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Fitna : juste un clip con ?

Publie le mercredi 2 avril 2008 par Open-Publishing
6 commentaires

FITNA : JUSTE UN CLIP CON ?

Un bref commentaire du "papier" de Caroline FOUREST "Fitna : con comme un clip islamiste" paru dans Charlie hebdo le 2 avril 2008.

1 - Rebond sur le papier de Caroline FOURREST

Caroline FOUREST commence par caractériser Fitna comme un clip émotionnel faisant appel à l’instinct et non à la réflexion. C’est exact. Le désaccord vient ensuite. Elle écrit : "Il se contente d’aligner les images d’horreur commises au nom de l’islam ces dernières années". Ce qui n’est pas exact. Il prolonge son descriptif. D’ailleurs elle le reconnaît en ajoutant "C’est le commentaire qui, bien que minimal, est problématique" Effectivement c’est ce commentaire sur l’islamisation qui fait toute la différence. Mais elle nie l’unité du clip, elle nie le rapport entre les images et le "trop de musulmans". Or d’une part il y a bel et bien à la fin du clip un propos de Geert Wilders appelant à combattre "l’idéologie islamique" (traduction à vérifier) et d’autre part ce "trop de musulman" est incompréhensible tel quel, il ne se conçoit pas sans message associé préalable et négatif . D’autant qu’ici le message n’est pas implicite comme chez Nicolas Sarkozy , car il s’agit bien de l’islam tel qu’il le voit et film sur une grande partie du film.

Faute de lien, voici l’extrait du texte cité dans sa continuité : "Il se contente d’aligner les images d’horreur commises au nom de l’islam ces dernières années. Sans les djihadistes et les intégristes, ce film n’existerait donc pas, puisque Wilders n’aurait aucune image à montrer. C’est le commentaire qui, bien que minimal, est problématique. Vers la dixième minute, Wilders fait le lien entre ces images de haine et le nombre grandissant de musulmans aux Pays-Bas, pour finir par dénoncer "l’islamisation". Son film ne dénonce ni l’islamisme, ni même l’islam mais le fait qu’il y a trop de musulmans en Europe.

2 - Fitna : plus qu’un clip "con" et blasphématoire.

Il n’y aurait pas eu la partie finale – ce qui n’était pas le propos de l’auteur qui n’est pas simplement un anti-religieux mais un militant politique d’extrême droite - on aurait pu certes toujours le voir comme un clip "con" mais de type blasphématoire, qui ne mérite nullement la censure (encore moins)... et la publicité associée au débat sur la censure.
Le blasphème ne pose pas à priori problème. Un blasphème par définition désacralise les textes sacrés et les symboles sacrés car conçus comme au-dessus des humains, de tous les humains. En somme le blasphème - employé par des individus qui valorisent la raison critique - est un geste de dévalorisation de tous les fétiches. Si l’on accepte ce rattachement philosophique alors le blasphème vise à rétablir un ordre des choses inversé. Mais il peut être ambigu (1). Par ailleurs, un tel geste étant souvent assez cru, le procédé n’est guère prisé par tous, notamment par celles et ceux qui lui préfèrent la critique argumentée.

Mais ce clip, quoique " con " et " émotionnel, " s’appuie quand même longuement sur un contenu qui est bien celui de l’islamisme radical ou - plus près de l’auteur - de l’islam comme idéologie politico-religieuse. Car effectivement - nous sommes ici d’accord - "Sans les djihadistes et les intégristes, ce film n’existerait donc pas, puisque Wilders n’aurait aucune image à montrer". Et là ce qui fait problème c’est la globalisation de l’islam et l’affectation de la menace islamique radicale à tous les musulmans. Je renvoie ici à FITNA : UN FILM ISLAMOPHOBIQUE, ANTIMUSULMAN (2).

Christian DELARUE

Secrétaire national du MRAP (s’exprimant à titre individuel)

1) texte sur ce point précis sur les sites ATTAC et ESSF
Les blasphèmes du mécréant : Christian Delarue
Blasphème, démocratie et émancipation : un sujet délicat.

 http://www.france.attac.org/spip.ph...

