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Ultra-gauche

Publie le mercredi 3 décembre 2008 par Open-Publishing
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Ultra-gauche

Le terme ULTRA-GAUCHE est apparu au milieu des années 1920 pour désigner un courant politique d’inspiration marxiste (assez proche de l’anarchisme) opposé à la sociale-démocratie et au bolchevisme.

Il prend sa naissance au sein du mouvement ouvrier révolutionnaire allemand (et hollandais) lors de la grande flambée insurrectionnelle qui suit la révolution russe de 1917.

De puissantes organisations ouvrières (mais refusant de jouer un rôle de direction) vont se poser très clairement à l’encontre des préceptes et directives de Moscou et de la IIIème Internationale et participer aux insurrections révolutionnaires allemandes (Berlin 1919, République des conseils de Bavière, « Action de mars » en 1921…).

Les principaux porte-paroles de ce mouvement (Otto Rühle, Anton Pannekoek, Herman Gorter, Paul Mattick…) vont mener une critique impitoyable du capitalisme tout comme de l’URSS, de la sociale-démocratie comme du léninisme/bolchevisme (et pas seulement du stalinisme), élaborant une théorie révolutionnaire marxiste anti-autoritaire : contre l’état et donc contre l’étatisation des moyens de production, contre le parlementarisme, pour l’abolition du salariat et de la valeur… ils prôneront, contre les partis et les syndicats, l’organisation spontanée et autonome du prolétariat, dans chaque usine, au sein de CONSEILS OUVRIERS, bases de la société future (d’où l’appellation de « communisme de conseils » ou de « conseillisme »).

http://raforum.info/mot.php3?id_mot=1331

L’obsession de l’ultragauche

La question vient du fond de la salle. Doigt levé, le responsable de la sécurité d’une grande chaîne hôtelière demande si, "par rapport au petit groupe qui a cherché des noises à la SNCF", les entreprises ont "matière à s’inquiéter". Dans cet entre soi, où sont réunis, à Paris, ce 26 novembre, des patrons du CAC 40 membres du club des directeurs de la sécurité des entreprises (CDSE), on se parle en confiance. "Oui, il y a une crainte, répond à la tribune Gilles Gray, sous-directeur de la protection économique à la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) en évoquant "une philosophie qui se développe en Europe".

Depuis des mois, la place Beauvau enquête sur "l’ultragauche" et a développé la thèse de l’émergence d’un "terrorisme idéologique". Les interpellations de neuf jeunes gens à Tarnac (Corrèze) et Paris entrent dans cette logique. "C’est un message fort, poursuit M. Gray, adressé à ceux qui auraient des velléités de commettre des actions semblables", à celles qui ont pris pour cible des caténaires de la SNCF. "Nous espérons que cette affaire a enrayé pour un temps ce type d’actions violentes, insiste le responsable policier et permettra d’éviter, précise-t-il, "le retour d’Action directe ou de la RAF allemande".

Un "message" ? Le mot sonne étrangement rapporté à la gravité des accusations. Depuis le 11 novembre, date de leur interpellation, neuf jeunes gens de 22 à 34 ans ont été mis en examen pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et cinq d’entre eux sont soupçonnés d’avoir commis des dégradations sur les voies ferroviaires "dans une perspective d’action terroriste". Le procureur de Paris, Jean-Claude Marin, a évoqué un projet de "lutte armée". Au grand dam des familles et des avocats qui dénoncent l’absence de preuves dans le dossier - en l’occurrence aucune arme n’a été trouvée.

Classées "secret-défense", des notes du renseignement sont venues alimenter une ministre convaincue. En juin, la DCRI a remis à Michèle Alliot-Marie une étude de quarante pages intitulée : "Du conflit anti-CPE à la constitution d’un réseau préterroriste : regards sur l’ultragauche française et européenne".

"ON S’ACCROCHE À LUI, ON LE SUIT"

Les comparaisons avec Action directe y abondent. Mais la ministre revendique elle-même avoir aiguillonné ses services vers "l’ultragauche", en leur demandant, dès son installation place Beauvau en 2007, de "suivre ce phénomène". Une préoccupation née "il y a quelques années, explique-t-elle au Monde, quand j’ai compris que le PCF s’effondrait et ne remontait pas. Cela a été renforcé chez moi par les manifestations anti-CPE". Mme Alliot-Marie évoque aussi une radicalisation ressentie à l’issue de l’élection présidentielle de 2007. Et affirme avoir eu au début "l’impression d’un certain scepticisme" chez ses interlocuteurs. Un sentiment vite balayé aujourd’hui. "En 1917, ça a commencé comme ça !", s’énerve un collaborateur, en faisant référence à la révolution russe, quand des interrogations sont émises.

A la fin de l’été 2007, lors de la réunion hebdomadaire de l’intérieur sur le terrorisme, Mme Alliot-Marie fait donc inscrire l’ultragauche aux côtés de l’islam radical, de l’ETA et de la Corse. A cette même période, le criminologue Alain Bauer pianote un matin, comme son habitude, sur le site internet de la Fnac et Amazon.com en quête des nouveautés en librairie lorsqu’il tombe par hasard sur L’insurrection qui vient (éd. la Fabrique). Le consultant en sécurité y voit la trace d’un "processus intellectuel qui ressemble extraordinairement aux origines d’Action directe" et, sans barguigner, achète d’un coup 40 exemplaires. Il en remettra un en mains propres au directeur général de la police nationale, Frédéric Péchenard, assorti d’une petite note. Rédigé par un "Comité invisible", l’ouvrage est attribué par les policiers à Julien Coupat, qui fait figure de principal accusé dans l’affaire de Tarnac.

