Accueil > Cesare Battisti, la fuite en avant

Cesare Battisti, la fuite en avant

Publie le jeudi 26 août 2004 par Open-Publishing

Dans une « lettre à la justice », l’ex-militant d’extrême gauche italien dit être en France et refuser de se soumettre au contrôle judiciaire.

Par Dominique SIMONNOT

Parti ? Pas parti ? Une lettre « manuscrite », postée de Paris le 19 août, arrivée le 24 au cabinet parisien des avocats de Cesare Battisti, a été rendue publique hier (lire ci-dessous). C’est le premier signe de vie qu’il donne - via ses défenseurs - depuis sa disparition il y a une dizaine de jours. Alors que certains de ses amis redoutaient qu’il ait basculé dans la folie, l’Italien menacé d’extradition confirme sa cavale, la troisième de sa vie de militant d’extrême gauche. « Je suis dans l’obligation de me soustraire au contrôle judiciaire qui m’a été imposé, écrit-il, et je veux m’en expliquer face à la justice française. »

« Accablé ». Lundi prochain, pourtant, assure Me Irène Terrel, son avocate, « il ne sera certainement pas présent à l’audience » de la chambre de l’instruction qui décidera s’il y a lieu de révoquer son contrôle judiciaire auquel il s’est soustrait depuis le 21 août. Dans cette même lettre, il écrit : « Je ne quitterai pas la France, je ne saurais pas le faire, c’est mon pays et je n’en vois pas d’autre dans mon futur... » Mais se cache-t-il réellement en France comme il l’assure ? Ou plus loin, à l’étranger, comme nous l’annoncions mardi sur la foi d’informations fiables ? Le texte de sa lettre affirme qu’il est resté en France mais sans en apporter la preuve. Ce qui est certain, en revanche, c’est que les conditions de sa fuite à l’étranger étaient, selon nos informations, réunies depuis plusieurs semaines.

Chocs. « Dépressif », « accablé », « traqué », les mots ne manquent pas à ses proches pour décrire l’état de l’ex-activiste des « années de plomb » italiennes. Devenu écrivain de polars connu, vivant au grand jour, installé en France depuis 1990, il s’était marié avec une Française, avec qui il a eu deux filles. Il avait en main un titre de séjour valable jusqu’en 2007, et était même sur le point d’être naturalisé français. Depuis son arrestation en février dernier, en vertu d’une demande d’extradition, son monde s’est écroulé. Il risquait d’être renvoyé en Italie pour y purger une peine de perpétuité, craignant que son recours, examiné par la Cour de cassation, n’échoue et qu’il ne soit extradé dans la foulée.

Des « chocs » successifs, selon l’expression de ses avocats, qui sont sans doute à l’origine de son refus de comparaître devant les juges, alors qu’il dit « vouloir s’expliquer face à la justice française », en attendant son « ultime décision, le dernier recours ». Qu’attend-il en fait ? La décision de la Cour de cassation, qui peut aujourd’hui encore bloquer l’extradition ? Un changement de gouvernement ?

« Il a, selon Mes Irène Terrel et Jean-Jacques de Felice, la volonté de se battre juridiquement. » Mais ce sera par avocats interposés.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=233767