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Le chef des services secrets de Milošević aurait été un « honorable correspondant » de la CIA

Publie le jeudi 5 mars 2009 par Open-Publishing
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LA CIA LAVE PLUS BLANC QUE BLANC, ou comment la "maison" tire d’affaire un fidèle serviteur peut être pas si blanc que çà.


Le chef des services secrets de Milošević était un « honorable correspondant » de la CIA

L’ancien chef de la Sûreté d’État de Serbie (DB), Jovica Stanišić, en cours de jugement devant le TPI, aurait été pendant huit ans le principal correspondant de la CIA à Belgrade. La CIA a remis les preuves de cette collaboration au tribunal de La Haye. Homme clé dans la formation des milices serbes en Croatie et en Bosnie, Stanišić a aussi joué un rôle essentiel dans la libération des otages français de Sarajevo en 1995 et la négociation des accords de Dayton. En 2003, il aurait donné les plans des bunkers de Saddam Hussein construits par des entreprises yougoslaves.

Par E.B.

http://balkans.courriers.info/article12371.html

Une nuit de 1992 dans le parc de Topčider, à Belgrade, Jovica Stanišić rencontrait William Lofgren, un officier de la CIA et les « deux agents ont conclu un accord secret : pendant huit années, Jovica Stanišić a été le principal correspondant de la CIA à Belgrade », écrit le Los Angeles Times, dans un article détaillé sur le rôle et les agissements de Jovica Stanišić dans les conflits de l’ancienne Yougoslavie. L’article rappelle que Jovica Stanišić était souvent considéré comme le « cerveau du régime », l’homme « qui a fait connaître au monde entier un nouveau terme effrayant, celui de ’nettoyage ethnique’ ».

William Lofgren avait besoin d’aide, car la CIA, écrit le Los Angeles Times, ne savait pas comment agir quand la guerre civile a éclaté en Yougoslavie puis en Bosnie-Herzégovine, et la CIA voulait coûte que coûte obtenir des informations de l’intérieur du régime de Belgrade. Stanišić et Lofgren se rencontraient secrètement sur des bateaux et dans des maisons discrètes et bien protégées sur les rives de la Sava, pour échanger des informations sur le fonctionnement du régime de Milošević.

Document sous scellés

Jovica Stanišić, actuellement en cours de jugement au TPI, risque une peine de prison à vie. Il a fait appel à ses amis américains pour plaider sa cause devant le tribunal. La CIA, ce qui est extrêmement surprenant de sa part, a remis au tribunal un document confidentiel prouvant l’aide que Jovica Stanišić lui a apportée, mais le document est toujours sous scellés, écrit le journal. Lofgren, actuellement en retraite, a déclaré que la CIA avait rédigé ce document afin de montrer comment « ce présumé mauvais homme avait fait beaucoup de choses positives, même si elle ne dément pas pour autant les accusations portées à la charge de Jovica Stanišić ».

Le TPI va examiner ce document lors d’un conseil de magistrats à huis clos car son contenu est confidentiel, affirme le Los Angeles Times.

La défense de Jovica Stanišić se fonde sur une dizaine d’entretiens avec les agences de renseignements américaines et serbes, anciennes et actuelles, ainsi que sur des documents auxquels le Los Angeles Timess a eu accès. Parmi ceux-ci se trouvent des dossiers officiels des services secrets serbes et les rapports sur cette période sanglante, rédigés sur sept pages par Jovica Stanišić pendant sa détention à La Haye.

Le journal américain écrit que Jovica Stanišić se présente comme un homme qui a tenté d’influencer Milošević afin de le « modérer », et qui a intensément collaboré avec la CIA afin de stopper la crise. « J’ai institutionnalisé ma collaboration avec les officiers américains, en dépit des mauvais rapports entre nos deux pays. Dans une grande mesure, cette collaboration a contribué à la désescalade des conflits », soutient Jovica Stanišić.

