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NON l’éducation n’est pas une marchandise !

Publie le samedi 10 octobre 2009 par Open-Publishing
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Communiqué de Force Lycéenne sur la lutte contre l’absentéisme au lycée selon Luc Châtel

Luc Châtel, ministre de l’Education Nationale, a sorti une réforme de son chapeau pour lutter contre l’absentéisme au lycée. L’idée : créer une cagnotte par classe qui varierait selon le taux d’absentéisme.

- Comment cela fonctionne ?
A chaque classe il devrait être alloué une somme d’argent entre 2 000 et 10 000 euros.
La somme devrait augmenter en fonction de l’assiduité de cette même classe. Si un élève n’est pas assidu, toute la classe en pâtit en voyant la somme stagner ou même baisser. Cet argent serait redistribué sous forme de « projets », sans de réelles précisons.

- Où est la concertation ?
Luc Châtel, dans un entretien, nous explique qu’il faut recevoir « des représentants des parents d’élèves » mais seulement après avoir déjà mis en oeuvre le projet, voilà la politique de concertation du gouvernement.

- Des dissonances au sein même du gouvernement
« Un projet collectif qui est tout à fait sain » selon Martin Hisrsch, sans savoir réellement de qui il parle dans « collectif ».
Au sein de la majorité, même si Châtel et Hirsch nous en vantent le mérite, cette mesure fait douter. Valéry Pécresse se dit très réservée : « _ L’assiduité, c’est le premier devoir d’un élève » ce qui est un des principes premiers de l’éducation républicaine, elle ajoute « Est-ce qu’il faut monnayer l’assiduité, est-ce qu’il faut payer un enfant, un adolescent, pour faire ce qu’il doit faire ? Je crains qu’il puisse y avoir des dérives ». Effectivement, faut-il monnayer quelque chose qui n’a pas de prix, c’est-à-dire l’éducation, et n’est-il pas certain que cela mènera à des dérives ? Cependant, nous doutons que Mme Pécresse pense aux mêmes dérives que nous et nous nous posons un certain nombre de questions.

- Où le gouvernement trouve cet argent ?
En effet, cette mesure reviendrait à 290 millions d’euros si toutes les classes touchaient la somme maximale de 10 000 euros alors même que l’on nous dit que les caisses sont vides, qu’on doit supprimer des postes de professeurs etc. Nicolas Sarkozy, à son arrivée à la présidence, a commencé par annoncer les caisses vides de l’Etat, tout en multipliant les mesures – pertes : bouclier fiscal, 21 milliards aux banques, et maintenant les 290 millions dans les classes ... On considère donc que cette mesure confirme l’hypocrisie du gouvernement. Dans la possibilité où cette mesure ne serait pas appliquée de la même façon dans tout le territoire, elle accentuerait les inégalités entre les différentes régions, et ne les comblerait aucunement.

- Cette apparition de l’argent au lycée est-elle un hasard ?
Le culte de l’argent répandu par l’actuel gouvernement a gagné maintenant les lycées, lieu d’éducation normalement impartial. C’est dans la continuité des privatisations des services publics, comme France Télécom, EDF-GDF et maintenant La Poste que cette apparition de l’argent au lycée s’inscrit.
En effet comment mieux faire venir progressivement dans les consciences la privatisation d’un service public qu’est l’Éducation Nationale que d’y introduire la notion d’argent, de gain ?
Cette vision d’une éducation « étudier plus pour gagner plus », qui donne pour objectif à l’étude le seul gain d’argent, qui considère comme seule motivation l’appât du gain, ne correspond pas à celle que nous défendons, celle d’une éducation ouvrant l’esprit à la critique, à la tolérance, à l’insertion dans la société.
La place des enseignants est encore une fois attaquée. Ceux-ci ne sont plus considérés comme des enseignants mais comme des gardiens qui consignent dans un rapport la présence ou non de telle ou telle personne.
Après la récompense au mérite au baccalauréat, c’est donc une nouvelle manière de créer un système économique au lycée, et de faire en sorte que l’on trouve normal que de l’argent circule au lycée.

- Une mesure anti-mobilisation ?
Cette mesure, ainsi que les mesures précédentes sur la sécurité dans les lycées (cameras, CRS etc.), peuvent cacher une volonté du gouvernement d’empêcher toute mobilisation lycéenne. La perte d’argent lors d’une absence, pourrait en effet empêcher certains lycéens, qui voudraient profiter des « projets », d’aller en manifestation contre les réformes prévues, les suppressions de postes, ou encore les soutiens à leurs camarades sans-papiers. Ce système serait alors un moyen efficace de répression face aux mouvements lycéens qui sont à prévoir, si la politique gouvernementale en matière d’Education ne change pas.
De plus, les lycéens manifestants seraient très rapidement mis à l’écart dans une classe, mal vus. Or tout le monde, élèves comme enseignants, reconnait sans hésitation qu’une classe soudée a de bien meilleures chances de réussite qu’une classe divisée.

- Comment se battre contre cette mesure ?
Face à toutes ces interrogations et ces doutes sur les réelles motivations du gouvernement, faisons entendre notre voix en refusant cette cagnotte et montrons à Luc Châtel que nous ne sommes pas intéressés par l’argent afin de nous faire taire mais par une éducation de qualité.

Nous souhaitons tout d’abord une rencontre avec nos partenaires lycéens, parents d’élèves et professeurs afin de montrer notre unité sur le sujet, et de proposer des alternatives à l’absentéisme.
Nous demandons ensuite une rencontre avec le ministre afin que nous lui expliquions les raisons de notre opposition.

Enfin, Force Lycéenne tiendra une réunion publique prochainement à Créteil sur ce sujet.

Plutôt qu’une cagnotte, nous voulons des classes moins chargées, donc plus de professeurs. Avec 290 millions par an, c’est 13 425 postes d’enseignants par an ( à raison d’un salaire mensuel moyen de 1800 € ). Alors même que 13 500 postes ont été supprimés l’année dernière.

Nous demandons aux professeurs qui sont du même avis de rendre des fiches d’appel vierges quel que soit le nombre d’absents ( tout en gardant cette information personnelle afin d’aider les élèves absentéistes à reprendre goût à l’école ) afin de dire leur opposition à cette réforme.

Contact :

Bruno Antzenberger

06.71.83.25.70

bruno.antzenberger@wanadoo.fr

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