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Fraternisation de tous les Sans-Papiers !

Publie le mardi 1er décembre 2009 par Open-Publishing
3 commentaires

La direction confédérale termine le grand combat orchestré pour s’achever au 49ème congrès de la CGT.

Dans une quinzaine de jours, des délégations réjouies (et sélectionnées) de sans-papiers régularisés dans le cadre de la loi instituant l’immigration choisie, viendront à Nantes témoigner du triomphe d’une stratégie pourtant aisément critiquable.

Le combat syndical, avouons-le, a connu de meilleurs mises en scène pour n’obtenir que le simple perfectionnement d’une loi scélérate...

La 13ème résolution de notre 48ème congrès (mars 2006) affirmait que la CGT était pour la régularisation de tous les sans-papiers. Cette résolution n’a cessé d’être violentée et détournée à des fins opportunistes. Sinistre exploitation que celle de la misère des centaines de milliers d’en dehors, citoyens irréguliers en France.

Le montage théatral réalisé par quelques personnages douteux à la direction confédérale aura permis :
- de contribuer à une régularisation massive des patrons voyous,
- la fourniture d’un personnel dévoué et gratuit : des militants transformés en supplétifs de la préfecture, sélectionnant en ses lieux et place les dossiers acceptables !
- en surmédiatisant ce bricolage de lutte, de dissimuler tous les combats sociaux qui n’ont pas été favorisés par la direction confédérale ;
- en contradiction avec nos principes, les sans papiers grévistes n’auront jamais été les acteurs de leur propre lutte. Ils ont été très lourdement encadrés par un appareil qui a empêché toute velléité d’autonomie. Jusqu’à voir certains délégués sans-papiers “mis à pied” parce que trop critiques !...

En deux ans : que de mensonges de la part de l’appareil confédéral et notamment de Mme Blanche et de Mr Chauveau

On a parlé d’une première vague de grévistes en 2008, puis d’une deuxième et d’une troisième qui n’aura jamais lieu. En vérité, la deuxième vague aura été donnée par la Préfecture qui expliquera dans un communiqué de presse qu’il s’agissait en fait de dossiers de substitutions accordés en remplacement de dossiers irrecevables.
Montreuil et ses relais parisiens arrêteront le mouvement sans qu’on s’en rende compte, en affichant un score relativement médiocre : 2000 régularisations, pour une population sans papiers de 200 à 400 000. Il est d’ailleurs intéressant de noter que, dans la même période, des petits patrons, en dehors des grands circuits de syndicats patronaux, ont réussi eux aussi à faire régulariser des sans papiers (environ 2500).

On apprendra, début décembre 2008, que le ministère de l’immigration avait accepté d’envoyer une circulaire de régularisation dans toutes les préfectures.. Circulaire au demeurant très peu favorable aux sans papiers, puisqu’elle imposait des conditions quasiment inaccessibles pour la majorité des étrangers en situation irrégulière..
On cherchera vainement pendant un an le texte de ladite circulaire, que toutes les préfectures interrogées nient avoir reçu et dont on constate bien au fil de l’année qu’elle n’est pas appliquée, et pour cause !

En effet, au moment du lancement du second mouvement soit un an après, on apprendra comme d’aucuns le supposaient et le dénonçaient, que cette circulaire n’a jamais existé en que c’était un mensonge grossier de la CGT destiné à faire taire ceux qui, à la rentrée 2008, voulaient continuer, voire étendre la lutte.

Sans aucune logique on nous parlera ensuite d’un “second acte” sans véritable lever de rideau. Constitué par les déboutés de la première vague, récupérant un bon tiers des occupants de Baudelique, ce deuxième acte fait dans le spectaculaire mais perd rapidement de son énergie et reste strictement cantonné à Paris, petite couronne.
Pas de dépôt de dossiers, la mise en place d’une carte de gréviste, et bien sûr la menace bidon d’une généralisation à toute la France... En fait : il leur faut tenir jusqu’au congrès de Nantes, le 7 décembre.

