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La réforme des institutions adoptée de justesse, avec une petite voix de majorité...

Publie le lundi 21 juillet 2008 par Open-Publishing
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Nicolas Sarkozy réussit son pari... avec une petite voix de majorité. Les députés et sénateurs réunis en Congrès à Versailles ont approuvé lundi la réforme de la Constitution par 539 voix contre 357, la majorité requise étant de 538 voix.

Le chef de l’Etat s’est aussitôt félicité, depuis Dublin, de ce vote, saluant une "victoire" de "la démocratie française". "Une fois de plus le camp du mouvement, du changement, de la modernité l’a emporté sur le camp de l’immobilisme, de la rigidité et du sectarisme". Il a "remercié la majorité parlementaire qui a fait preuve d’une cohésion remarquable".

Sur les 896 suffrages exprimés, 539 ont voté pour, quand 357 votaient contre, dépassant d’une petite voix la majorité de trois cinquièmes requise. Le scrutin s’annonçait tellement serré que le bureau du Congrès avait décidé un décompte manuel des bulletins, en plus du vote électronique, afin d’éviter toute contestation.

Après un week-end passé au téléphone pour convaincre les récalcitrants, les responsables de la majorité ont fait quasiment le plein dans leur camp : sur les 317 députés UMP, seuls six ont voté contre : Henri Cuq, Guy Geoffroy, François Goulard, Jean-Pierre Grand, Jacques Le Guen et Jacques Myard. Un sénateur UMP, André Lardeux, a également voté contre.

Nombre de détracteurs du texte avaient finalement décidé dans les dernières heures de voter "oui". Le député UMP Gilles Bourdouleix justifiait lundi son changement de position par la nécessité de ne pas affaiblir le président Nicolas Sarkozy, président en exercice de l’Union européenne, quand le député UMP Hervé Mariton préférait ne pas "provoquer une crise dans la majorité là-dessus".

Une majorité des Radicaux de gauche a également soutenu le texte, tout comme les députés Nouveau centre.

Parmi les non inscrits, le fondateur du MoDem François Bayrou et le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan ont en revanche voté contre.

La surprise est venue des sénateurs centristes, qui ont failli faire basculer le vote. Sur les 30 membres du groupe Union centriste-UDF, 24 ont voté pour, mais deux ont voté contre et 4 se sont abstenus.

Trois cinquièmes des voix et une en plus, "c’est une majorité très qualifiée et très large, qui allait bien au-delà de la majorité simple", a souligné la garde des Sceaux Rachida Dati. La réforme a été approuvée "bien au-delà des clivages", s’est-elle félicité. "Il y avait un consensus sur la nécessité de réviser la Constitution".

Parmi les députés socialistes, seul Jack Lang a voté en faveur de la réforme, ce qui risque fort de lui attirer les foudres de ses amis. Il "connaissait les enjeux" et "il a voté en homme respectable", l’a défendu Rachida Dati.

Le Parti socialiste "à 99,99% a voté" contre, a souligné le député socialiste Julien Dray. "Les militants socialistes qui ont fait confiance, qui eux n’ont pas les honneurs, les palais, et qui lui ont permis d’être ce qu’il est, ce soir ils doivent être extrêmement tristes", a-t-il ajouté. Et "tous ceux qui vont avoir à subir (...) la politique de Nicolas Sarkozy, ils se souviendront de Jack Lang".

La réforme modifie ou crée 47 articles dans la Constitution. Elle permet notamment au chef de l’Etat de venir s’exprimer devant les parlementaires réunis en congrès à Versailles. Elle limite par ailleurs à deux les mandats du président de la République, encadre davantage l’usage de l’article 49-3 (adoption sans vote d’un projet de loi), permet au Parlement de mieux contrôler son ordre du jour ou de mettre son veto à certaines nominations présidentielles.

En ouvrant les débats à Versailles, le Premier ministre François Fillon avait invité "ceux qui hésitent à ne pas gâcher cette occasion" de réformer les institutions. "Soit le renouveau, soit le statu quo : voilà l’alternative et tout le reste n’est que littérature". AP