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GM a tué sa propre voiture électrique dans les années 90.

Publie le mardi 10 juin 2008 par Open-Publishing
3 commentaires

Who Killed the Electric Car ? retrace la fascinante épopée de l’automobile électrique EV-1, mise sur la route par GM dans les années 90 avant d’être envoyée à la casse. Entretien avec le réalisateur d’un documentaire qui fera sans doute pas mal de millage.

En 1997, General Motors lance l’EV-1, un modèle de voiture électrique rapide, silencieux et éminemment propre. L’automobile parcourt ses premiers kilomètres sur les routes de la Californie. Elle fait le bonheur d’une poignée de conducteurs, instantanément convertis. Six ans plus tard, GM décide de rappeler sa flotte d’EV-1 au garage. Il appert que le constructeur a décidé de mettre un terme à son aventure électrique. Diverses raisons sont évoquées, qui ne satisfont personne : coût trop élevé, autonomie insuffisante, fiabilité discutable...
Toujours est-il que les véhicules, qui étaient offerts en location, sont récupérés et entreposés dans un grand parking. Ils passent quelque temps à accumuler la poussière avant de prendre le chemin de la casse. L’affaire ne fait guère de vagues, sinon parmi les fans de l’engin sacrifié, qui tentent de stopper une entreprise de destruction qu’ils jugent illégitime. Leurs efforts n’auront aucun impact.

Quelque 10 ans plus tard, l’EV-1 a complètement disparu de la circulation. Mais une question demeure : pourquoi GM a-t-elle décidé de sacrifier une automobile appréciée et efficace ? Les hypothèses ne manquent pas. Fruit d’une longue et minutieuse enquête, Who Killed the Electric Car ?, un documentaire réalisé par l’Américain Chris Paine, apporte de nombreuses et fascinantes pistes de réponse.

Se basant sur les témoignages de moult experts, le cinéaste identifie plusieurs coupables potentiels. Les multinationales du pétrole, soucieuses de tuer dans l’oeuf toute concurrence, aussi modeste soit-elle. Le gouvernement Bush, peu sympathique à une initiative pouvant nuire aux barons de l’or noir. L’industrie automobile, inquiétée par une invention ne nécessitant qu’un minimum d’entretien. D’autres acteurs encore auraient joué un rôle dans la mise à mort de l’EV-1. Complices, ils ont contrecarré une initiative dont le bien-fondé semble aujourd’hui évident.

Si le parti pris du réalisateur est patent, sa démarche n’en demeure pas moins pertinente et fort éclairante. Petit cousin d’An Inconvenient Truth, le film de Chris Paine traite par la bande de questions écologiques dans l’air du temps - urgence de lutter contre le réchauffement de la planète, importance de substituer au pétrole des sources d’énergie moins néfastes...

Nous avons joint le documentariste chez lui, en Californie. Il venait de garer sa Toyota hybride.

L’idée de tourner un documentaire sur l’EV-1 vous est venue de votre propre expérience, paraît-il...

"J’ai été le locataire d’une EV-1 en 1997. Le producteur exécutif du film, Dean Devlin, a lui aussi roulé en EV-1. Cette voiture-là était vraiment fantastique. Les gens qui ont eu la chance de l’essayer ont vraiment eu la piqûre. C’est à se demander pourquoi l’EV-1 n’a pas été lancée à grande échelle. La compagnie prétextait que personne n’en voulait, ou qu’elle était trop chère à construire. Les conclusions auxquelles nous en sommes venus, après trois années de recherche, sont plus complexes.

À mon avis, l’EV-1 est la voiture la plus avancée à avoir jamais été conçue par l’industrie automobile. Lorsqu’ils ont commencé à la retirer de la circulation, sans vouloir laisser à qui que ce soit le privilège de conserver son véhicule, je me figurais que les médias allaient sauter sur l’affaire et en faire leurs manchettes. Mais non. Je me suis donc mis à la tâche. D’où la naissance de ce film."

