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Classer les universités européennes...

Publie le mardi 28 avril 2009 par Open-Publishing

On y est : les universités européennes feront l’objet d’un classement. L’implacable logique financière continue...

Communiqué de Louvain : les ministres européens pourraient donner leur accord pour un classement des universités

« Les actions visant à promouvoir la diversité des missions de l’enseignement supérieur doivent être multipliées. Une des clés réside dans l’élaboration d’outils fiables de transparence. A cette fin, un classement des établissements d’enseignement supérieur devrait être multidimensionnel et élaboré de façon à ce que les établissements puissent mettre en avant une ou plusieurs de leurs missions et que la valeur de chacune soit reconnue » affirment les ministres de l’enseignement supérieur des pays signataires du processus de Bologne dans le projet de communiqué qui devrait être adopté à Louvain la Neuve le 29 avril 2009. Le fait de faire figurer ou non l’idée de ce classement - proposé par Valérie Pécresse lors de la PFUE - fait encore à l’heure actuelle partie des points discutés par les différents acteurs, selon des informations recueillies par l’AEF. Dans ce document, les ministres établissent par ailleurs un bilan de la mise en place du processus
de Bologne et ébauchent les grandes lignes de l’après-2010, soulignant que « les objectifs de la déclaration de Bologne sont toujours d’actualité et que leur mise en oeuvre nécessitera un véritable engagement au delà de 2010 ».
Le préambule insiste également sur le fait que l’enseignement supérieur européen doit rester une responsabilité publique.

Valérie Pécresse devrait participer à la rencontre ministérielle des 28 et 29 avril en Belgique.

Voici les principaux points de ce projet de communiqué.

BILAN. « Au cours de la dernière décennie, nous avons développé un Espace européen d’enseignement supérieur en veillant à ce qu’il reste fermement ancré dans l’Europe intellectuelle, scientifique et culturelle », rappellent les ministres. Ils insistent également sur la coopération « permanente » entre « les gouvernements, les établissements d’enseignement supérieur, les étudiants, les personnels, les employeurs et autres parties prenantes ». « Le processus de Bologne conduit à une plus grande compatibilité et à la comparabilité [admirez ce vocable !] des systèmes d’enseignement supérieur », poursuit le communiqué, estimant qu’il est devenu « plus facile pour les apprenants d’être mobiles et pour les établissements d’attirer des étudiants et universitaires d’autres continents ». Les ministres saluent la « modernisation » de l’enseignement supérieur, citant la structure en trois cycles, cette structure préservant l’existence des cycles courts [type Deug], l’adoption de standards européens d’assurance qualité, la création de cadres nationaux de qualification compatibles avec le cadre global des qualifications adopté à Bergen ou encore la mise en place d’Eqar, le registre européen des agences d’assurance qualité.

DIVERSITÉ DES MISSIONS. L’excellence doit être présente à tous les niveaux de l’enseignement supérieur, insistent les ministres. Les politiques publiques « reconnaissent pleinement la valeur des diverses missions de l’enseignement supérieur, allant de l’enseignement à la recherche, de la cohésion sociale au développement culturel ». Les étudiants et personnels universitaires devraient être armés pour répondre aux besoins changeants de la société, ajoute le communiqué.

DIMENSION SOCIALE. Les étudiants de l’Espace européen de l’enseignement supérieur devraient refléter la diversité des populations de l’Europe, estiment les ministres. Ils soulignent la dimension sociale de l’enseignement supérieur, celui-ci devant garantir l’égalité des chances à tous les citoyens. Ils se prononcent donc pour « un accès élargi » à l’enseignement supérieur et une attention particulière accordée aux groupes « sous-représentés ». Chaque pays participant au processus doit se fixer des objectifs en la matière pour élargir l’accès de ses universités aux populations étudiantes les plus défavorisées.

