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Corbeil-Essonnes : Dassault menacé par Bruno Piriou

Publie le dimanche 16 mars 2008 par Open-Publishing

Le grand patron et avionneur Serge Dassault (UMP) est menacé à Corbeil-Essonnes ne disposant d’aucune réserve de voix, face à une gauche rassemblée qui a recueilli au total plus de 52% des suffrages au premier tour.

Baptisée "Union pour réussir Corbeil-Essonnes", la liste menée par Bruno Piriou rassemble des candidats PC, PS, Verts, et LO : 25 issus de la liste Piriou, 18 de la liste Da Silva.

« J’en ai assez ! Maintenant, à chaque fois que je rencontre des habitants ou des jeunes ici et dans les cités, ils me disent que je suis payé », regrette ce jeune partisan de Serge Dassault, maire sortant (UMP) de Corbeil, en distribuant des tracts pour son candidat mercredi 14 mars en fin d’après-midi, devant le magasin ATAC. Visiblement, le « système Dassault », fait de démarche clientéliste et de distributions de billets, qui lui a permis de gagner puis de conserver la ville pendant treize ans, non seulement ne fait plus trop recette, mais semble de plus en plus rejeté par la population, tous âges confondus.

D’autant qu’un vent nouveau souffle sur la ville après les résultats du premier tour des élections municipales. Serge Dassault (40,84 % au premier tour) peut être battu et la gauche peut gagner. Cette réalité - nouvelle, dynamisée par la fusion entre la liste PS de Carlos Da Sylva (21,24 %) et celle de « La villensemble » de Bruno Piriou, conseiller général (PCF) de l’Essonne (31,10 %), plaçant ce dernier à la tête d’une liste « Union pour réussir Corbeil » réunissant le PCF, le PS, les Verts, LO et une majorité de citoyens non membres d’un parti, change la donne dans la ville. D’autant que le divers droite Serge Dantu (6,82 %) a déclaré, n’ayant plus confiance dans le maire, qu’il ne voterait pas Serge Dassault. Toujours mercredi soir, devant ATAC, ou Bruno Piriou présent rencontrait les électeurs venus faire leurs courses, celui-ci déclarait : « Il y avait une forte envie d’union, elle est maintenant réalisée. Il y a un espoir de changement dans la ville, il est maintenant possible. »

Les bribes de dialogues entre les électeurs et les partisans tant de la gauche que de Serge Dassault témoignent que l’idée de « tourner la page » prend corps. Ainsi ces deux mères de familles interpellées par des militants du maire sortant sur le thème « regardez-la ville a changé » de répondre : « Oui, mais ce n’est pas pour nous, pas pour les familles modestes. Nos enfants ne partent pas en vacances, avant c’était possible. » Pour d’autres, cette possibilité de voir la gauche gagner les conduit à dire ce qu’ils ont sur le coeur. Comme cette femme employée communale expliquant « Nous vivons sous la contrainte, avec la peur de dire notre opinion, il est temps que ça change », ou cette femme algérienne de soixante ans, ne pouvant - voter mais soulignant, non sans fierté, « mes deux fils, eux, vont le faire dimanche pour la gauche ».

De son côté, Serge Dassault se déclare « très confiant », convaincu « que la fusion des listes de gauche ne créait pas, dans la ville, de dynamique ». Il va même jusqu’à affirmer : « Des électeurs, qui ont voté Bruno - Piriou, voteront pour moi le 16 mars. » Avant de conclure : « Les communistes sont en perte de vitesse partout. » Quant à ses colistiers les plus proches, ils tentent de faire revivre un anticommunisme censé éviter que les électeurs sanctionnent la gestion de Serge Dassault. « Attention les communistes reviennent », entonnent-ils dans des déclarations publiques.

Bruno Piriou, lui, entend rester mobilisé jusqu’au bout, « les batailles n’étant jamais gagnées d’avance ». Et il tient, avec l’ensemble de sa liste, Carlos Da Sylva du PS, Jacques Picard des Verts et tous ses colistiers, à mettre en avant le projet de la gauche « qui apportera des changements réels dans la ville, des relations humaines nouvelles et mettra un terme à des pratiques contraires à la morale et aux lois de la République ». Comme l’explique, dans un sourire, Marisa, dix-huit ans, présente, comme citoyenne engagée dans la vie de la cité, sur la liste de Bruno Piriou et dont c’est la première campagne électorale : « On va au porte-à-porte, on mène une belle campagne digne, normale quoi ! Je suis sûr que dimanche, ça va passer. »

Max Staat paru dans l’Humanité, édition du 14 mars 2008

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