Votre documentaire prend l’affiche alors que le débat autour du réchauffement de la planète est plus d’actualité que jamais. Quel impact aura-t-il, croyez-vous ?

"D’abord, j’espère que le film permettra d’attirer l’attention sur les voitures électriques ainsi que sur les hybrides de type plug-in. L’électricité est une source d’énergie qui a le potentiel d’être propre à 100 %. On ne peut en dire autant du pétrole."

Notre conception du rôle de l’automobile dans la vie quotidienne a-t-elle pu nuire à la percée de l’EV-1 ? L’autonomie limitée de la voiture électrique, par exemple, a pu faire craindre une certaine perte de liberté...

"Absolument. Les gens ont peur du changement. Mais l’heure est venue d’envisager des changements. C’est une question de perception. Quel usage fait-on de notre voiture ? Si elle nous sert uniquement à aller travailler, il n’est pas nécessaire qu’elle puisse parcourir 500 kilomètres, comme une voiture carburant à l’essence."

Il semble que GM planche sur un nouveau modèle de voiture électrique hybride, qui ferait concurrence à la Toyota Prius. C’est quand même ironique, non ?

"C’est même tragique, quand on pense qu’ils avaient déjà tout fait il y a 10 ans... Enfin, ils ont annoncé qu’ils présenteraient un modèle de voiture plug-in au prochain salon de l’auto. Reste à voir si cette voiture sera commercialisée. On peut l’espérer."

La production d’un tel véhicule devrait se faire à petite échelle...

"C’est exactement ce qu’ils auraient dû faire dans le cas de l’EV-1. En faire un véhicule associé à une niche commerciale, comme le Hummer et le PT Cruiser. Pour lancer la production, il s’agirait de remettre en marche l’usine de Lansing (au Michigan)."

Est-ce que l’élection d’un nouveau gouvernement, dans un avenir rapproché, pourrait amener des changements ?

"J’espère bien. Or rappelez-vous, les démocrates non plus n’avaient pas été en mesure de faire adopter des règles plus strictes en matière d’émissions polluantes. Depuis 1980, il a été impossible de faire passer les normes CAFE (Corporate Average Fuel Economy) au-delà du seuil de 24 milles au gallon. C’est criminel ! Les démocrates ont failli à la tâche. Les républicains aussi. Si nous avions adopté la norme des 40 milles au gallon, en vigueur dans plusieurs pays, nous économiserions des centaines de millions de barils de pétrole. J’espère que la population, en faisant preuve d’une meilleure compréhension des enjeux, amènera le gouvernement à adopter des lois plus sévères."

Who Killed the Electric Car ?
À l’affiche le vendredi 25 août
www.sonyclassics.com/whokilledtheelectriccar

 http://www.voir.ca/publishing/artic...

Messages

  • Et la semaine dernière il nous ont rabattu les oreilles en disant qu’iils allaient investir dans les voitures vertes et vendre une usine de Hummer. C’est du grand n’importe quoi ces industriels...

    • Je ne vois pas ce qui fait dire que la voiture électrique est propre. Pour fabriquer des batteries, c’est très polluant. Et pour les recharger, il faut de l’électricité, qui n’est pas toujours produite proprement.

    • Les batteries sont 100 % recyclées, elles ne sont d’ailleurs généralement pas achetées avec la voiture mais louées afin d’être sûr qu’elle ne finissent pas dans un champ. Pour ce qui est du courant, une partie (croissante) de l’électricité est propre alors que 100 % du gasoil vient du pétrole. La nuit, la France produit trop de courant et ne sais pas quoi en faire (on va même jusqu’à pomper dans les rivières pour remplir les barrages !), aussi recharger les batteries serait parfait. Enfin, le moteur électrique a un rendement bien meilleur que le moteur à essence. Cela dit, si vous roulez en vélo c’est mieux, mais personnellement je suis à la campagne avec 3 jeunes enfants alors les solutions de type bobo parisien je ne peux pas ! D’un autre coté, je travaille 2 jours par semaine chez moi (ADSL + VPN), toujours ça de moins dans l’air.