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CONSIGNE DE VOTE d’ATTAC : Retour sur le premier tour .

Publie le dimanche 27 mai 2007 par Open-Publishing
2 commentaires

CONSIGNE DE VOTE d’ATTAC :
Retour sur le premier tour .

De nombreuses questions se sont posées sur le fait de donner ou non une ou des consignes de vote lors des dernières élections. La question s’est beaucoup plus posée face à Sarkozy au second tour qu’au premier or il apparaît que c’est l’ensemble de la campagne qu’il faut appréhender, donc les deux tours. Un retour sur le premier tour et sur une éventuelle consigne de vote n’est pas inutile.

Certains affirmaient déjà au premier tour qu’ATTAC était une association d’ éducation populaire qui devait s’en tenir à l’explicitation critique du contenu libéral de ce qui se diffuse sans prise de position. Pour d’autres une telle abstention limitait le rôle d’ éducation populaire d’ATTAC. D’autres encore, en complément à l’argument éducation populaire précisaient qu’ ATTAC était une association de contre pouvoir pas un parti. L’idée d’indépendance par rapport aux partis a été avancée alors que d’autres pensaient que la neutralité n’était pas possible.

Pour ma part, j’ai défendu l’idée d’une consigne de vote possible au premier tour si les conditions étaient réunies. Ce qui n’était pas le cas. A défaut de position pour le premier tour j’étais contre une position précise au second.

I - LES ARGUMENTS FAVORABLES A UNE PRISE DE POSITION CLAIRE.

ATTAC dans son Manifeste opèrent des "ruptures franches" avec l’ordre existant en vu de basculer dans un "autre monde" très différent de celui-ci sur de nombreux aspects. Cela correspond à la "nouvelle dynamique" d’ATTAC.

A ) UNE CONSIGNE "EN CONTRE" : Au sein d’ATTAC tout un argumentaire est construit contre le néolibéralisme.

Au sein d’ATTAC des arguments sont construit à la fois contre l’ultralibéralisme de la droite et contre le socialibéralisme du PS. Certes tout le PS n’a pas adopté le socialibéralisme mais ici le repèrage des courants critiques n’a pas d’utilité. Une consigne de vote "en contre" au premier tour contre la droite et le PS était à priori possible. Au sein du Manifeste l’antilibéralisme est à plusieurs niveaux . Il est fort d’un contenu anticapitaliste dans quelques domaines décisifs, notamment en terme d’appropriation publique des moyens de production et de démarchandisation des services publics. Voilà qui plaidait pour un vote "en contre" : contre la droite et contre le PS.

B ) UNE CONSIGNE "EN POUR" : Au sein d’ATTAC tout un argumentaire est construit pour basculer dans "un autre monde"

Au sein d’ATTAC la distinction altermondialisation comme processus et altermondialisme comme ensemble de théories et de pratiques débouchant clairement sur un but affiché nommé "autre France, autre Europe, autre monde" n’est pas toujours explicite malgré l’élaboration d’un Manifeste de « ruptures franches ».
Néanmoins la nouvelle dynamique d’ATTAC incline à une forte sympathie pour les candidatures dites antilibérales que si grosso modo deux voire trois conditions sont remplies :
 Qu’il y ait une démarche unitaire et rassembleuse jusqu’au bout afin qu’ATTAC ne soit pas appelé à trancher entre les "trois B" : Buffet, Bové, Besancenot. Les membres d’ATTAC soutenant les candidatures antilibérales se sont aussi divisés entre les "trois B" . ATTAC ne
pouvait qu’en tenir compte. Cet argument a pesé sur les deux autres qui peuvent pour certains avoir leur importance.
 Que l’antilibéralisme affiché ait un contenu anticapitaliste suffisant en terme ’appropriation publique toute chose étant égale par ailleurs en terme d’égalité des droits pour les immigrés, pour les femmes, de mesures pour l’écologie et pour un alterdéveloppement, etc.
 Qu’il y ait parmis les antilibéraux un corpus de propositions amenant clairement "en positif" au basculement vers "un autre monde" fonctionnant sur d’autres logiques : alterdémocratie, alterdéveloppement, donc réduction de la place donnée à la finance et à la marchandisation du monde et notamment des services publics.