De même que pour la première vague, ce nouvel épisode se construit sur un préalable avec le nouveau ministre de l’immigration : mille à 1500 dossiers acceptés en échange d’une amélioration de la régularisation dans le cadre de l’immigration choisie. Côté respect absolu de la “légalité”, on n’aura jamais fait aussi fort de la part de prétendus soutiens aux sans-papiers !

Avortée l’an passé par une indiscrétion dont s’était fait écho un blog oppositionnel (“où va la cgt ?”), la direction confédérale tente à nouveau son “offensive” spectaculaire agrégeant quelques signataires croupions (plus l’UNSA et la CFDT habituellement invisibles dans le soutien aux sans papiers). C’est la fameuse lettre à Mr Fillon demandant l’harmonisation des pratiques préfectorales sur le territoire national !
On ne met surtout plus en cause la loi Sarkozy/Heurtefeux.

Pendant qu’en Ile de France, le mouvement d’occupation de sites s’essouffle à force d’expulsions policières, la confédération continue à ne pas chercher la généralisation du conflit. On demande aux seuls travailleurs sans-papiers parisiens de se battre pour les travailleurs sans-papiers de toute la France : un comble !

Par ailleurs, la Coordination des Sans Papiers ne comprend pas que ce mouvement est largement nourri par ses adhérents et s’enferme dans l’occupation symbolique d’un “ministère de la régularisation de tous les sans papiers” qui, à l’instar du “ministère de la crise du logement”, finira par une évacuation. Elle avait pourtant vocation à permettre la généralisation du conflit !

Avec encore quelques capacités à mobiliser, l’Ucij surenchérit sur les manifestations organisées par la CSP 75 (où l’on a noté la très faible présence de soutiens) et rameute ses troupes ce 29 novembre. Elle met en tête de manif les travailleurs encadrés par la CGT et refoule la CSP bien loin derrière, provoquant le désengagement annoncé de celle-ci. L’Ucij œuvre clairement en soutien à la lettre adressée à Mr Fillon.

-Conclusions provisoires-

Ainsi, en deux ans de “lutte”, la CGT a fait un grand pas en arrière :

1 - en diminuant l’ampleur de la revendication, elle est passée de la régularisation de tous les sans-papiers à celle des seuls travailleurs sans-papiers dans le cadre des métiers sous tension.

Il est amusant de constater que la “circulaire Besson” est quasiment similaire à celle dont la CGT s’est prévalue pendant plus d’un an, comme dit plus haut.
Cinq ans de présence, 1 an de fiche de paie, un contrat de travail : c’est un véritable échec qui ne donnera des papiers qu’à à peine 1500 des 6000 grévistes annoncés ! Ce qui est proprement scandaleux c’est d’avoir marché dans ce marché de dupes.

2 - en cassant la capacité de lutte autonome des sans-papiers dont le mouvement est pour un temps devenu un vivier instrumentalisable à ses seules fins.

La CGT a fait un grand bond en arrière dans le soutien aux sans papiers.
De même, malheureusement, que dans tout un grand tas de domaines : remise en cause du rôle des Unions locales, des syndicats, du fédéralisme, du rapport de force...

Il est grand temps que les sans papiers organisent leur grève générale, maintenant et pas dans un trimestre !
Que les sans papiers, dans toute leur diversité, se mobilisent et montent avec leurs propres revendications, avec le dossier de leurs souffrances et de leur peurs, avec leurs espoirs de vivre avec nous, ici !

Qu’ils montent vers les préfectures pour demander, par dizaines de milliers, le décret de régularisation massive et non les quelques dossiers que Besson offrira à la direction confédérale de la CGT !
Qu’ils sachent que nous serons à leurs côtés, comme nous l’avons toujours été...

C’est le message que nous porterons aux délégués du 49ème congrès de la CGT et que nous lançons vers tous les sans papiers.