2) FITNA, un film islamophobe, anti-musulmans

 http://www.bellaciao.org/fr/spip.ph...

Messages

  • A propos de Sarkozy dans cette affaire...

    Lu ceci :

    Autre développement de cette affaire : le Président Français Nicolas Sarkozy a assuré ce mercredi le Premier ministre néerlandais Jan-Peter Balkenende de “son soutien” après les tensions déclenchées au Pays-Bas par ce film.

    Jan-Peter Balkenende, reçu pour un déjeuner à l’Elysée, a demandé l’appui diplomatique de la France pour faire face aux manifestations d’hostilité et aux menaces déclenchées par le film “Fitna” du député Geert Wilders. “Le président l’a assuré de son soutien”, a rapporté David Martinon, porte-parole de Nicolas Sarkozy. Ce dernier a aussi souligné qu’il refusait “tout amalgame”

    Là aussi il aurait été souhaitable que le Président Sarkozy insiste sur cet autre amalgame à ne pas faire : ne pas confondre, Islam, Islamisme et terrorisme

    http://jamalhafsi.unblog.fr/2008/03/06/la-fitna-dun-facho-populiste/

    • On voit ci-dessous un enjeux de la différence d’analyse du film : le blasphème n’est pas la diffamation.

      Le sécrétaire général de l’OCI, Ekmeleddin Ihsanoglu, a ajouté que le film a diffamé et a dénigré « le saint Coran (1).

      Eh bien sans la partie finale qui donne effet d’attribution raciste de sa charge à tous les musulmans, il n’y aurait pas diffamation mais blasphème car la diffamation s’applique aux humains pas aux choses . Le "saint Coran" comme la Bible ne sont que des chose qui ne valent pas plus qu’une crotte ! Par confort, il faut juste éviter de marcher dessus !

      Christian Delarue

      1) L’OCI condamne le film anti musulman « Fitna » « dans termes les plus vigoureux »

      http://www.alterinfo.net/index.php?action=article&numero=18266

  • Le blasphème ne concerne que les religieux,en effet, et j’éspère que cela restera ainsi, lorsqu’un non croyant émait une critique voir condanne un livre
    "saint" il ne fait qu’utiliser son droit d’expression. La notion de blasphème n’a
    aucun fondement juridique et le non croyant n’a aucune considération pour ces écrits ou au mieux une opinion sur leurs qualité litéraire. lorsque je dit avec
    Marx que la religion est l’opium du peuple je n’ai pas la senstion de traiter
    les croyants de drogués ni de d’avoir une réaction xénophobe ou raciste.
    Rejeter l’islam ce n’est pas rejeter un ou des individus en raison de leur religion ou de leurs origines.

    • Sur le site Prochoix vous pouvez lire - me semble-t-il, un article de Caroline FOUREST identique à celui paru dans Charlie Hebdo (sauf le titre)

      http://www.prochoix.org/cgi/blog/i

      Que penser de "Fitna", le film de Wilders ? (Caroline Fourest)

      ndex.php/2008/04/01/1975-que-pensez-de-fitna-le-film-de-wilders-caroline-fourest

    • Le blasphème, l’islamophobie raciste et l’islamophobie simplement blasphématoire voir critique de l’islam mortifère.

      L’islamophobie fait parti du "patrimoine" militant du MRAP mais il n’en finit pas de poser problème. Et d’invoquer la définition juridique n’est pas source d’épuisement des débat. D’autant que le droit n’est pas au-delà des rapports de force, surtout sur ces questions. Le dernier débat en cours porte sur islamophobie et blasphème.

       Le MRAP, l’islamophobie et le blasphème.

      Certains de mes camarades antiracistes me disent qu’il n’y a pas de rapport entre le blasphème et l’islamophobie ou plus largement la religiophobie et donc avec le MRAP. Il y a bien eu un faux-pas mais l’affaire est réglé me dit-on . D’ailleurs le principe du blasphème autorisé est sur le site du MRAP . N’en parlons plus !

