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Témoignage d’un prisonnier à Beer Saba’ gréviste de la faim

Publie le jeudi 26 août 2004 par Open-Publishing
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Le prisonnier palestinien Ahmad Lutfi Ahmad Yousef, de Bethlehem, détenu dans la prison de Beer Saba’ (Holi Kadar), et en grève de la faim le 15 août 2004, a témoigné à l’avocat de Nadi al-asir Fawwaz Shaloudi, qui n’a rencontré dans la prison le 25 août. Le prisonnier rapporte ce qui suit :

1 - Un fait important subi par les prisonniers grévistes, c’est la confiscation du sel par l’administration de la prison, les prisonniers vivent, depuis 8 jours, en buvant de l’eau.

2 - Quelques prisonniers sont contraints, du fait de la grève, de se rendre au dispensaire, pour être soignés, et lorsqu’ils y arrivent, il leur est annoncé qu’ils peuvent boire du liquide, et ensuite, il leur est annoncé qu’ils ont rompu la grève, et ils sont aussitôt transférés à la section 7, mais ceux qui refusent de boire sont renvoyés à la section de laquelle ils viennent. Beaucoup de prisonniers craignent de se rendre au dispensaire pour ne pas être contraints de rompre leur grève et d’être transférés à la section 7.

3 - Les détenus n’ont qu’une heure pour sortir dans la cour, il s’agit d’une cour couverte de tous les côtés, avec une seule petite ouverture vers le haut. Seuls vingt prisonniers sortent toutes les heures, et tous les moyens provocateurs sont utilisés, même les coups. Le 22 août, l’un des prisonniers, Murad Ubaydu était en train de parler à l’un des officiers lors de sa sortie dans la cour, du coup, cinq vigiles de la prison se sont jetés sur lui, l’ont frappé et il a été de nouveau renvoyé en cellule.

4 - La direction de la prison transfère les prisonniers de temps à autre, d’une pièce à l’autre, d’une section à l’autre et d’une prison à l’autre, et surtout de la section Ohali Kidar à Eshel, et vice-versa, pour casser le moral des prisonniers grévistes et pour gêner la visite des avocats aux prisonniers, comme cela est arrivé au prisonnier Ghassan Khayran qui devait rencontrer aujourd’hui même son avocat, mais il a été transféré au cours de la nuit à Eshel.

5 - L’administration de la prison procède aux fouilles des pièces, plusieurs fois de suite, quatre fois même, accompagnées de provocations de la part des geôliers, afin qu’ils aient un prétexte de réprimer tous les prisonniers se trouvant dans la pièce.

6 - Les geôliers procèdent à l’appel des prisonniers trois fois par jour, à 6 heures du matin, ensuite à midi puis à 18 heures, mais ils ne se contentent pas de cela, ils font marcher une sirène la nuit, sur les haut-parleurs de toute la section pour empêcher les prisonniers de dormir et de se reposer, ce qui les aide à oublier leurs ventres creux.

7 - Ils ont entrepris un autre moyen de briser la volonté des prisonniers, ils organisent vers les fenêtres des pièces des repas avec grillades, avec des exclamations traduisant leur satisfaction de ce qu’ils mangent et boivent.

8 - Outre ces difficultés et le comportement humiliant envers les prisonniers lors de leur transfert d’une prison à une autre, ou leur transfert au tribunal, il y a eu des cas de perte de connaissance, et l’un des prisonniers, Nader al-Hurub, d’al-Khalil, s’est effondré et a perdu connaissance lors de son retour du tribunal.

Le comportement humiliant a atteint un tel point que des geôliers ont fait pression sur le prisonnier Mujahid Khalaf, qui est prisonnier dans la même pièce que le prisonnier témoin, lors de sa présence au tribunal militaire de Ofer, qui devait choisir entre d’une part, manger du poulet ou du poisson ou de se mettre nu devant eux et une soldate avant d’être battu.

9 - Malgré leurs maladies, des prisonniers n’ont pas rompu la grève de la faim, parmi eux Raed al-Fahl qui vit avec un seul rein. Il a refusé de rompre la grève et les malades grévistes préfèrent mourir pour obtenir leurs revendications.

10 - Les geôliers font pression sur les prisonniers, leur disant que s’ils poursuivent leur mouvement, ils n’obtiendront rien, au contraire, et s’ils rompaient leur grève, la direction pourrait étudier leurs revendications. Ils leur disent également que la grève n’est pas de leur intérêt, et qu’ils pourraient mourir et ne plus voir leurs familles.

11 - La direction de la prison procède au transfert de tout prisonnier qui a une activité à l’intérieur de la prison vers une autre prison, ont déjà été transférés tous les membres du comité d’urgence qui s’est mis en place pour la grève.

