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La spectaculaire évolution de "Sauvons la Recherche"

Publie le mercredi 21 avril 2004 par Open-Publishing
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Il y a un an, l’appel de Cochin issu d’une assemblée générale dénonçait l’OMC et
l’AGCS (Accord Général sur le Commerce des Services). Sa cible était notamment
la stratégie de privatisation des services publics (ANNEXE 1).

Un an plus tard,
une association "Sauvons la Recherche" est formée dont les statuts s’inscrivent
dans une logique de "participation constructive" à cette même politique jadis
dénoncée (ANNEXE 2).

Quelques semaines plus tard, Fillon fait ouvertement état
(ANNEXE 3) du marchandage consistant à rétablir les 550 postes statutaires en
échange de l’adhésion de "Sauvons la Recherche" et des principales centrales
syndicales à la stratégie d’élaboration d’une nouvelle loi d’orientation (c’est
de l’actuelle que les personnels de la recherche tiennent leur statut de
fonctionnaires titulaires).

Malentendu ? Pas le moins du monde. A présent, le ton a changé et les
ex-contestataires s’en prennent aux "lourdeurs" de l’actuel système de
recherche. Le trésorier de "Sauvons la recherche" reçoit les deux ministres de
tutelle pour en parler (ANNEXE 4). Des "lourdeurs techniques" ? Pas vraiment, ou
pas seulement. Car le "manque de flexibilité" concerne au premier chef les
personnels, principal chapitre du budget des établissements publics de
recherche, et on peut lire (ANNEXE 4) :

<< Les chercheurs ont également dénoncé le manque de flexibilité du système
français. "Quand j’étais en post-doc (jeune chercheur, ndlr) à Harvard, j’ai pu
embaucher des techniciens de qualité. En France, c’est impossible de leur
proposer plus que le Smic", témoigne un jeune chercheur, Frédéric Saudou,
spécialiste de la mort cellulaire programmée.>>

Autrement dit, ce chercheur ne veut plus de techniciens fonctionnaires et défend
ouvertement le système US. Et, dans la même logique, de nombreux directeurs de
laboratoire (ils le disent ouvertement) ne veulent plus ou guère de chercheurs
fonctionnaires, etc... etc...

Les 550 postes statutaires sont bien des "mesures transitoires" (Axel Kahn avec
Barre et Delors) et rien d’autre, y compris pour "Sauvons la Recherche" et pour
les principales centrales syndicales.

Voir :

*****************************************************

ANNEXE 1

http://recherche-en-danger.apinc.org/article.php3?id_article=46

L’APPEL DE COCHIN

Il faut sauver la recherche scientifique française !

Texte adopté en assemblée générale, le 4 avril 2003, par le personnel des
laboratoires de recherche de l’Institut Cochin

Une série de choix politiques a amené la recherche scientifique française dans
une situation si catastrophique que sa survie même en est compromise.

Les choix des gouvernements qui se sont succédé depuis plusieurs années ont
amené le budget de la recherche à un niveau dérisoire, incompatible avec les
exigences de la compétition internationale. Un exemple : en 2002, le budget du
NIH (National Institute of Health, équivalent de l’Inserm), était 50 à 60 fois
supérieur à celui de l’INSERM (1), pour un rapport de populations de 5.

Le
gouvernement actuel vient de frapper ce budget 3 fois de suite. Fin 2002, une
première baisse des budgets 2003 du CNRS et de l’INSERM a été décidée, au moment
même où, pris dans les mêmes difficultés économiques, les Etats-Unis
choisissaient, d’augmenter le budget du NIH de 15% ! En mars 2003, une baisse de
2% des dépenses publiques françaises a été décidée, répartie inégalement selon
les secteurs. Pour le secteur de la recherche, cette baisse n’a pas été de 2%
mais de plus de 9%.

A cette annulation de crédits se sont immédiatement rajoutés
20% de gels de crédits (au cas où de futures annulations seraient nécessaires en
cours d’année), ce qui porte à environ 30% la diminution de crédits réellement
disponibles pour les organismes de recherche (tout cela, hors salaires, bien
entendu). Mais comme environ la moitié de ces crédits servent à faire face à des
dépenses incompressibles (batiments, fluides, frais d’animalerie), la diminution
de crédits de fonctionnement disponibles pour les équipes est supérieure à 50 %
 ! Nous ne sommes donc pas face à une petite réduction de 2%, mais face à une
baisse catastrophique, qui risque d’arrêter de nombreuses recherches.

