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Enièmes drame et scandale à l’hôpital / SOUS SARKO (lbre Belgique)

Publie le samedi 27 décembre 2008 par Open-Publishing
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Enièmes drame et scandale à l’hôpital
BERNARD DELATTRE

Mis en ligne le 27/12/2008

Double et très vive controverse à la suite d’une erreur médicale fatale. La réponse de la justice est jugée assez largement disproportionnée. Et l’éternel débat sur les moyens alloués aux hôpitaux publics est relancé.
I l faut que les Français gardent leur confiance dans le système hospitalier". La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a lancé cet appel vendredi, au surlendemain du décès d’un enfant dans le service pédiatrique d’un grand hôpital parisien. Le garçonnet y avait été admis pour une simple angine. Il y est décédé à la veille de Noël des suites d’une erreur médicale : une infirmière lui a injecté du chlorure de magnésium au lieu de sérum glucosé. Dans le secteur hospitalier, l’année qui s’achève avait déjà été marquée par la révélation d’un énorme scandale : la surirradiation de plusieurs milliers de patients cancéreux dans plusieurs hôpitaux de Paris et de province.

Dans un pays qui a vu exploser le nombre de placements en garde à vue, l’infirmière mise en cause - avant sa probable mise en examen pour homicide involontaire - a été gardée à vue pendant deux jours. Alors qu’elle a admis d’emblée son erreur et n’a jamais essayé de la dissimuler. Les juristes spécialisés en droit médical ont jugé cette procédure tout à fait exceptionnelle.

Une mesure "disproportionnée", ont hurlé l’ensemble des syndicats hospitaliers et ont désapprouvé les partis politiques. La ministre de la Santé l’a toutefois jugée "normale", pour les besoins d’une enquête "que l’on doit à la famille de la victime". Signe, malgré tout, du malaise, son propre parti, l’UMP, a déploré vendredi cette procédure judiciaire "très inhabituelle" et a prôné la remise en liberté de l’infirmière, "pour ne pas ajouter de souffrance supplémentaire à ce drame".

Surtout, ce fait divers a relancé la récurrente et toujours très vive controverse sur l’état du secteur hospitalier public.

Celui-ci est dans une situation financière catastrophique. Le déficit cumulé des hôpitaux publics dépasse le demi-milliard d’euros. Le Président Sarkozy s’étant fixé le déficit zéro pour objectif d’ici à 2012, tous les établissements sont soumis à une cure d’austérité sans précédent.

Un climat délétère

Du coup, les budgets alloués couvrent rarement les hausses des charges. Des services entiers doivent fermer. Les départs à la retraite et les personnels malades ne sont pas remplacés. Le personnel soignant travaille régulièrement vingt ou vingt-quatre heures d’affilée. Or, depuis le début des années 2000 déjà, le secteur hospitalier est très déstabilisé par le passage aux 35heures de travail hebdomadaires. Ce nouveau régime, mal mis en œuvre, se solde aujourd’hui par des millions d’heures supplémentaires impayées et de jours de congés non-pris accumulés. La situation est très tendue dans les services d’urgences, qui sont chroniquement débordés. A l’été 2003 déjà, cela avait contribué au bilan effarant (15000 morts) de la catastrophe sanitaire de la canicule. Début décembre, les médecins urgentistes avaient appelé à la grève illimitée, notamment pour obtenir un moratoire sur la fermeture des services d’urgence. A l’époque, un syndicat avait prévenu : "Il va y avoir des morts".

Vendredi, les syndicats hospitaliers ont mis le décès du garçonnet en rapport avec "le climat délétère" régnant dans le secteur hospitalier et avec les impératifs de "productivité" qui lui sont désormais imposés. Selon eux, "du fait de la tension qui existe dans les hôpitaux, liée notamment au manque d’effectifs et à la dégradation des conditions de travail, on peut prévoir que ce type d’accident, qui devrait rester exceptionnel, risque de se multiplier". Aux yeux de ces syndicats, "les politiques, en mettant l’hôpital public à la diète financière, ont une responsabilité morale" dans ce genre de drame. Certains réclamant même la démission de la ministre de la Santé.

Cette accusation, largement répercutée par l’opposition, a ulcéré l’UMP. Le grand parti présidentiel a jugé "scandaleux que certains instrumentalisent le malheur des autres pour des raisons politiciennes" et a fustigé "une tentative de récupération indigne", Roselyne Bachelot parlant elle d’"agitation honteuse".

Pour le gouvernement, la situation sanitaire dans les hôpitaux est globalement sous contrôle. Mais, depuis mercredi, les témoignages affluent, émanant de praticiens pour qui, à l’hôpital public, "le personnel est désormais souvent à peine au seuil de l’effectif de sécurité, voire en dessous". En outre, il n’a échappé à personne que l’hôpital parisien où s’est joué le drame disposait d’un service de pédiatrie considéré jusqu’à présent comme un des meilleurs du pays. Enfin, l’opinion est inquiète. Selon les sondages, un Français sur trois juge que l’accueil des patients et la qualité des soins ont empiré ces dernières années dans les hôpitaux publics, une proportion qui grimpe jusqu’à 42 pc pour les services d’urgences.

Messages

  • D’autres organisations, tout en exprimant leur compassion à la famille de l’enfant, ont aussi dénoncé à l’occasion de ce drame la politique du gouvernement à l’égard des hôpitaux.

    Le Syndicat national des praticiens hospitaliers, anesthésistes réanimateurs (SNPHAR) a ainsi pointé dans un communiqué la restriction des moyens et en particulier « la suppression massive de personnel » à l’hôpital. « En médecine comme ailleurs, l’erreur médicale reste toujours possible », note le syndicat, mais il ne peut être réduit « que grâce à des conditions de travail permettant une sérénité professionnelle ».

    La secrétaire nationale du Parti socialiste chargée de la santé Mireille Le Corre, a estimé que « par sa politique de restriction des moyens, le gouvernement prend le risque de mettre en péril l’hôpital public ». Le maire de Paris Bertrand Delanoë a lui critiqué un « contexte général de tension lié au manque d’effectifs dans les hôpitaux ». « Cette tragédie confirme la nécessité de renforcer les conditions de fonctionnement de l’hôpital public », a-t-il commenté.

    (…) ap

  • Les conditions de travail dans le secteur hospitalier français sont devenues insupportables et dangereuses pour le personnel.
    Parions que d’ici quelques années, il n’y aura plus de volontaires pour travailler dans les milieux de santé.
    Infirmière en retraite depuis 5 mois, si c’était à refaire, je ne referais jamais de carrière dans une profession liée à la santé. JAMAIS ! et je dissuade autant que faire se peut, tous les jeunes qui caressent l’idée d’entamer une carrière médicale ou paramédicale.