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Européennes. Des " alter " purs et durs au risque de l’émiettement
Publie le dimanche 30 mai 2004 par Open-PublishingLes listes " 100 % altermondialistes " s’engagent dans la campagne et font silence sur leurs convergences avec le PCF.
Devant une bonne soixantaine de participants, quelques militants d’ATTAC animant les listes " 100 % altermondialistes " aux européennes organisaient lundi soir à Paris leur première véritable initiative publique. L’occasion d’exposer leurs raisons de descendre pour la première fois dans l’arène électorale. " Le traité constitutionnel reste malheureusement inconnu, déplore Christophe Ventura, permanent d’ATTAC en congé pour la campagne et tête de liste en Île-de-France. Il est toujours présenté dans sa dimension institutionnelle : combien de voix auront la Pologne et l’Espagne ? Jamais personne ne nous parle de sa nature historique. Or, ce traité va graver dans le marbre tous les dogmes du néolibéralisme : le marché non régulé, la concurrence, la loi du plus fort, etc. "
Omettant avec soin le PCF et ses alliés - avec lesquels il peinerait à trouver l’ombre d’un désaccord sur le fond -, Christophe Ventura fustige alors les " contorsions " du PS, des Verts et de l’alliance LO-LCR sur la constitution. " Les socialistes ne veulent pas d’une campagne européenne et ne cherchent qu’à prolonger le vote contre Raffarin, lance-t-il. C’est très bien, mais ça n’est pas suffisant, il faut s’attaquer à la source d’inspiration directe de Raffarin qu’est l’Europe. Il y a une forme d’imposture chez les Verts comme au PS : ils nous disent qu’ils sont pour la constitution, mais qu’ils veulent se battre pour en abroger la troisième partie. C’est une escroquerie, car tout est ficelé. Je ne vais pas passer en revue chaque parti, mais je ne comprends pas, et pas du tout, la position d’inertie, de "ni-ni" de formations comme LO et la LCR. Ils n’entendent pas s’opposer aux projets de constitution européenne ès qualité parce qu’il faudrait lutter contre les constitutions bourgeoises des États... "
Oppositions de fond pour les uns, contradiction tactique pour les autres. Quoi qu’elle prétende, la coalition des " 100 % altermondialistes " fait entrer de plein fouet la question du " débouché politique " immédiat dans l’association altermondialiste et, dans le même geste, la règle à coup de canif contre les expériences existantes de rassemblement. Au risque d’un émiettement préjudiciable aux contenus défendus ; ce que n’ont pas manqué de relever, à leur manière, Gilles Bénard d’Alternative citoyenne ou Frédérick Genevée du PCF. " Nous ne croyons plus à la métamorphose des appareils, avertit Marc Le Glatin, animateur de la commission culture d’ATTAC et porte-parole des listes. Nous n’entendons pas servir de pompe à oxygène. Il faut créer autre chose. On s’inscrit dans un renouvellement des forces politiques, pas dans une recomposition. " Pour Gérard Lalot, responsable local d’ATTAC, ex-président du groupe communiste au conseil régional de Picardie et tête de liste " 100 % altermondialistes " dans le Grand Nord, " si c’est pour refaire la gauche plurielle, merci bien ! Désormais, on peut continuer de manifester, de faire de l’éducation populaire, mais l’efficacité est un peu limitée. Nous devons porter nous-mêmes la guerre idéologique dans les institutions.