Accueil > Communique : Tchernobyl, 18 ans apres, on enterre des villages radioactifs

Communique : Tchernobyl, 18 ans apres, on enterre des villages radioactifs

Publie le mardi 1er juin 2004 par Open-Publishing

Communiqué de presse du 31 mai 2004

A diffuser pour ne pas participer au coupable silence

18 ans après l’explosion, à 150 km de Tchernobyl, on enterre des villages
radioactifs !

Une délégation de responsables de l’association humanitaire alsacienne « Les
Enfants de Tchernobyl » vient de rentrer d’une mission de 2 semaines dans
les régions de l’Ukraine et du Bélarus fortement contaminées par les
retombées radioactives de Tchernobyl.

Les 9 participants avaient une triple mission : humanitaire, scientifique et
sociologique. Leur objectif était d’évaluer la situation sur le terrain
plus de 18 années après l’explosion du réacteur ukrainien le 26 avril 1986.

André Paris, scientifique, auteur de l’ouvrage de référence « Contaminations
radioactives : atlas France et Europe » accompagnait l’équipe alsacienne
muni d’un spectromètre gamma très performant pour évaluer la contamination
en césium 137 de la couche superficielle des sols.

Au Bélarus, des responsables de l’Institut de radioprotection indépendant « 
Belrad » dirigé par le professeur Nesterenko encadraient la délégation.

Les mesures des sols réalisées par les bénévoles français mettent en
évidence un indiscutable et important risque sanitaire encouru par les
populations ukrainiennes et bélarusses qui continuent de vivre sur des
territoires contaminés par les retombées radioactives, en particulier le
césium 137 qui reste très présent.

Les autorités internationales estiment qu’en 2004 deux millions de personnes
habitent encore sur des territoires contaminés par Tchernobyl dans ces deux
républiques de l’ex-URSS. Parmi eux, 500000 enfants restent exposés de
manière chronique à de faibles doses de rayonnements toxiques. L’essentiel
de la contamination se fait par les aliments. Qu’elle provienne du jardin,
du marché ou d’une nature généreuse, la nourriture (légumes, lait,
champignons, baies, gibier et poissons) est contaminée par le césium 137 qui
s’est déposé en surface dans les jardins, les bois et sur les pâturages.

Les Français sont restés durant 4 journées à Tchetchersk et dans ses
environs. Tchetchersk est une bourgade du Bélarus de 7800 habitants (contre
plus de 10 000 avant 1986) située à environ 160 km au nord-est de
Tchernobyl. Depuis 1986, le sol est contaminé par du césium radioactif mais
les habitants n’ont pas été évacués et 2500 enfants y vivent. L’une des
mesures réalisées au centre du parc de jeux de la cité indiquait plus d’un
million de bequerels de césium 137 par m2, soit plus de deux fois la valeur
définissant la « zone interdite de Tchernobyl ». Dans un bois, à quelques
kilomètres du village habité de Palessié (situé tout près de la frontière
russe, à 30 km au N-E de Tchetchersk), où les villageois cueillent baies et
champignons, le spectromètre gamma indiquait plus de 11 millions de Bq/m2 de
césium 137. Il est vrai qu’une pancarte placée à l’entrée de l’un des
chemins qui pénètre dans ce bois avertit du danger et interdit les
cueillettes.

Les quelques 600 membres et sympathisants des « Enfants de Tchernobyl »
viennent en aide aux écoliers de Tchetchersk sous la forme d’un financement
(budget 17 861 euros) de cures de « Vitapect », un produit à base de pectine
de pomme additionné de vitamines et d’oligo-éléments qui permet d’accélérer
l’élimination du césium 137 de l’organisme humain.

La délégation a observé la campagne de mesures de la radioactivité interne
des organismes de ces écoliers organisée par « Belrad » : les enfants
défilent sur un fauteuil moelleux derrière lequel est rattaché un
spectromètre relié à un ordinateur et en 3 minutes la charge radioactive de
chacun est mesurée.

« A partir de 20 Bq/kg on doit protéger les enfants, des chercheurs ont
montré qu’entre 20 et 50 Bq/kg on observait déjà des problèmes de santé »
explique le professeur Nesterenko. Malheureusement, de nombreux enfants
dépassaient ces valeurs, la petite Viktoria Tchetakova possédant le triste
record de la semaine avec 1940 Bq/kg de césium radioactif dans son corps.

La délégation alsacienne s’est rendue dans une « zone interdite » non
répertoriée sur les cartes publiques où 38 villages furent évacués il y a
quelques années, à 150 km de Tchernobyl. Non loin de là, c’est une vision
surréaliste qui attendait les humanitaires français : à l’extérieur des
zones interdites, 18 ans après l’explosion de la centrale nucléaire, des
chars soviétiques T34 (modifiés pour la circonstance) munies de pinces
broient les datchas trop radioactives pour avoir le droit de survivre avant
que d’impressionnants bulldozers ne poussent les restes des maisons dans des
trous creusés pour l’occasion. 1986 : Tchernobyl explose, 2004 : on continue
d’enterrer des villages !

Après avoir réitéré le témoignage de leur plus vive sympathie et de leur
soutien actif à son épouse Galina, les responsables des « Enfants de
Tchernobyl » se sont rendus symboliquement devant la prison où croupit
depuis 3 ans le professeur Youri Bandajevsky. Le crime de ce médecin
anato-pathologiste : avoir découvert un lien entre les retombées
radioactives de Tchernobyl et les maladies des enfants qui vivent dans les
zones contaminées.

Les témoignages, les mesures scientifiques et les documents rapportés de
leur mission par les responsables de l’association « Les Enfants de
Tchernobyl » prouvent que, 18 années après l’explosion du réacteur N°4 de
Tchernobyl, une mobilisation réelle, sincère et efficace de la communauté
internationale s’avère urgente et indispensable pour protéger et aider les
victimes de Tchernobyl. Ce n’est pas un choix, mais une nécessité !

Pour sa part, comme les années précédentes, l’association française dont le
siège se situe à Illzach (Haut-Rhin) accueillera cet été 189 Ukrainiens (179
enfants et 10 accompagnatrices) originaires des zones contaminées pour des
séjours dans des familles d’accueil bénévoles en juillet et en août.

L’association lance un appel aux dons pour financer ses nombreux projets, en
particulier le financement de cures de pectine et la participation à la
construction des nouveaux locaux de l’institut de radioprotection
indépendant Belrad :

Association « Les Enfants de Tchernobyl »
37B, rue de Modenheim 68110 Illzach
Tel/Fax : 03 89 40 26 33
E-mail : les.enfants.de.tchernobyl@wanadoo.fr