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Explosion d’AZF : l’usine Grande Paroisse et l’ancien directeur de l’usine relaxés.

Publie le jeudi 19 novembre 2009 par Open-Publishing

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AZF : Grande Paroisse et l’ancien directeur de l’usine relaxés.

Huit ans après la catastrophe, le tribunal correctionnel de Toulouse a relaxé jeudi "au bénéfice du doute" Serge Biechlin, l’ancien directeur de l’usine AZF, et Grande Paroisse, propriétaire de l’usine, dans le procès sur l’explosion de l’usine AZF, qui fit 31 morts et plus de 2.000 blessés le 21 septembre 2001.

Les deux prévenus ont été relaxés "au bénéfice du doute", a déclaré le président du tribunal Thomas Le Monnyer.

Serge Biechlin et Grande Paroisse étaient poursuivis pour "homicides et blessures involontaires" et "destruction de biens".

Pour motiver sa décision, le président du tribunal a déclaré que le lien de causalité entre la faute organisationnelle au sein de l’usine Grande Paroisse et les dommages était "incertain". "Il y a une rupture dans l’enchainement causal", a-t-il souligné.

La décision a été rendue devant quelque 750 personnes dans la salle Jean Mermoz, prêtée par la ville de Toulouse et spécialement aménagée pour ce procès.

Le ministère public avait requis en juin une peine de trois ans d’emprisonnement avec sursis et 45.000 euros d’amende à l’encontre de Serge Biechlin et une amende de 225.000 euros à l’encontre de Grande Paroisse. Patrice Michel, procureur adjoint de la République de Toulouse, avait soulevé les "dysfonctionnements graves dans l’organisation et la gestion des déchets", dans "la sectorisation du travail" et les différences de traitement entre les salariés et les sous-traitants.

"J’ai bien écouté le tribunal et je saisis toute l’importance qu’avait mon dépôt de plainte pour entrave à la justice", a déclaré Gérard Ratier, président de l’Association des familles endeuillées.

"La commission d’enquête interne, en agissant avant l’enquête judiciaire, a fait disparaître les pièces à conviction, lesquelles ont manqué à ce tribunal pour se positionner. Si la preuve matérielle de la contamination du chlore par les nitrates à partir de la benne ne peut être établie, c’est parce que précisément cette benne, on s’est arrangé pour la faire disparaître", a-t-il dit.

Me Stella Bisseuil, conseil de l’Association des familles endeuillées, a pour sa part souligné que les victimes étaient "totalement frustrées moralement" car il n’y avait "aucune sanction". "On est avec une feuille de cigarette entre la probabilité et la certitude", a-t-elle déclaré.

"Tout est constaté sur l’usine pour que cette explosion puisse se produire, il y avait véritablement des dysfonctionnements convergents qui permettent d’expliquer et de considérer que c’est suffisamment probable. Tout le décor est planté et pour autant le tribunal ne conclut pas à cette condamnation, je crois par un excès de scrupules à l’égard de la certitude de la preuve", a ajouté Me Bisseuil.

"On va évidemment se tourner vers le parquet qui peut faire appel ou non et nous réunir entre parties civiles. Nous demanderons que le parquet fasse appel de cette décision".

"C’est un scandale évidemment mais il y a des raisons", a pour sa part dénoncé Jean-François Grelier, porte-parole de l’association des Sinistrés du 21 septembre. Le scandale c’est que ce procès a permis de comprendre l’organisation de l’usine et pourquoi cette explosion a eu lieu". "Le tribunal a compris cela, il lui a manqué les preuves formelles, effacées par la commission d’enquête interne de Total".

Jean-François Grelier a indiqué, à propos d’un éventuel appel, que les associations n’avaient pas "les moyens de Total". "On va essayer de voir comment on peut faire, il faudra se décider rapidement C’est indispensable de réagir".

Les parties civiles ont dix jours pour formuler leur appel.

De son côté, Me Soulez-Larivière, avocat de Grande Paroisse, s’est déclaré "satisfait de ce résultat judiciaire" mais, a-t-il ajouté, "j’éprouve une grosse frustration personnelle en tant que citoyen de ne pas avoir réussi à trouver ce qui s’était passé de façon certaine". "J’ai demandé des non-lieux pour les douze salariés qui ont tous été obtenus. Là, nous avons enfin obtenu la relaxe qui était sollicitée".

Jacques Mignard, ancien salarié d’AZF et président de l’association AZF Mémoire et solidarité, qui a toujours contesté la thèse officielle de l’accident chimique, s’est dit "satisfait de l’incapacité du tribunal à prendre une décision dans le doute". "Nous espérons trouver un processus pour rechercher efficacement la vérité", a-t-il ajouté.

http://tempsreel.nouvelobs.com/depeches/societe/20091119.FAP4037/azf_grande_paroisse_et_lancien_directeur_de_lusine_rela.html