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Situation en Guadeloupe : quelques éléments.

Publie le dimanche 1er février 2009 par Open-Publishing
4 commentaires

Métropolitain,je réside en Guadeloupe depuis deux ans et demi et je n’ai pas l’audace de prétendre connaître avec précision la sociologie et la vie politique de ce département.

Cependant, j’ai fait les constats suivants :

Un coût de la vie extraordinairement élevé associé à une moyenne des revenus salariaux ou de retraite particulièrement bas.

Des familles ou des personnes (ceux qui détiennent les activités importantes ou vitales de l’île) dont les revenus sont eux très élevés, la totalité ou presque de ces individus étant imposés à l’ISF.

Une situation de chômage quasiment explosive.

Une très grande majorité des compatriotes locaux se trouve donc dans une situation intolérable de mal vivre, la jeunesse en complet désarroi devant un avenir qui ne leur offre que l’oisiveté ou l’expatriation.
Ces quelques points pour dire que le collectif revendicatif connaît un succès inconstable, fort et que la détermination qui s’en dégage ne cèdera pas aux propositions chimériques du ministre de l’outre mer dont l’arrivée est prévue demain dimanche.

Des réunions, télévisées sur une chaîne locale, ont eu lieu en début de semaine diligentées par le préfet arrivé dans le département aux environs du 11 janvier. L’unique réponse de l’état a consisté en un courrier du ministre lu par le préfet lequel, lecture faite, a quitté la dernière réunion qui s’est tenue mardi ou mercredi.

Evidemment, ce comportement lamentable a fort logiquement contribué a renforcer une ardeur déjà importante qui va encore s’amplifier puisque, en même temps que l’arrivée du ministre, des manifestations et prises de paroles sont annoncées dans les villes du département.

A ce que je viens d’évoquer, il faut ajouter que les gérants de stations service sont en grève depuis le 18 janvier et qu’il n’ y a plus ou presque de circulation automobile dans le département à ce jour.

Visiblement, ici comme ailleurs dans le pays, l’état joue les abonnés absents sauf pour envoyer plusieurs centaines de CRS ou gardes mobiles arrivés de métropole ces dernières 48H et gageons que la moindre pécadille sera mise à profit pour justifier leur intervention.

Je ne crois aujourd’hui qu’au soulèvement des citoyens en souffrance terrible des conséquences du capitalisme, ce monstre qui n’a jamais produit autre chose que la guerre, la famine le mal être et le mal vivre du plus grand nombre.

Messages

  • vous êtes dans votre bon droit,

    tout mon soutien et bravo pour votre courage.

    Elle

  • Ayant vécu en métropole toute ma vie et ayant connu la vie en Guadeloupe ces 2 dernières années, je peux témoigner de la complexité de la vie ici comparé à la métropole.

    J’ai entendu et lu beaucoup de personnes juger les actions faites par le collectif, mais à moins de connaître la vie en Guadeloupe il est très dur de pouvoir vraiment comprendre ce qu’il en est.

    Votre article résume bien le mal qu’il y a en ce moment...régime sec, des voitures et des estomacs.
    Quand on vit seul ça reste gérable, mais quand on a une famille nombreuse, c’est un tout autre problème chaque matin au réveil, et ça donne la force de se battre pour que les conditions s’améliorent avant de ne plus pouvoir nourrir la famille.

    Je pense que le mot "respect" a été utilisé plus de fois qu’il n’a été compris lors des négociations télévisées...le respect, comme trop souvent, semble être une notion bien trop subjective, ce qui entraîne le conflit du respect des uns contre le respect des autres...enfin c’est une situation qui est tout sauf évidente.

    Je soutiens le collectif car combattre pour que la majorité des habitants de l’île aient une vie meilleur me semble plus juste que de laisser ceux qui s’enrichissent continuer à s’enrichir sans réelle prise de conscience de la vie précaire de trop nombreux habitants.

    Si la loi de la jungle devait vraiment s’appliquer dans ce monde il n’y aurait ni riches, ni pauvres, mais une jungle gigantesque peuplé d’animaux...Et jusqu’à preuve du contraire nous ne sommes pas des animaux, donc le combat mené est plus que justifié peu importe ce qu’en diront ceux que ça dérangent...hélas.