Dans quel état sont les équipes de recherche, au même moment ? Elles sont mal en
point, pour des raisons qui ne sont pas récentes, mais qui vont en s’aggravant.
L’équilibre de ces équipes de recherche tient sur 3 pieds, d’importance égale :
chercheurs statutaires, ITA (ingénieurs+ techniciens+ administratifs), et
chercheurs non statutaires(doctorants + post-doctorants).

Depuis des années, cet
équilibre est de plus en plus compromis par la réduction systématique,
inexorable, du nombre d’ITA, compromettant très sérieusement le fonctionnement
des équipes et des Instituts. Quant aux étudiants, il semble que tout soit fait
pour les décourager de se tourner vers la recherche, et ils commencent, hélas, à
avoir bien compris ce message. Leur travail de thèse (temps plein, intense,
productif, à bac+6 à +8) est rémunéré au niveau du SMIC, et pour certaines
bourses, sans couverture sociale.

Mais surtout, la récompense de ces efforts est
un risque de plus en plus élevé de se retrouver au chômage à la fin de leur
cursus, lorsqu’ils auront 32-35 ans (risque exceptionnellement haut pour ce
niveau d’études). C’est en bouchant leur avenir, en leur proposant des moyens de
travail incompatibles avec la compétition internationale, qu’on favorise la
fuite de jeunes talentueux, formés au terme de longues études, vers les pays
qui, investissent dans la recherche et récolteront les fruits des fausses
économies de la France sur son dispositif de recherche.

Lorsque, dans ces conditions, le gouvernement continue d’affirmer que la
recherche reste une priorité, les équipes de recherche ont le sentiment qu’on se
moque d’elles.

Certains pensent que le Plan Cancer démontre la bonne volonté du gouvernement en
faveur de la recherche. De la recherche clinique et appliquée dans ce domaine,
oui, tant mieux. Mais dans l’Institut National du Cancer qui sera le fer de
lance de ce plan, il n’y aura pas de recherche fondamentale. Et la plaquette
officielle souligne bien que le fonctionnement de cet Institut sans recherche
fondamentale préfigure la réorganisation de la recherche en France.

Comment
peut-on oublier que les scanners et l’IRM utilisés par les cancérologues
aujourd’hui sont construits sur des principes mis au point dans des laboratoires
de physique fondamentale, qui ne se préoccupaient pas du cancer ? Et au-delà,
comment faire semblant d’ignorer que la plupart des avancées majeures de la
recherche biomédicale viennent de découvertes fondamentales ?

La France a besoin d’une recherche fondamentale de qualité ?et pas seulement en
biologie ou en physique-, mais le gouvernement semble penser différemment. En
effet, on entend dire : "la recherche publique française n’offre pas assez de
retour sur investissement". Mais peut-on accepter que tout s’évalue en terme de
valeur ajoutée ou de retour sur investissement ? Dire cela aujourd’hui, n’est-ce
pas s’apprêter à dire demain que l’éducation (ou les malades, les retraités, les
personnes handicapées) n’offre pas assez de retour sur investissement ? Il
semble bien que ce qui est en train de se jouer pour la recherche s’inscrive
dans un cadre beaucoup plus large, celui de la privatisation des services
publics au sein de l’OMC (2). Les citoyens français sont-ils favorables à une
privatisation générale des services publics, et en particulier de la recherche
fondamentale ?

Ce qui se prépare, ce ne sont pas de petites difficultés temporaires, mais c’est
la mort annoncée de la recherche publique de notre pays. Cela concerne l’avenir
de la France, cela concerne tous les citoyens de ce pays.

(1) Le budget du NIH était de 23,6 milliards de $ en 2002 et il est de 27,3
milliards de $ en 2003 ; celui de l’INSERM pour 2002 était de 0,445 milliards
d’euros, et si rien n’est fait, il passera à 0,311 milliards d’euros en 2003 !
(2) Les propositions pour la renégociation de l’AGCS (Accord Général pour le
Commerce des Services), dans le cadre de l’OMC, devaient être déposées pour le
31 mars, date qui vient d’être repoussée au 14 avril.

ANNEXE 2

Création de l’association "Sauvons la recherche"
Le mercredi 10 mars 2004.

