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Violence sur des collégiens par des CRS à Montparnasse

Publie le samedi 7 mars 2009 par Open-Publishing
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VIOLENCES. Coincés à Paris entre étudiants et CRS, des collégiens de Cenon (33) ont été bousculés et frappés par les forces de l’ordre à la gare Montparnasse

La journée-découverte se termine très mal

Jusque-là, ce jeudi avait été plutôt chouette pour la classe de 3e C du collège Jean-Jaurès à Cenon. Arrivés tôt dans la capitale avec leurs professeurs de français et d’histoire-géo, ces adolescents de la banlieue bordelaise avaient commencé par l’objectif premier de cette journée-découverte : l’Assemblée nationale. Dans ce haut lieu de notre république, ils avaient assisté à une séance parlementaire. Mais après la tour Eiffel et le musée du Louvre, ils ont fait connaissance avec les Compagnies républicaines de sécurité (CRS). Impression radicalement différente.

« Il était 19 heures et nous attendions notre train devant les voies de la gare Montparnasse », raconte Corinne Pébarthe, l’une des deux enseignantes. « Après le passage d’un groupe de manifestants étudiants qui chantaient, les CRS ont surgi très vite. » Les témoignages semblent concorder : venus de plusieurs endroits à l’issue de la manifestation qui a eu lieu à l’extérieur, une trentaine de policiers chargent en direction des étudiants... sauf que cela se passe dans un hall de gare bondé à cette heure. « On s’est retrouvés coincés », raconte Jordan Torres. « On criait qu’on était des collégiens mais rien à faire : j’ai pris des coups de matraque aux jambes et au poignet. » Une dizaine d’autres élèves sont frappés. « J’ai été plaquée contre un distributeur de boissons », raconte Mme Pébarthe. Entorse cervicale. « Et pas une explication lorsque je suis allé voir le lieutenant. »

Dépôts de plainte

Dans le train qui les ramène enfin vers Bordeaux, les élèves et leurs accompagnatrices sont choqués. Une femme-médecin militaire de Mont-de-Marsan les examine et les réconforte. Les blessures ne sont pas graves mais les contusions réelles. « Mon fils voulait devenir gendarme », soupire José Torres. « Même si je lui ai expliqué que c’était exceptionnel, il est bouleversé. Ce qui s’est passé est incroyable. »

Hier, il a porté plainte pour violences sur mineur, comme plusieurs parents, comme les deux professeurs, comme le collège Jean-Jaurès. « Le choc était général », explique Sylvie Védélago, principal de l’établissement. Dans un communiqué, le Snes (Syndicat national des enseignements de second degré) s’insurge contre « la violence gratuite des forces de l’ordre », réclamant que toute la lumière soit faite sur ces événements. La sénatrice-maire d’Artigues, commune voisine, a écrit au Premier ministre et à la ministre de l’Intérieur. Des gendarmes sont venus auditionner enseignants et enfants présents. Les plus touchés étaient restés chez eux. Jordan est au repos pour huit jours.

Auteur : Yannick Delneste
source : sud ouest du 7 mars]

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