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Pour la "grande manif" des syndicats d’EDF - GDF

Publie le jeudi 27 mai 2004 par Open-Publishing

Jour J pour la "grande manif".

Plusieurs dizaines de milliers de gaziers et d’électriciens venus de toute la France sont attendus jeudi à Paris à l’appel de l’intersyndicale d’EDF et de GDF, pour défiler contre le changement de statut et l’ouverture du capital des deux entreprises publiques.

L’intersyndicale (CGT, FO, CFDT, CFTC) table sur la participation de 80.000 personnes à la manifestation entre la place de la Bastille et l’esplanade des Invalides. De sources policières, on fait état de 30.000 à 40.000 manifestants.
Selon les syndicats, 37 trains spéciaux et plusieurs centaines de cars ont été affrétés pour acheminer les protestataires venus de province dans la capitale.

La Fédération nationale des mines et de l’énergie CGT (FNME-CGT, majoritaire à EDF avec 56,46% des voix aux dernières élections professionnelles, et à GDF avec 58,51% des voix) se donne "six semaines" pour obtenir le retrait du projet de loi sur le changement de statut, et a déposé un préavis de grève courant de mercredi soir jusqu’au 30 juin prochain "pour couvrir toutes les actions que les salariés voudront mener sur le terrain".

Des actions "coup de poing", et notamment des coupures de courant ciblées visant l’éclairage urbain sont prévues dans la nuit de mercredi à jeudi, selon la CGT.
Jeudi, outre les gaziers et les électriciens, plusieurs milliers de cheminots seront présents, l’ensemble des syndicats de la SNCF ayant appelé à se joindre au cortège au nom de la "défense des services publics".

D’autres professions pourraient également venir grossir les rangs des protestataires, la fédération CGT des services publics ayant appelé à la mobilisation ce jour-là sur le même mot d’ordre que les cheminots.

Deux manifestations régionales interprofessionnelles -agents d’EDF et de GDF en tête- sont par ailleurs prévues jeudi à Bordeaux et Bayonne.

A Paris, les manifestants se rassembleront place de la Bastille à partir de 9h puis défileront à compter de 11h jusqu’à l’esplanade des Invalides où une "assemblée générale géante" doit avoir lieu vers 16h30 pour "décider de l’après-27 mai", souligne-t-on de source syndicale.

Le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault, celui de la CFDT François
Chérèque, ainsi que celui de FO Jean-Claude Mailly participeront au défilé.

"Les directions d’EDF et de GDF et le gouvernement sont déterminés, nous aussi", a déclaré mercredi à l’Associated Press l’un des porte-parole de la FNME-CGT Maurice Marion.

"Outre les actions sur le terrain, nous demandons aux parlementaires, que nous voulons rencontrer un à un ces prochaines semaines, de prendre leurs responsabilités. Ce ne sont pas les syndicalistes qui discutent et votent les lois à l’Assemblée", a-t-il ajouté.

La CGT estime qu’il n’y a "aucun argument recevable, aucun fondement pour le changement de statut si ce n’est une position dogmatique des libéraux qui ont décidé de faire des réformes et veulent aller jusqu’au bout".

Le gouvernement et les directions d’EDF et de GDF estiment que le changement de statut des deux entreprises publiques est rendu nécessaire par l’ouverture à la concurrence européenne de 70% du marché de l’énergie à compter du 1er juillet.

Le projet de loi a été présenté en Conseil des ministres le 19 mai dernier, et doit être discuté à l’Assemblée nationale à partir du 15 juin avec comme objectif le changement du statut des deux entreprises d’ici la fin du mois de juillet.

Le projet de loi prévoit de faire passer EDF et GDF du statut d’EPIC (Etablissement public industriel et commercial), dont le capital est détenu à 100% par l’Etat, au statut de Société anonyme (SA), ce qui permet d’ouvrir le capital.

Le ministre de l’Economie et des Finances Nicolas Sarkozy a assuré que l’Etat restera majoritaire dans le capital, et que les deux entreprises "ne seront jamais privatisées", promesse reprise par le président d’EDF François Roussely et par le chef de l’Etat Jacques Chirac.

Ces arguments n’ont pas convaincu les syndicats qui voient justement dans l’ouverture du capital un "début de privatisation", et mettent en avant le fait qu’aucune directive européenne n’exige cette modification.

Les syndicats estiment surtout que le gouvernement veut mener à bien ce changement pour utiliser la manne financière dégagée afin de renflouer une partie de la dette publique.

Après de multiples journées d’actions ces derniers mois, la bataille finale sur ce dossier est en tout cas lancée. PARIS (AP)