FORMATION TOUT AU LONG DE LA VIE. L’apprentissage tout au long de la vie doit être partie intégrante des systèmes d’enseignement supérieur. La mise en oeuvre de la formation tout au long de la vie nécessite de « solides partenariats entre les pouvoirs publics, les établissements, les étudiants, les employeurs et les employés », souligne le communiqué. La Charte sur la formation tout au long de la vie élaborée par l’EUA est décrite comme une « contribution utile pour la mise en place de ces partenariats ». Par ailleurs, les cadres nationaux de qualifications doivent être achevés d’ici 2012, insistent les ministres. L’élaboration de ces cadres doit se faire en tenant compte du cadre global des qualifications adopté à Bergen mais aussi du cadre européen des qualifications mis en place par la Commission européenne. Les qualifications « intermédiaires » obtenues dans le cadre du premier cycle d’études doivent également être prises en compte.

EMPLOYABILITÉ. L’enseignement supérieur doit doter les étudiants des connaissances, aptitudes et compétences dont ils ont besoin tout au long de leur vie professionnelle, stipule le communiqué. Une coopération étroite entre les établissements d’enseignement supérieur, les partenaires sociaux et les étudiants doit être encouragée.

PROGRAMMES. Le concept d’apprentissage « centré sur l’étudiant » (student-centred learning) exige de nouvelles approches d’enseignement et un programme axé d’avantage sur l’apprenant au cours des trois cycles, rappellent les ministres. La réforme des programmes doit par conséquent être un « processus continu », afin d’aboutir à des parcours universitaires plus souples et plus adaptés aux individus. Les universitaires, en coopération avec les organisations étudiantes et les employeurs devront continuer à mettre en place des maquettes décrivant les cursus destinées à faciliter la lisibilité des programmes et des crédits (ECTS) basés sur les « résultats de l’apprentissage » (« learning outcomes »).

RECHERCHE ET INNOVATION. L’enseignement supérieur doit reposer à tous les niveaux sur la R&D et la promotion de l’innovation. Les programmes de doctorat, en particulier, devraient être de plus en plus souvent interdisciplinaires et inter-sectoriels. La coopération entre établissements d’enseignement supérieur devrait à ce titre être consolidée et les doctorats conjoints multipliés. Les carrières de chercheurs devraient par ailleurs être rendues plus attractives.

INTERNATIONAL. Le communiqué insiste sur la nécessité pour les établissements d’enseignement supérieur de s’ouvrir à l’international. Un réseau de points le contacts nationaux chargés de l’international devrait être mis en place pour une meilleure promotion de l’EEES. Des partenariats avec d’autres régions du monde seront développés.

MOBILITÉ. En 2020, au moins 20 % des diplômés dans les pays de l’EEES devraient avoir effectué une période de mobilité durant leurs études, estiment les ministres. Ils se fixent également un objectif de 20 % d’étudiants non-européens dans les établissements de l’EEES. Pour ce faire, des mesures d’aide à la mobilité et une simplification des procédures administratives (visas, permis de travail, portabilité [sic] des bourses et des prêts) doivent être mis en place. Des conditions de travail plus attractives sont également nécessaires pour attirer des enseignants et des chercheurs « hautement qualifiés », insistent les ministres. De même, les conditions d’emploi des enseignants et chercheurs devraient être adaptées pour faciliter leur mobilité.

FINANCEMENT. Les ministres saluent la plus grande autonomie acquise par les universités en Europe. Tout en rappelant que le financement public doit rester une priorité, ils insistent sur le fait que « la diversité des sources de financement doit être recherchée » pour garantir « une autonomie durable ». [Dans ce paragraphe, les verbes sont conjugués à l’indicatif. L’argent, c’est sérieux et impératif !]

APRÈS-2010. Les ministres annoncent que le processus de Bologne sera co-présidé par le pays occupant la présidence de l’UE et un pays non-membre de l’UE. Les objectifs pour la prochaine décennie seront fixés en 2012. Les ministres demandent par ailleurs au groupe E4 (Enqa, EUA, ESU, Eurashe) de poursuivre leur coopération en ce qui concerne la dimension européenne de l’assurance qualité. Les ministres se réuniront les 11 et 12 mars 2010 à Vienne et Budapest pour les dix ans du processus. La prochaine rencontre « régulière » aura lien à Bucarest en Roumanie en avril 2012.