Jacques Gurfinkiel
Secrétaire Général du Syndicat CGT de l’OPH de Paris

Messages

  • A monsieur le secrétaire général du Syndicat CGT de l’OPH de Paris de la part d’une intérimaire CGT qui a commencé la lutte avec les sans papiers en 2008, qui n’a pas ce titre et un salaire complet mais juste quelques heures de délégation quand Manpower ne les oublie pas, qui n’est pas flic non plus et quelques mois de chômage car ma priorité est leur combat pour obtenir leur régularisation par le travail.
    Ton texte est un ramassis de mensonges car lorsque nous avons rencontré Francine Blanche début 2008 nous demandions la régularisation de nos copains sans papiers par le travail.
    D’autres associations s’occupent fort bien et mieux que la CGT des régularisations autre que par le travail.
    A chacun son rôle.
    Pendant les 6 mois et demi que je suis restée en agence à les soutenir avec d’autres copains de l’Union syndicale de l’intérim CGT qui dormaient par roulement sur le sol au coté de nos camarades sans papiers, ce qui n’est sans doute pas ton cas.
    J’ai monté les dossiers Adecco, Triangle, BVI,etc... à ce jour quelques uns sont régularisés et je t’interdis de dire qu’on les a laissé tombé.
    Lorsque j’ai monté les dossiers je me suis servi de la circulaire avec tous les problèmes qu’on a eu changement de ministre, augmentation de la taxe ANAEM, donc nous repartions voir les patrons majors et autres.
    Si nous avions été plus nombreux sur le terrain pour soutenir leur lutte et agir physiquement nous aurions avancés plus vite. Tu sais les bon courage on les a eu mais à ce jour ceux qui nous on dit ça on les attend toujours, c’est certainement ton cas.
    Sans Francine Blanche la lutte des sans papiers n’auraient jamais commencé et pour bien la connaitre puisqu’elle a en charge aussi l’intérim, peu d’hommes ont ce caractère aussi fort.
    Depuis 2008 les préfectures nous baladent, sur ordre du ministre, j’ai vu des copains au bout de leur force, et toi tu étais où mr le secrétaire général de l’oph de Paris, dans ton bureau en train de taper sur le bureau confédéral ?
    Si tu ne suis pas les nouvelles sachent que nous ne sommes pas qu’à Paris mais dans l’Oise et dans le Loiret.
    Tu jètes ton venin maintenant à quelques jours du congrès pour faire valoir tes probables carences syndicales.
    Surtout évites de donner des leçons sur nos camarades qui sont sur le terrain, il y a à la CGT je le reconnais des révolutionnaires de salon dont tu sembles faire parti.
    Nadine Ramet

  • Depuis le début de la lutte des salariés dits sans papier, j’ai eu bien souvent rencontrer des donneurs de leçon dans ton genre quand j’étais secrétaire général de l’Union Syndicale de l’Intérim CGT. Comme le dit Nadine, quand je dormais avec mes camarades sans papier sur le sol des agences d’intérim avec mes camarades du syndicat, toi tu étais certainement à dormir bien au chaud dans ton lit. Quand nous nous faisions sortir des boites d’intérim par les flics, il ne me semble pas t’avoir vu venir soutenir les sans papier et empêcher les flics de nous sortir. Il est très facile de s’agiter comme un pantin au bout d’une ficelle en criant solidarité et de ne rien faire pour avoir une réelle solidarité. Il est bien plus facile de parler de la solidarité que de l’appliquer. Pour terminer, comme Nadine te l’a dit, il est plus facile de faire la révolution dans les salons que d’être présent sur le terrain. Pour avoir bien connu les camarades CGT de la Ville de Paris, tu est loin de représenter leurs façons de penser.
    Yannic

    • Jacques Gurfinkiel, c’est pas beau du tout ce que tu fais. Je suis pas à la CGT mais aux côtés des militants et des permanents cégétistes tous les jours sur les sites occupés, dans le froid face aux forces de l’ordre à se prendre des coups parfois, à être présent de jour comme de nuit quand la menace d’expulsion est là.

      On se connaît tous, les militants, les permanents, les assocs, les citoyens, mais toi, je t’ai jamais vu, ni rue la perouse, ni à la Défense, ni à boulogne, ni a paris, sur aucun site occupé.

      Alors, règle tes comptes dans les salons et dans les bureaux mais pas sur le travail fourni par de vrais militants pour les sans paps et quand je parle de militants, je parle aussi de Francine et Raymond et de tous les autres.

      Maintenant , si le travail de la CGT ne te satisfait pas, tu peux la quitter.