mâche pas ses mots sur ce nouvel épisode. « Je me demande ce que la France va faire de cet énorme fichier, au-delà du principe de l’élargir à tous les délits, il y a un problème de budget, le kit coûte 30 E, l’analyse 100 E, on fait perdre du temps aux policiers et on inflige une humiliation supplémentaire à des militants », résume le porte-parole des « Onze d’Avelin ». Me Emmanuel Riglaire, l’avocat des « Onze d’Avelin », relève que la première loi instaurant le fichier d’empreintes génétiques en 1998 est régulièrement « toilettée ». Sans nier l’utilité de principe d’un fichier qui a permis d’élucider plusieurs crimes, il s’interroge sur son extension. « On est en train de ficher tout le monde, y compris dans le cadre d’une action symbolique et revendiquée et les personnes dans le fichier devront justifier de leur adresse tous les six mois. » L’avocat s’interroge sur la réelle application du dispositif à tous les condamnés : « Je serais curieux de connaître les statistiques de réalisation de ce test sur l’ensemble des condamnés à Lille, je me demande si on ne cherche pas à intimider des militants. »

La voix du nord, 22 juin 2006

http://www.lavoixdunord.fr/journal/...

http://www.infogm.org/breve.php3?id_breve=467%20color=

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