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Un million d’enfants touchés par la pauvreté en France, selon le CERC

Publie le mardi 17 février 2004 par Open-Publishing

Un million d’enfants vivent en France en dessous du seuil de pauvreté défini par l’INSEE, soit près de 8% de l’ensemble des mineurs, et près de deux millions sous le seuil "européen", selon le quatrième rapport du Conseil de l’emploi, des revenus et de la cohésion sociale (CERC) rendu public mardi.

Le CERC, qui explique en détail les raisons de ce phénomène, propose des solutions pour y remédier, en esquissant le contenu d’un programme national de lutte contre la pauvreté des enfants.

Les auteurs du rapport constatent que la pauvreté des enfants provient d’abord de "l’insuffisance d’emploi de leurs parents". Et quand ces derniers travaillent, mais que leurs revenus sont bas, il se pose souvent un problème de garde. Trop cher.

De nombreuses mères font alors le choix de quitter leur emploi pour élever leurs enfants, ce qui, plus tard, rend difficile leur retour sur le marché du travail.
Le problème se pose particulièrement pour les familles monoparentales et celles ayant quatre enfants et plus, selon le CERC.

Pour remédier à ce problème, le rapport préconise la mise en place d’"un service public local organisant une offre de garde de qualité pour les enfants d’âge préscolaire ou scolaire, à l’instar de ce qui se pratique dans les pays scandinaves". Il dénonce aussi l’insuffisance des dispositifs de congé parental.

Autre idée avancée : prendre plus en compte les responsabilités familiales dans la gestion des minima sociaux, en facilitant le retour à l’emploi pour ces familles à problèmes.

Le rapport constate par ailleurs que la pauvreté des enfants concerne très fortement les familles issues de l’immigration (une famille pauvre sur quatre appartient à une famille non ressortissante d’un pays de l’Europe des 15), ce qui est révélateur des difficultés d’intégration de ces familles dans la société française.

Un phénomène qui "renforce la nécessité de la lutte contre les discriminations dans l’emploi, le logement, etc. qui pénalisent les parents et découragent leurs enfants", précise le CERC.

Le rapport préconise enfin la nécessité de lutter contre l’échec scolaire pour réduire les conséquences de la pauvreté des enfants sur leur devenir, notamment par le biais de réseaux d’aide et de soutien aux jeunes en difficulté.

Cet échec scolaire -qui risque de reproduire une situation de pauvreté- est souvent lié aux conditions de vie des enfants comme un surpeuplement du logement qui permet mal de s’isoler pour travailler, une ségrégation spatiale du logement social qui entraîne la concentration d’enfants ayant des difficultés scolaires dans les mêmes écoles ou encore un accès moindre à des biens culturels ou aux vacances.

Il existe aussi des facteurs plus indirects. Par exemple, le fait de voir que ses parents n’arrivent pas à s’en sortir peut conduire à penser que l’on n’y arrivera pas non plus.

Le CERC, créé en avril 2000, est composé de personnalités nommées par le Premier ministre. Il est présidé par l’ancien président de la Commission européenne Jacques Delors et compte notamment parmi ses membres Xavier Emmanuelli, président du Samu social international. PARIS (AP)