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Wolters Kluwer France : une opération strictement financière...

Publie le mercredi 2 juillet 2008 par Open-Publishing

de Anne de Haro, Martine Laba

Les salariés de Wolters Kluwer France (Editions Lamy, Dalian, groupe de presse Liaisons, 1500 salariés, dont 300 pigistes) et les représentants du personnel ont découvert avec stupeur que la fusion réalisée le 1 er juillet 2007 a caché une opération strictement financière qui affecte durablement le niveau des rémunérations.

Au moment où le Gouvernenent "invite" les entreprises et les organisations syndicales à s’engager sur la voie de l’intéressement pour combler la chute du pouvoir d’achat, les salariés de WKF expérimentent combien cette voie est une impasse.

Que s’est-il passé ?
Juste après la fusion réunissant la quasi totalité des entreprises du groupe en une seule entité, la société mère, Wolters Kluwer basée à Amsterdam, donnait l’ordre à la holding française et à Wolters Kluwer France de lui emprunter 500 millions d’€uros à un taux d’intérêt supérieur à celui du marché et selon un taux variable. Cet argent prêté ne le fut pas longtemps, puisque la société mère repris aussitôt cette somme importante, ne laissant à Wolters Kluwer France que le remboursement des intérêts d’une dette qui s’élève à 445 millions pour cette seule société. Au second semestre c’est donc 14 Millions d’€uros d’intérêts qu’il a fallu rembourser. Soit environ 30 millions d’€uros en année pleine sur au moins 15 ans.

Un pur montage financier, qui n’a d’autre objet que de faire remonter de l’argent vers les actionnaires en bénéficiant d’avantages fiscaux.

Cette opération a été menée dans la plus grande opacité : non seulement la direction a refusé depuis novembre 2006, et malgré les demandes de la CGT, de constituer comme le prévoit la loi le comité de groupe dont nous sommes maintenant dépouvus (donc pas d’expertise financière au niveau du groupe !), mais de surcroît la direction a omis de faire désigner en Ce les représentants des salariés habilités à rencontrer l’organe dirigeant de la SAS Wolters Kluwer France. A cela s’ ajoute la communication plus que tardive des comptes prévisionnels 2007 : au lieu de les remettre en octobre 2007, nous venons de les recevoir au mois de juin 2008 !

Pour emprunter une telle somme, il faut avoir une certaine valeur : voilà pourquoi dans le même temps la direction WKF opérait une augmentation de capital d’un montant de 80 millions d’€uros.

Ces deux éléments disctincts, mais complémentaires, ont durablement affecté la réserve spéciale de participation. Avant la fusion, 80 % des salariés du groupe WKF se partageaient 5 millions d’€uros. Après la fusion, tous les salaréis Wolters Kluwer France (+ 20 % d’effectif) doivent se partager ...200 000 €uros.

Alors que la CGT et la CFDT demandaient un surplus de participation pour l’année 2007 et le respect de l’accord de méthodologie qui encadre la négociation d’harmonisation (pétition 500 signatures), la direction accédant à une demande de la CFTC , de FO et du SNJ ouvrait des négociations sur l’intéressement. L’indigence des propositions faites par la direction à amener toutes les organsiations syndicales représentatives à ne pas signer cet accord, dont les espérances de gain ne pouvaient être que virtuelles.

En effet, les résultats s’annoncent médiocres en 2008. Force est de constater qu’avec 66 postes vacants, dont 45 depuis plus d’un mois et la remise en cause des plans de rémunération des commerciaux (revus à la baisse, cela va s’en dire) et le début des entretiens de licenciement (en toute illégalité) pour ceux qui ont refusé de signer la baisse de leur salaire, la CGT ne voit pas comment l’entreprise pourrait améliorer ses performances par la magie d’un accord d’intéressement.

Réunis en Assemblée générale, les salariés Wolters Kluwer France ont voté la grève ce mercredi 2 juillet afin d’obtenir : un surplus de rémunération pour l’année 2007, une protection sociale de haut niveau et le respect des prévisions de l’accord de méthodologie qui encadre l’harmonisation des statuts.