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Asnières : vidéos surprenantes d’une démocratie locale en faillite

Publie le jeudi 17 janvier 2008 par Open-Publishing
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de Josiane Fischer

Le système Aeschlimann est épinglé depuis plusieurs années par les médias. L’Express notamment parle de : "guérilla judiciaire", "esprit de famille", "occupation du terrain sans relâche" (par une communication outrancière), "discrédit des adversaires", communautarisme, mises en examen, condamnations pour diffamation, affaires de favoritisme...

A Asnières, la corruption de la démocratie locale atteint aussi le fonctionnement du conseil municipal. Voici le dernier conseil de la mandature de Manuel Aeschlimann, député-maire UMP : des images qui peuvent choquer (notamment les dernières vidéos). C’est pourtant à cela que ressemblent tous les conseils municipaux à Asnières depuis quelques années. Commençons justement avec la dernière vidéo dans laquelle deux élus de l’opposition s’emparent d’un mégaphone pour se faire entendre suite aux nombreuses coupures du micro du maire et tournent en dérision le fonctionnement de la majorité de Manuel Aeschlimann (il s’agit de Bruno Casari, ex-UDF et de Jean-Jacques Semoun (ancien membre de la majorité municipale) :

Séquence finale
Bruno Casari et Jean-Jacques Semoun s’emparent d’un mégaphone pour se faire entendre lors du conseil municipal


Essayons maintenant de comprendre comment on a pu en arriver là. Voici les autres vidéos du conseil municipal du 13 décembre 2007 à Asnières-sur-Seine :

Séquence n° 1
Intervention de Bruno Casari
(conseiller municipal d’opposition, ex-UDF)


Bruno Casari fait allusion aux condamnations de certains élus de la majorité


Séquence n° 2

Intervention de Sébastien Pietrasanta
(conseiller municipal d’opposition, conseiller régional d’Île-de-France, groupe PS)


Sébastien Pietrasanta tire un bilan de la mandature actuelle.

Lire le texte intégral de son intervention sur son blog


Séquence n° 3

Intervention de Serge Danlos (1re partie)
(conseiller municipal d’opposition, ex-membre du groupe PS)


Serge Danlos affirme sa place dans l’opposition.


Séquence n° 4

Intervention de Serge Danlos (2e partie)


Serge Danlos :

- constate le refus de Manuel Aeschlimann de pratiquer la moindre ouverture ;
- fait le récit ubuesque de son entretien avec le directeur de cabinet de Manuel Aeschlimann, enregistré à son insu ;
- demande à l’UMP de retirer l’investiture donnée à Manuel Aeschlimann ;
- appelle à l’union de tous les républicains.


Séquence n° 5

Intervention de Jean-Jacques Semoun (1re partie)
(conseiller municipal d’opposition, ancien membre de la majorité municipale, ancien maire-adjoint de Manuel Aeschlimann)


Jean-Jacques Semoun dénonce de multiples « mensonges ».


Séquence n° 6
Intervention de Jean Jacques-Semoun (2e partie)


Jean-Jacques Semoun évoque la garde à vue du directeur général des services de la ville d’Asnières.


Séquence n° 7

Réactions aux premières coupures de micro


- Le public brandit des panneaux en silence

- Bruno Casari demande la parole, refus de Manuel Aeschlimann
- Luc Bérard de Malavas (groupe PS) demande à de multiples reprises au maire d’ouvrir le micro de Bruno Casari
- Bruno Casari dénonce l’impossibilité d’un débat serein : « L’opposition doit pouvoir s’exprimer »


Séquence n° 8

Intervention de Luc Bérard de Malavas
(conseiller municipal d’opposition, groupe PS)


Luc Bérard de Malavas dénonce la modification d’une délibération votée par le Conseil municipal.


Séquence n° 9
Intervention de Bruno Casari


Bruno Casari évoque l’affaire Antoine Bary lue dans le rapport de la Chambre régionale des Comptes (à lire sur le site Rue 89). Bruno Casari dénonce les coupures de micro.
Manuel Aeschlimann coupe l’intervention de Bruno Casari.


Séquence n° 10
Intervention de Jean-Jacques Semoun


- Micro coupé, sirène, 20 minutes de capharnaüm indescriptible

- Inaudible, Charles Caillet, premier adjoint, continue la lecture des rapports soumis au vote du Conseil municipal
- Manuel Aeschlimann, responsable de la police de l’assemblée et de la bonne tenue des débats, n’intervient pas...



Que faut-il retenir de ces quelques séquences vidéo ?

Peut-on imaginer une ville de plus de 80 000 habitants, dont le budget atteint les 140 millions d’euros, dans laquelle :

- le nombre des séances est réduit au strict minimum légal : une fois par trimestre ;

- chaque séance comprend un nombre énorme de délibérations : il est alors impossible aux élus de présenter publiquement leur position sur chaque point et au public de suivre les débats ;

- les délibérations sont votées par lot au lieu de l’être une par une, ce qui empêche les élus d’opposition d’exprimer par leur vote l’approbation ou le refus de telle ou telle délibération, ce qui est encore plus pernicieux en matière budgétaire ;

- Le maire ouvre ou coupe le micro des élus de l’opposition selon ce qui l’arrange ;

- les élus privés de micro en viennent à utiliser un porte-voix pour se faire entendre (lors d’un précédent conseil municipal, la Brigade anti-criminalité ( !) de la police nationale est intervenue sur la demande du maire pour s’emparer de ce porte-voix ) ;

- la partie de la salle du conseil réservée au public, déjà très exiguë, est régulièrement en grande partie occupée bien avant le début de la séance par les militants de la majorité en place, reléguant ainsi une partie du public dans un lieu sans visibilité ;

- malgré un budget communication énorme (le mensuel L’Expansion de mars 2006 consacre une double page à la "Fièvre éditoriale chez les élus locaux"), un service audiovisuel et un site internet d’envergure, les images des séances ne sont diffusées aux citoyens ni en direct ni en différé ;

- le compte-rendu de séance affiché et mis en ligne sur le site internet de la ville après le conseil est un résumé plus que succinct, incompréhensible au citoyen ;

- les délibérations ne sont jamais mises en ligne sur le site internet municipal ;

- ... ?

Pourtant, en théorie, le conseil municipal est le lieu principal de l’exercice du débat démocratique. Constitué d’élus, il est chargé de gérer les affaires de la commune. Le code général des collectivités territoriales impose au moins une réunion du conseil municipal par trimestre, mais la plupart des villes réunissent leur conseil jusqu’à dix ou onze fois par an.

Le conseil municipal est public : tout citoyen peut assister au conseil municipal, c’est la garantie de la transparence de la gestion communale. Le maire est responsable de la bonne tenue des débats, dans le respect des élus et du public.

Mais de la théorie à la pratique, pour certains, le chemin est introuvable.

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=33829

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