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Montreurs d’ours : le commerce des apparences

Publie le vendredi 11 août 2006 par Open-Publishing

Alors que le ministère de l’écologie, en bon samaritain, s’évertue à réintroduire des plantigrades dans les Pyrénées, ce même Etat accorde le droit à une dizaine de dresseurs et montreurs d’exhiber leurs bêtes aux quatre coins de l’hexagone. Paradoxe ?
Sur la forme, probablement. D’un côté l’Etat se montre préoccupé et actif pour une sauvegarde des ours, s’émeut publiquement des attaques proférées contre tel ou tel ursidé persécuté par les antis, mais de l’autre, dans l’ombre des bureaux de l’avenue de Ségur, il apporte son soutien sans réserve - ou si peu - à l’exploitation de plusieurs dizaines d’ours en accordant des certificats de capacité à ceux qui font profession de "montreurs"...

Sur le fond, la démarche semble plus vicieuse. L’Etat défend l’image mais dédaigne l’individu. L’ours de Pyrénées n’est rien d’autre qu’une image d’Epinal, une carte postale pastorale, valorisante en premier plan destinée à cacher les mutilations que le France a infligées à sa flore et à sa faune. Cette vitrine est à l’opposé de la réalité dissimulée dans l’arrière-boutique, c’est ce qu’on pourrait appeler une sorte d’enrobage marketing ; l’ours des Pyrénées n’en est que l’un des articles. Car ne nous leurrons pas, l’Etat se désintéresse au plus haut point de l’animal en tant qu’être souffrant qu’il soit ours ou loup, sinon il n’accepterait pas l’exhibition des animaux dans les cirques. De plus, il néglige totalement la survie des espèces qu’elles soient de la famille des ursidés, des mustélidés (grand Hamster d’Alsace, vison d’Europe...) ou des canidés (loup...). Ce qui lui importe, c’est l’image présentée dans la vitrine "France" ; image censée convaincre les électeurs sensibles à la préservation de la nature que les élus remplissent pleinement le rôle qu’ils leur ont confié...

Les montreurs d’ours sont à l’image de ce commerce de l’apparence. Décors et costumes médiévaux, ambiances musicales sont utilisés comme la justification à des exhibitions archaïques à la rigueur acceptables à une époque où l’homme n’avait pas connaissance de la communauté physique et psychique existant entre lui et l’animal. Le prétexte de l’histoire - comme d’autres utiliseraient le prétexte de la tradition - semble représenter un parfait alibi à toutes les exploitations. Sur la base de cette raison d’être fallacieuse, le montreur, qui par définition travaille sur l’apparence, présente sa bête comme complice de son travail, certains n’hésitant pas à parler d’une relation d’amour entre l’homme et l’animal. Le spectateur est trompé (quoique de moins en moins) par cette apparence si idyllique et pittoresque. Mais, comme l’Etat, ces dresseurs se désintéressent de l’animal en tant qu’espèce comme en tant qu’être sensible. Le processus est toujours le même : privation des repères (sociaux, spatiaux, temporels...) de l’animal, annihilation jusqu’à une complète main-mise du dresseur sur la bête et contrainte par la violence physique ou/et le chantage à la nourriture notamment. En effet, il ne faut pas se leurrer, un animal sauvage de plusieurs centaines de kilos ne se plie pas aux caprices de son dresseur par plaisir...

En fait, s’il existe semble-t-il une différence entre le dresseur d’animaux ’de cirque’ et le montreur en terme de contraintes physiques infligées à l’animal, il n’en reste pas moins que le processus implique cette même dénaturation et soumission de la bête. Comme le lion, le tigre ou l’éléphant, l’ours reste esclave de l’homme.

Liste des montreurs et dresseurs d’ours en France sur http://www.code-animal.com

Entrez dans la marche pour l’abolition de l’esclavage animal : http://www.code-animal.com