      Mais voilà le clip Fitna repose la question : si la partie finale avait été supprimée le clip de Wilder se résumerait à un blasphème contre l’islam, celui de certaines sourates (premire partie) rapprochées des propos des islamistes fascistes et totalitaires (deuxième partie) appelant à l’élimination de tous les mécréants athées, homosexuels et juifs pour ne donner que ceux cités par le film. Un tel film serait islamophobe non raciste car pas anti-musulman (puisqu’on suppose la troisième partie supprimée). Une interprétation inclinerait même à en faire alors un clip anti-islamiste.

       Le blasphème selon le Sieur Levy : que voilà une belle entourloupe !

      Monsieur LEVY a publié en février 2007 sur le site LMSI un texte intitulé « Censure », « droit au blasphème » et islamophobie, Retour sur « l’affaire des caricatures de Mahomet ». J’ai refais une nouvelle lecture de ce texte puisque Je n’ai pas fait cette relecture pour rien et j’invite mes amis à lire le passage intitulé "Le « droit au blasphème » et ses usages" (1)

      Son propos commence par "Pour qui n’est pas croyant, le blasphème est sans portée." Du tout Monsieur LEVY dans une société ou l’on nous met du Dieu, du sacré du saint et du voile à tout bout champ le blasphème a des vertus qui permettent aux autres les non croyants de pouvoir respirer ! Son propos se termine par "Puisque injurier « Dieu » n’a pour eux aucun sens, ce sont simplement les croyants qu’ils veulent injurier". C’est là l’entourloupe islamophile de Monsieur LEVY. Critiquer la religion n’est pas critiquer les croyants.

      Ma conception de l’islamophobie raciste au travers des analyses des évènements de ces trois dernières années et notemment avec les fameuses caricatures de Mahomet, ou les propos de Redeker, ou l’affaire du voile vosgien, ou tout récemment celle du court-métrage Fitna vise précisément à montrer qu’il ne faut pas confondre une religiophobie qui respecte les croyants mais pas leur religion d’une religiophobie raciste qui procède d’abord par une charge univoque et négative de la religion pour l’attribuer explicitement à l’ensemble des croyants.

      Enfin puisque j’ai évoqué l’islamophilie il n’est pas inutile de dire que les interprétations des religions de chaque religion peut varier tant dans le temps - telle période n’est pas telle autre période de l’histoire - que dans l’espace - tel pays n’est pas tel autre (et au sein d’un même pays on distingue des sunnites des chiites.). En conséquence il peut y avoir des interprétations et des pratiques sociales issues de ces interprétations qui sont très réactionnaires quand d’autres sont progressistes.

      Christian DELARUE
      Responsable national antiraciste

      1) Le « droit au blasphème » et ses usages

      http://lmsi.net/spip.php?article510
      Certains ont dans le débat brandi ce qui apparaît aujourd’hui comme un lieu commun dans certains milieux islamophobes : le « droit au blasphème ». L’expression est à tout le moins curieuse. Pour qui n’est pas croyant, le blasphème est sans portée. On ne peut pas vouloir déplaire à un « Dieu » dont on nie l’existence. Le blasphème ne peut concerner que les personnes pour qui il a un sens, c’est à dire celles qui sont croyantes ; et pour elles, dans une société où coexistent toutes sortes de croyances et toutes sortes d’incroyances, l’interdit n’a pas à résulter de la loi générale applicable à tous les membres de celle-ci : il résulte déjà des règles de leur religion, auxquelles elles adhèrent librement. Ceux qui prônent le « droit au blasphème » ne le réclament à l’évidence pas pour ceux qui, par leur adhésion à une religion, se refusent de toutes façons à l’exercer. Non : ils le réclament pour eux mêmes. Or, pour qui n’est pas croyant, le blasphème n’a en tant que tel aucun sens, et si l’on s’interroge sur les raisons qui peuvent les pousser à en réclamer le droit - qu’au demeurant personne ne leur conteste - on voit que la raison est simple : puisque injurier « Dieu » n’a pour eux aucun sens, ce sont simplement les croyants qu’ils veulent injurier.