En novembre 2007, des premières interpellations ont lieu. A Toulouse, deux hommes et une femme d’une vingtaine d’années ont fait sauter un engin explosif dans un champ. A leur domicile, la police trouve L’insurrection qui vient. Puis viennent d’autres arrestations en banlieue parisienne, et à Bourges, d’autres jeunes, en possession de petits engins explosifs et d’une "documentation anarchiste".

Dès lors, les consignes redoublent sur la surveillance des squats et des "modes opératoires" de la mouvance anarcho-autonome. Signalé par les autorités américaines pour avoir manifesté à New York devant un centre de recrutement de l’armée, Julien Coupat est désormais dans le collimateur des policiers français. "On s’accroche à lui, on le suit", dit un responsable du renseignement. Le 16 avril 2008, une enquête préliminaire est ouverte à la section antiterroriste du parquet de Paris.

A l’intérieur du document de la DCRI, trois pages concernent le groupe Coupat. "Ils ont adopté la méthode de la clandestinité, assure Mme Alliot-Marie. Ils n’utilisent jamais de téléphones portables et résident dans des endroits où il est très difficile à la police de mener des inquisitions sans se faire repérer. Ils se sont arrangés pour avoir, dans le village de Tarnac, des relations amicales avec les gens qui pouvaient les prévenir de la présence d’étrangers." Mais la ministre en convient : "Il n’y a pas de trace d’attentats contre des personnes."
Isabelle Mandraud le monde du 3-12-08
 http://www.lemonde.fr/societe/artic...

Messages

  • Les principaux porte-paroles de ce mouvement (Otto Rühle, Anton Pannekoek, Herman Gorter, Paul Mattick…) vont mener une critique impitoyable du capitalisme tout comme de l’URSS, de la sociale-démocratie comme du léninisme/bolchevisme (et pas seulement du stalinisme), élaborant une théorie révolutionnaire marxiste anti-autoritaire : contre l’état et donc contre l’étatisation des moyens de production, contre le parlementarisme, pour l’abolition du salariat et de la valeur… ils prôneront, contre les partis et les syndicats, l’organisation spontanée et autonome du prolétariat, dans chaque usine, au sein de CONSEILS OUVRIERS, bases de la société future (d’où l’appellation de « communisme de conseils » ou de « conseillisme »).

    Difficile de faire le lien avec les conseillistes dont il y a deux lectures, mais certainement pas une lecture substitutiste (faire les choses à la place des travailleurs), ce que fit une partie des autonomes et également ceux qui allèrent jusqu’au terrorisme.

    "L’ultra-gauche" de l’entre deux guerres et l’entendement actuel recherché de ce terme par les journalistes et ministres policiers, n’ont pas de grand rapport, à part une grande envie d’en finir avec le capitalisme.

    Toutefois, je souhaiterai attirer l’attention sur la production politique considérable de ce courant non négligeable de l’entre deux guerres qui eut comme inspirateurs Luxembourg, Pannekoek, etc.

    On trouve encore une puissante influence de ce courant dans les conceptions des partis communistes ouvriers d’Irak et d’Iran de ces 20 dernières années (le conseillisme, voir Mansoor Hekmat Zhoobin Razani).

    Une des clés du socialisme du XXIeme siècle (suivant le mot consacré) git probablement dans une inspiration nouvelle, revisitée, qui utilise une grande part de la fécondité léguée par ce courant.

    Mais le lien avec les conceptions politiques de l’auto-proclamation de conseils, de soviets, de comités, de coordinations, qui ne rassemblent qu’une infime minorité des travailleurs n’existe pas.

    Un conseil ouvrier n’est pas un quarteron qui se prétend tel.

    D’un coté de l’auto-proclamation, du substitutisme, de l’autre la recherche d’une extension formidable de la démocratie par des comités , conseils, soviets, coordinations, etc, rassemblant la grande majorité des travailleurs et aptes ainsi à postuler au pouvoir et donc renverser le capitalisme.

  • La presse, y compris "pas bien pensante", n’aura fait que suivre les délires de MAM, hurler avec les loups

    Michel Onfray se met péniblement à "regretter" son billet dans Siné-Hebdo (voir sur Libération de ce jour)

    « C’est criminaliser la pensée »

    Mourad Rabhi (secrétaire confédéral de la CGT) déclarait dans le magazine "Complément d’enquête" du lundi 1° décembre que ce ne sont pas les "méthodes" de la CGT (je résume, c’est vers la 25° minute) : rien sur les conditions hallucinantes d’accusation de "terrorisme", pas même de réserve sur le fait qu’ils sont présumés innocents (à ce moment, tous sont encore en prison : on aurait pu attendre de la CGT - notre syndicat ouvrier- une ferme condamnation de cette instrumentalisation), pas plus que pour rappeler qu’au plus, il s’agirait de "dégradation" qui ne met personne en danger, quels qu’en soient les auteurs

    (re) Voir sur France 2 , Quand la France voit rouge (cette émission, si quelqu’un pouvait indiquer le moyen de la mémoriser.....)

    Consternant !

    Cette émission, malgré quelques précautions des journalistes, est essentiellement "à charge" contre le militantisme "agissant"

    Deux jeunes sont toujours en prison pour leurs idées : rien d’autre !

    Libé donne toujours dans ce délire, malgré l’éditorial de joffrin, girouette de circonstance

    Qualification

    La « gravité des faits » en question