  • Bonjour,

    Votre point de vue est très interessant, d’autant qu’étant allé dans ce pays à 4 reprises, je me suis rendu compte de la manière d’y vivre. Pas aussi mal d’ailleurs que vous semblez le dire. J’ai été surpris en particulier de la qualité de certains investissements publics qui ont du échapper à votre regard, tels certains lycés et écoles professionnelles entre autres, que pourraient envier, certaines région de la métropole.

    Je pense quant à moi, que le moment est peut-être venu, de demander aux Guadeloupéens, ainsi qu’à tous ceux que l’aventure pourrait tenter, s’ils ne préfèrent pas la voie de l’indépendance si souvent revendiquée par certains meneurs. Cela éviterait peut-être que de guerre lasse, cette voie ne leur soit plus proposée mais imposée.

    Au fond ce ne serait qu’une décolonisation en retard de quelques décénies, mais il n’est jamais trop tard pour bien faire.

  • Un Appel de Guadeloupe à la Fraternité

    L’heure de réveil de l’esprit de fraternité et d’unité a sonné.
    Je suis un Guadeloupéen d’une quarantaine d’année. J’ai la faiblesse de me croire ouvert et tolérant. Je suis plutôt un pacifiste et j’aime mon pays. Je ne souhaite pas plus parler de moi car je considère le message plus important que le messager et je l’adresse à tous.
    La Guadeloupe étant un département français son système économique est le même que celui de la France et donc du système occidental, à savoir la loi du marché et de la croissance entraînant compétitivité, agressivité, conflits, brutalité, cupidité, égoïsme, manipulation. Un système qui permet toutes les injustices tous les abus sous couvert de pragmatisme économique et qui prétend être l’unique système viable.
    Ce système ou 1% de la population possède 40 % de la richesse de la planète, ou 34 000 enfants meurent chaque jour, ou 50% de la population mondiale vit avec moins de 2€ par jour et où le profit et l’argent sont souvent les principaux déterminants des choix qui sont posés. Un système qui engendre un nombre croissant de laissé-pour-compte et donc de souffrance. Un système qui détruit inexorablement la Planète (notre seule maison).
    Les fourmis sont mieux organisées que ça.
    Ce système qui accepte la violence, dans toutes ces variantes, comme allant de soi, jusqu’à nous faire croire que nous, les êtres humains, étions intrinsèquement mauvais.

    Rien n’est plus faux que cela et tous ceux et toutes celles qui ont soigneusement contribués à nous enfermer dans cet esclavage mental vont devoir se rendre à l’évidence : Nous sommes meilleurs, plus grands et plus forts qu’ils ne l’imaginent.

    Aujourd’hui à l’image de l’ensemble du peuple de Guadeloupe, je me réveille de l’illusion de liberté dans laquelle j’étais plongé et je suis déterminé à reprendre mon destin en main en cessant de soutenir ce système.
    Ne vous y trompez pas puisque si ma détermination est certaine et si elle s’exprime avec force, aucune colère n’habite mon cœur. J’assume pleinement ma part de responsabilité à propos de ma situation économique et sociale.

    Pendant trop longtemps j’ai fermé les yeux sur les agissements de ceux à qui nous avions tous confiés la sauvegarde de notre bien-être, bien qu’au fond de moi je soupçonnais et parfois savais ce qu’ils faisaient. Je souhaitais la facilité alors j’ai laissé faire en leurs remettant les clefs de mon bien-être. Ils devaient s’occuper de tous ce qui me semblait, soit trop compliqué, soit trop rébarbatif.

    Erreur.
    En fait ils se sont surtout occupés d’eux, de leur plan de carrière, de leurs belles maisons, de leurs bateaux et ont tout fait pour que cela ne s’arrête jamais. Ils sont devenus des drogués du pouvoir. Ils sont allés jusqu’à orchestrer la comédie des partis afin de me faire croire qu’il y avait de l’alternance alors qu’en réalité ils se partageaient le gâteau du pouvoir et de l’argent.
    Ils ont récemment, avec l’affaire des banques, joué une nouvelle carte afin d’accentuer un peu plus mon esclavage. Grâce à ces énormes prêts passés auprès des banques centrales, soit disant pour sauver les banques, ils vont pouvoir exiger de moi de travailler plus et de gagner moins afin de rembourser la non moins énorme dette que l’Etat, c’est-à-dire vous et moi, a contracté.
    En parallèle ils détricotent tous les services publics (Education, Sante, Energie, Transport, Média etc..) dans le but évident de les revendre pour une bouché de pain à des capitaux privés pénalisant ainsi les plus défavorisés d’entre nous, c’est-a-dire tout ceux qui n’auront pas les moyens de payer. J’imagine déjà la justification de cette opération : « L’Etat est en déficit, les caisses sont vides et nous avons besoin d’argent pour rembourser une partie de la dette ».