Le collectif a fondé l’association "Sauvons la recherche". Cette association
régie par la loi de 1901 a pour objets :

1. De promouvoir la recherche fondamentale quelle que soit la discipline ;
2. D’oeuvrer auprès du public, des instances de la recherche française, du
gouvernement français, du parlement, de la commission et de l’assemblée
européenne, des médias, pour améliorer la compréhension du fonctionnement, des
apports et des besoins de la recherche fondamentale ;
3. De favoriser les relations entre la recherche publique et la recherche
privée ;
4. De promouvoir l’enseignement de la science et la communication de la
recherche ;
5. De favoriser les relations entre les Universités ou tout autre
établissement d’enseignement supérieur et les établissements publics en charge
de la recherche ;
6. De favoriser les relations entre la recherche publique française et la
recherche publique des autres pays de la communauté européenne ;
7. D’analyser le fonctionnement de la recherche publique française et de
publier ses analyses ;
8. De proposer des modes d’organisation et de financement de la recherche
publique française et européenne.

Si vous désirez adhérer pour soutenir le mouvement pour la recherche dans la
durée, lui permettre de mener des actions dans le cadre des objets ci-dessus,
merci d’envoyer votre cotisation et votre bulletin d’adhésion ci-dessous à :

"Sauvons la Recherche"
Société de Biologie Cellulaire de France
Case 243 - Universite Paris VI
4 place Jussieu
_75252 Paris cedex 05

Bulletin à découper ou à recopier et à renvoyer avec votre règlement par chèque
exclusivement :
J’adhère à "Sauvons la Recherche"
Nom :
Prénom :
Adresse :
Profession :
e-mail :
Tel :

Ma cotisation est de (cocher la case correspondante et joindre un chèque à
l’ordre de Sauvons la Recherche) :
- 5 euros pour les membres dont le revenu mensuel est inférieur à 1200 euros net,
- 10 euros pour les membres dont le revenu mensuel est supérieur à 1200 euros
et inférieur à 2400 euros net,
- 15 euros pour les membres dont le revenu mensuel est supérieur à 2400 euros net.

Avec nos chaleureux remerciements pour votre soutien, Mme. Catherine Dargemont,
Présidente, M. Thierry Galli, Vice-Président, Mme. Isabelle Sommier,
Vice-Présidente, M. Henri Audier, Secrétaire, M. Jean Salamero, Trésorier.

ANNEXE 3

mercredi 14 avril 2004, 16h43
La loi d’orientation sur la recherche sera soumise au Parlement "à la rentrée",
selon François Fillon

PARIS (AP) - La loi d’orientation sur la recherche sera soumise au Parlement "à
la rentrée", a annoncé mercredi le ministre de l’Education François Fillon.

Pour mettre fin au conflit avec les chercheurs, "nous avons décidé de rétablir
les postes statutaires" et "de suspendre les recrutements sur les postes
contractuels jusqu’à l’aboutissement d’une négociation sur l’emploi
scientifique", a-t-il rappelé lors des questions au gouvernement à l’Assemblée
nationale. Par ailleurs, "nous avons décidé de créer, d’ici 2005, 1.000 postes
supplémentaires dans l’enseignement supérieur".

Mais "la contrepartie de cet effort exceptionnel dans un contexte budgétaire
extrêmement dégradé, c’est l’engagement d’un processus de réflexion et de
réforme", a ajouté M. Fillon. A donc été "engagée d’ici le mois de septembre une
réflexion globale sur l’organisation de notre système de recherche" et "nous
vous proposerons à la rentrée une loi d’orientation". AP

ANNEXE 4

(AFP) mardi 20 avril 2004, 21h49
Les deux ministres en charge du dossier de la recherche dans les labos

Messages

  • Je suis tout à fait ravie de l’évolution du mouvement " sauvons la recherche " depuis le début je soutiens cette action sur la région Aquitaine plus particulièrement les relations avec le public.
    Je suis étonnée et enchantée par la forte mobilisation de tous oublics,ainsi que de la part de certains élus dans cette région.
    Les différentes propositions de leur part me laisse penser que l’action doit être soutenue , je pense que dans les différents plans d"action certains d’entre eux doivent être présentés dans les états généraux.
    J’attends votre réponse pour une prochaine mise en place et d’zvznce je vous en remercie.
    Bien cordialement M.Claire KARA
    n° port 06.14.65.91.48.