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Jean-Jacques de Felice, avocat et militant des droits de l’homme, est mort

Publie le lundi 28 juillet 2008 par Open-Publishing
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"Vivant, il ne nous aurait jamais quittés." C’est par ces mots qu’un collectif de réfugiés italiens en France a annoncé le décès de l’avocat parisien Jean-Jacques de Felice, dans la nuit du 26 au 27 juillet, à l’âge de 80 ans. Militant des droits de l’homme – il fut vice-président de la Ligue des droits de l’homme (LDH) de 1983 à 1986 –, Jean-Jacques de Felice a été jusqu’au bout de ses forces l’un des avocats de Marina Petrella, ancienne membre des Brigades rouges aujourd’hui menacée d’extradition vers l’Italie, après avoir été celui de Cesare Battisti et de plusieurs anciens activistes italiens.

Né le 15 mai 1928, il était le fils de Pierre de Felice, avocat lui-même et ancien secrétaire d’Etat sous la IVe République. Protestant, ex-responsable de mouvements éclaireurs unionistes, il s’était d’abord spécialisé dans la défense des mineurs, dont les enfants algériens des bidonvilles de Nanterre, avant de s’engager à la fin des années 1950 aux côtés des militants du FLN et des objecteurs de conscience. Il travaille ensuite avec le Gisti (Groupe d’information et de soutien aux travailleurs immigrés) et la Cimade.

On le retrouve partageant le combat de l’abbé Pierre en faveur des mal-logés, mais aussi aux côtés des paysans du Larzac, des Kanaks de Nouvelle-Calédonie ou des sans-papiers. Parallèlement à ses engagements politiques, Jean-Jacques de Felice poursuit une carrière d’avocat pénaliste. L’un de ses clients s’appelle Lucien Léger, condamné en 1966 à la réclusion criminelle à perpétuité, pour le meurtre d’un enfant de 11 ans, Luc Taron.

Jean-Jacques de Felice se bat afin d’obtenir la remise en liberté de celui qui deviendra le plus ancien détenu de France. Elle interviendra finalement après quarante et un ans de détention en octobre 2005. "Il y a une durée de détention au-delà de laquelle la justice se mue en vengeance", disait-il. Lucien Léger a été retrouvé mort le 18 juillet à son domicile de Laon.

Dans l’hommage qu’elle rend à Jean-Jacques de Felice, la LDH évoque celui qui "a porté la faculté d’entendre, de comprendre et d’aimer à un degré rarement atteint. Chaque homme, chaque femme était à ses yeux revêtu de la même humanité et méritait le même respect", écrit-elle dans un communiqué. "A chaque fois, les magistrats et les avocats ont été et restent, me semble-t-il, du côté de l’ordre établi et contre toute contestation qui crée finalement le droit des périodes à venir", déplorait-il. Jean-Jacques de Felice a consacré sa vie à prouver qu’il existait des exceptions.

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