    Et ils croient que je vais encore les laisser faire ?

    Pour mieux me contrôler, nous contrôler, ils ont inventés le terrorisme afin de renforcer un Etat de plus en plus policier, pour distiller la peur et la division, tout en déstructurant le système judiciaire.

    Mais je n’oublie pas, ce sont des hommes et des femmes comme moi. Ils ont, un jour, comme moi, portés des couches culottes. Comme eux, je suis un homme tout à fait capable de savoir ce qui est bon, juste et utile pour moi et pour l’ensemble. Je suis décidé à me reprendre en main et à assumer la responsabilité de mon bien-être.
    Mon choix de société consiste en une société ou personne n’est à la traîne. Ou le bien être et les besoins de chacun, homme, femme, noir, blanc, jaune, rouge, pratiquant, non pratiquant, croyant, non croyant, jeune, vieux, handicapé, valide etc.. sont pris en compte et ou chacun est respecté et honoré pour ce qu’il est sans distinction d’aucune sorte.

    Pour moi tout le monde est important. Mon choix de société consiste également à un partenariat conscient et respectueux avec la Terre, car c’est elle qui me nourrit, me protège et prend soin de moi.
    Aujourd’hui je me joins à cette partie du peuple français debout face à eux et j’exige d’eux des changements radicaux dans leurs choix sociaux et économiques.
    C’est en Guadeloupe que se cristallise cette exigence et si je dis « peuple français » c’est parce qu’il l’est profondément et qu’il l’a plus que prouvé. Mais il n’est pas seulement Français, il est avant tout Guadeloupéen, avec une âme généreuse, joyeuse, aimante, mais également forte, puissante, et rebelle.

    Rebelle aux injustices, aux abus, aux égoïsmes de toute sorte. C’est un aussi peuple lucide qui connait ces faiblesses et qui accepte également les faiblesses des autres tant qu’existe un respect mutuel.

    Son cœur est toujours ouvert et sa main toujours tendue vers l’autre, comme le sont souvent les peuples habitant sous les tropiques.
    Aux politiques et sociaux-professionnels Guadeloupéens, dégagez vous de ce système économique.

    Cessez de le soutenir, que se soit activement ou, comme pour la plupart d’entre vous, passivement car vous le savez injuste et inadapté. Vous valez mieux que ça.

    Ne vous enfermez pas dans le discours de ceux qui prétendent savoir ce qui est possible et ce qui ne l’est pas. Ayez une vision nouvelle pour vous et pour votre pays.

    Vous avez cet atout que beaucoup de dirigeant hexagonaux n’ont pas, vous avez la foi.

    Servez-vous en.

    Demandez à être inspirés.

    Ayez confiance en vos compatriotes et ils vous soutiendront.

    L’heure n’est plus aux calculs mais à la prise de risque car c’est ensembles que nous ferons avancer les choses.
    J’en appelle maintenant à tous ceux hors de Guadeloupe qui, comme moi, exigent un changement radical de politique, à me soutenir, à nous soutenir moralement et matériellement car nous aurons besoins de tous pour gagner cette bataille.

    Elle n’est évidemment pas seulement la notre mais elle doit avoir un point de départ et c’est ici en Guadeloupe qu’elle commence. Je n’attends rien du gouvernement, je suis au contraire convaincu qu’il fera tout pour conserver sa mainmise.

    Nous sommes tous dans le même bateau, noirs, blancs, jaunes etc… , voici venu le temps de la vrai fraternité. Ne nous laissons pas dominer par la peur. Peur de manquer, peur d’échouer, peur de la solitude.

    Prenons soin les uns des autres.

    Nous ne sommes en fait jamais seuls.
    Frêres et soeurs de la Guadeloupe c’est à nous de jouer maintenant en rappelant à tous que mes frères et mes sœurs sont de toutes races et de toutes couleurs.

    La fraternité c’est de prendre soin des autres comme on prend soin de soi-même.

    Donnons-nous la main, partageons ce que nous avons avec ceux qui n’ont plus rien.

    Yon’n a lôt, sé ansan ‘m nou ké rivé
    (Nous sommes Un, c’est ensemble que nous y arriverons)

    Dem Ari