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L’état protège les délocalisations STM Micro... les CRS rentrent dans le choux des salariés.

Publie le jeudi 10 juin 2004 par Open-Publishing

Violents incidents lors du déménagement des machines de STMicro

De échauffourées ont opposé jeudi matin à Rennes la police à plusieurs centaines de salariés de STMicroelectronics qui s’opposaient à la délocalisation d’une partie de l’activitéà Singapour.

Libération

Les salariés de STMicroelectronics (semi-conducteurs), un des leaders mondiaux du secteur et valeur de référence « techno » de la bourse de Paris, se sont opposés avec force au déménagement de machines de l’usine dont une partie de l’activité est délocalisée à Singapour. De violentes échauffourées ont opposé la police à plusieurs centaines de salariés de l’entreprise. Ces derniers, très déterminés, ont d’abord jeté divers projectiles (bouteilles, pierres, pneus) sur les CRS qui avaient pris position tôt jeudi matin devant l’entrée de l’usine, dans la proche banlieue rennaise. Ce déploiement policier exceptionnel avait été mis en place pour permettre le déménagement des machines « en application d’une décision de justice », avait indiqué la préfecture.

Incidents en centre ville
Un peu plus tard, les salariés ont allumé un feu de palettes devant l’entrée nord de l’usine pour empêcher la sortie des camions emportant les machines. Puis les forces de l’ordre ont commencé à charger et à lancer des grenades lacrymogènes.

D’après des témoins sur place, les camions sont finalement sortis de l’usine alors que des salariés se couchaient en travers de la chaussée et que d’autres s’accrochaient aux véhicules escortés par les CRS. Ces incidents, qui se sont poursuivis pendant au moins un kilomètre après la sortie des camions de l’usine, se sont déroulés en pleine ville où des passants se sont trouvés pris dans les émanations de gaz lacrymogènes. Les salariés de STMicro sont ensuite partis en cortège à la préfecture.

Stupéfaction des élus PS

Le 21 mai dernier, le président du tribunal de grande instance de Rennes avait ordonné de « supprimer ou de faire cesser tout obstacle qui entrave la liberté de circulation » sur le site. Depuis début mai, des salariés bloquaient à tour de rôle l’entrée de l’usine à la suite de la décision de la direction d’arrêter la production sur ce site, annoncée en septembre 2003.

La tension était encore montée d’un cran lorsqu’il y a quelques jours, la direction du fabricant de puces franco-italien avait annoncé mercredi qu’elle suspendait les projets en cours de reconversion et de réindustrialisation de son site de Rennes (Ille-et-Vilaine) en raison du blocage de l’usine.

Seul un projet présenté par des cadres de l’usine et concernant le domaine spatial restait à l’étude. Les élus locaux socialistes avaient alors exprimé leur « stupéfaction », au moment même où « des avancées significatives » avaient été enregistrées pour permettre la « reprise » d’une partie du site. Après la décision de justice du 21 mai, la direction se plaignait qu’elle n’ait donné lieu à aucun changement et que le site « reste toujours bloqué par une trentaine de personnes ».

Bénéfice de 213 millions

Spécialisée dans la production de puces sur plaques de silicium de six pouces, l’usine employait quelque 600 salariés avant que la direction ne prenne la décision, en septembre 2003, de fermer l’activité en France pour la transférer à Singapour. Environ 150 intérimaires « ont depuis perdu leur travail » et plus de « 200 des CDI ont reçu leur lettre de licenciement », expliquait tout récemment Jean-Marie Michel, délégué CFDT.

Détenu à 16,3% par l’Etat français, le groupe STMicroelectronics a dégagé en 2003 un bénéfice net de 213 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 6,09 milliards d’euros.