12 - Malgré toutes les pressions, les difficiles conditions à l’intérieur de la prison, les provocations continuelles de la part de la direction des prisons et des geôliers, malgré la faim qui tenaille l’estomac, les prisonniers sont déterminés à poursuivre la grève et à lutter pour leurs revendications. Les prisonniers, bien qu’affaiblis, gardent un moral élevé.

Nadi al-asir

25 août 2004


Appel de Nadi al-asir al-Filistini

Appel à l’Organisation Mondiale de la Santé pour qu’elle mette fin aux comportements des médecins des prisons israéliennes

Nadi al-asir a lancé un appel urgent à l’OMS pour qu’elle mette fin aux pratiques des médecins israéliens travaillant dans les prisons.

Nadi al-asir a précisé que les médecins jouent le rôle des bourreaux et des geôliers à la fois, laissant de côté l’éthique de leur profession lorsqu’ils se comportent avec les prisonniers grévistes de la faim. Ils n’assument pas leurs responsabilités lorsqu’ils soignent et consultent les malades parmi les grévistes, mais font des pressions sur les grévistes pour leur faire casser leur grève, en exerçant du chantage : on ne te soigne que siu tu arrêtes la grève.

Nadi al-asir précise : Les consultations sont formelles, et les médecins complotent avec les services des renseignements et ne respectent pas l’éthique de leur profession qui les oblige à soigner le malade.

Les ordres du ministère israélien de la santé de refuser les malades grévistes dans les hôpitaux israéliens indiquent la détérioration des valeurs humaines et morales de l’institution médicale en Israël. C’est pourquoi Nadi al-asir en appelle à l’OMS qui doit dénoncer et prendre des mesures à ces actes illégaux des médecins.

Nadi al-asir demande également à l’OMS d’envoyer une commission d’enquête pour étudier la situation de la santé dans les prisons, où sont enfermés des centaines de prisonniers malades et blessés, ainsi que des handicapés qui ont besoin de soins urgents et des interventions chirurgicales.

Nadi al-asir affirme que la santé des prisonniers grévistes se détériore du fait des pratiques et des pressions psychologiques sur les prisonniers, pratiques qui sont en complète violation de tous les traités internationaux.

Nadi al-asir

25 août 2004


Communiqué de Nadi al-asir

Poursuite de la guerre contre les prisonniers grévistes de la faim

Les prisonniers malades commencent à refuser leurs médicaments

Des prisonniers de droit commun dans les pièces spéciales où se trouvent les prisonniers grévistes

Des fouilles à nu des grévistes et les vêtements jetés loin...

Des prisonniers grévistes dans les cellules individuelles

Dans une rencontre de prisonniers avec les avocats Karim Hammouda et Hanan Khatib, dans les prisons de Haddarim, de Beer Saba’ et à Ramleh (centre d’isolement), les prisonniers ont déclaré que la guerre contre eux se poursuit de façon continue, et par des moyens sales, pour les obliger à casser la grève.

Les deux avocats ont rencontré les prisonniers

1 - Jihad Abdul Karim Roum, de Ramallah, dans la prison de Haddarim

2 - Ahmad Ibrahim Muzahem, de Ramallah, dans la prison de Beer Saba’

3 - Rakan Mahmoud Salem, de Ramallah, Haddarim

4 - Ahmad Barghouty, de Ramallah, dans l’isolement à Ramleh.

Les prisonniers ont expliqué ce que sont les moyens vils et sauvages utilisés contre les prisonniers en grève de la faim :

1 - Instabilité à l’intérieur de la prison : les transferts permanents d’une pièce ou d’une section à l’autre.

2 - confiscation des photos familiales comme punition collective.

3 - Des prisonniers de droit commun mis dans les pièces des grévistes.

4 - Refus de soigner tout gréviste à moins qu’il ne mange.

5 - Les foueilles à nu des grévistes, les vêtements sont jetés loin pour obliger le prisonnier nu à apporter lui-même ses vêtements.

6 - Pour le 11ème jour de grève, la direction refuse d’apporter du lait aux grévistes, comme l’y obligent les traités internationaux.

7 - Plusieurs prisonniers grévistes sont mis dans des cellules individuelles, pour casser la grève, et parmi ces prisonniers, des malades dont l’état de santé est difficile.

8 - L’état de santé de certains prisonniers grévistes dans la section 8 de Haddarim est très difficile, et aucun soin ne leur est apporté.

9 - Plusieurs objets personnels ont été confisqués des prisonniers de Ramleh.

Nadi al-asir al-Filistini

25 août 2004

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