II - MAIS UN FACTEUR DETERMINANT A RAPIDEMENT INCITE A S’ABSTENIR DE DONNER UNE CONSIGNE CLAIRE.

A )LE VOTE UTILE ET LA DIVISION DES ANTILIBERAUX.

L’absence d’unité des antilibéraux a créé une certaine désorientation au sein de l’électorat antilibéral/anticapitaliste d’ATTAC : la dispersion des candidatures à gauche du PS combinée au souvenir de 2002 a crée une tendance lourde au vote Ségolène. Dans ces conditions une prise de position "éduc pop" précise serait allé à l’encontre de la tendance compréhensible de certains altermondialistes à voter PS au premier tour.

B) QUID DE L’ APPROPRIATION PUBLIQUE MARGINALISEE ?
(toutes les autres mesures étant égales par ailleurs)

Le thème de l’appropriation publique a été porté par Olivier BESANCENOT et moindrement par MGB et BOVE. Mais la marginalisation de ce thème n’est pas un argument aussi fort que le précédent. Si Olivier BESANCENOT a fait un meilleur score que les autres candidats et candidates à gauche du PS ce n’est sans doute pas à cause de la mise en avant de ce thème .

Une remarque gratuite : Si Yves SALESSE avait mené la campagne le thème de l’appropriation publique, des biens communs et de la démarchandisation profonde des services publics aurait été plus largement porté. Mais passons. Car de nombreux droits des travailleurs (salariés) ne peuvent aboutir que si l’appropriation publique est réalisée et la démocratisation enclenchée dans la foulée.

Christian DELARUE
Membre du CA d’ATTAC France

Messages

  • Les moyens de la démocratie économique sont le préalable aux appropriations publiques et aux capitalisations socialisées.

    Cette démocratie économique doit venir transformer conjointement la démocratie politique et la démocratie sociale.

    • Sur les liens entre démocratie et système économico-social :

      ALTER-DEMOCRATIE ET ALTER-ECONOMIE par Christian DELARUE

      http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=47228

      I - LES SYSTEMES DEMOCRATIQUES RESTREINTS

      A) Les deux niveaux de démocratie restreinte.

      Il y a deux niveaux de démocratie restreinte : une vraiment très rabougrie, une autre moins restreinte mais toujours très limitée.
      La « démocratie très rabougrie » se nomme "démocratie représentative" tel que mis en place dans la plupart des régimes dit démocratiques.
      La « démocratie restreinte » s’apparente elle à la démocratie représentative avec une "alterdémocratie" complémentaire, sorte de béquille de la démocratie représentative. L’ensemble forme encore une démocratie restreinte.

      B) Les deux conceptions de l’alterdémocratie.

      1 - La première conception : l’alterdémocratie de complément.

      2 - La seconde conception : l’alterdémocratie globale et alternative.

      II - RUPTURE FRANCHE : L’ALTERDEMOCRATIE POUR UN ALTERDEVELOPPEMENT.

      A) Rupture franche quand au champ d’application

      B) Rupture franche sur la dynamique systémique : un autre mode de production et de consommation.

      L’alterdémocratie suppose une économie généralisée de la valeur d’usage. Une telle alter-économie implique donc l’appropriation publique, la généralisation des services public et la réduction de la sphère marchande, autrement dit de l’économie de la valeur d’échange, laquelle économie masque une économie de profit du capital alors qu’il s’agit de favoriser une économie de satisfaction des besoins. L’alterdémocratie n’est donc pas seulement afférente à l’économie sociale et solidaire, complément d’âme de l’économie capitaliste (3).

      L’alterdémocratie suppose la mise en place d’une planification démocratique de la production.

      Il s’agit de réaliser un réel "développement durable" qui combine une autre production et une autre consommation. L’alterdéveloppement nomme un développement équilibré au plan écologique, territorial et un développement socialement postcapitaliste - écosocialiste (4)- donc réduisant fortement les mécanismes liés à l’exploitation de la force de travail ainsi que toutes les autres formes de domination et d’oppression que le capitalisme a "trouvé" en chemin et a maintenu voire amplifié.