L’année dernière, durant des audiences du procès devant le TPI, le procureur Dermot Grum a montré des photographies de Jovica Stanišić en compagnie des membres des unités spéciales. Dermot Grum a également présenté un enregistrement vidéo où l’on voit les membres de la formation paramilitaire des Scorpions en train de fusiller des musulmans bosniaques. Les anciens membres de la Sûreté d’État démentent leur participation à ces crimes. « Nous n’avons jamais commis de génocide. Au contraire, nous avons essayé de l’arrêter », a affirmé Vlado Dragićević, adjoint de Jovica Stanišić durant de longues années », rapporte le Los Angeles Times.

La libération des otages français

Les officiers de la CIA en mission dans la région ont affirmé qu’ils n’avaient jamais eu la preuve que Jovica Stanišić était impliqué dans des crimes de guerre. Au contraire, ils le considéraient comme un allié crucial. Lors d’une de ses rencontres avec William Lofgren, Jovica Stanišić lui a remis un dossier comportant les plans des abris et autres bâtiments construits par des entreprises serbes en Irak pour Saddam Hussein.

Cependant, Jovica Stanišić avait des principes, il n’a jamais accepté d’argent de la CIA, il n’a jamais participé à ses opérations et il n’a rien fait qui puisse être considéré comme une trahison envers son chef, écrit le journal américain.

Après de nombreuses rencontres secrètes, il a convaincu Milošević de l’autoriser à établir des contacts avec la CIA. Dans une lettre envoyée à La Haye en 2004, la CIA écrit que Jovica Stanišić a tenté d’empêcher certains événements très dangereux en Bosnie. Au printemps 1993, sur l’insistance de la CIA, il aurait fait pression sur le chef de l’état-major de l’Armée de Republika Srpska, Ratko Mladić, afin d’arrêter temporairement le pilonnage de Sarajevo, écrit le journal.

« Il a aidé à la libération de 388 soldats de l’Otan qui, privés de leurs uniformes, avaient été attachés à des arbres pour qu’ils servent de bouclier humain contre les bombes de l’Otan. Jovica Stanišić a écrit qu’il avait négocié la libération des otages avec le soutien des dirigeants de la CIA ». Il a également essayé d’intervenir en 1993 quand des pilotes français ont été abattus et faits prisonniers. « Mladić n’a pas voulu reconnaître que les pilotes avaient été capturés, mais mes services ont réussi à découvrir le lieu de détention et ont remis ces informations à la CIA et aux autorités françaises », a écrit Jovica Stanišić

Jovica Stanišić avait accompagné Milošević aux négociations de paix de Dayton. Il est ensuite revenu en Serbie pour contribuer à l’application des points les plus cruciaux des accord de paix. Doug Smith, chef du Bureau de la CIA en Bosnie, voyait régulièrement Stanišić ; une fois, ils se sont rencontrés sur un bateau sur la Sava.

« Milošević ne lui plaisait pas du tout. Il disait toujours qu’il était terrible, malhonnête et pourri », raconte Doug Smith. Selon ses amis de la CIA, Jovica Stanišić était-il capable de commettre des crimes de guerre ? Doug Smith répond : « Je pense qu’il a fait le moins de mal possible ». Le directeur de la CIA à l’époque, John Deutsch, a invité Jovica Stanišić au siège de l’agence en 1996. Le principal espion serbe a été invité au club de jazz « Blues Ellie » à Georgetown et à une chasse au gibier dans le Maryland.

John Deutsch n’a pas voulu commenter les écrits du Los Angeles Times, ni Jovica Stanišić qui est actuellement soigné à Belgrade en attendant la reprise de son procès à La Haye.

Messages

  • Hé oui, ne pas oublier qu’avant de devenir le "sadam européen", Milosevic, dans les années 80, était un type formidable qui avait droit à des articles élogieux dans la presse financière occidentale, c’était un réformateur dynamique qui allait remettre le capitalisme en place en yougoslavie.

    Ce n’est qu’après les sécéssions de la slovénie et de la croatie, sous contrôle du capitalisme allemand et du vatican, que milosevic s’est tourné vers l’allié russe pour avoir de l’aide ce qui a fait péter un cable à Washington.