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Rebetiko - O Thermastis-Batis (Live) Stélios, Nikos, Photis

Publie le samedi 19 décembre 2009 par Open-Publishing

yasou, un peu de rébétiko en dédicace aux amis et camarades qui il y a un an mettaient le feu à Athènes...

Deux jeunes hommes à la mine rebelle tendent une large banderole noire, en travers de la rue Tzavella, entre un balcon et un lampadaire. Message en lettres blanches : "Nous n’oublions pas, nous ne pardonnons pas. Vengeance..." Au-dessous se dresse la stèle rudimentaire érigée à la mémoire d’Alexandre Grigoropoulos, 15 ans, mort sous les tirs d’un policier le 6 décembre 2008. Ce drame avait entraîné plusieurs semaines de guérilla urbaine dans les ruelles d’Exarchia, bastion athénien de la contestation où militants d’extrême gauche, anarchistes et marginaux se partagent le pavé.

Un an après, l’ambiance est redevenue électrique. Samedi, la police grecque a arrêté plus de 150 personnes, dont cinq italiens, avant les manifestations prévues aujourd’hui pour l’anniversaire de la mort du jeune homme. Ambiance de veillée d’armes, dans un pays qui redoute une nouvelle explosion. A la nuit tombée, des unités antiémeute lourdement harnachées se postent en masse le long de l’avenue Akadimias, qui sépare Exarchia des quartiers commerçants du centre d’Athènes.
Les mots ne suffisent pas

Le désespoir de la jeunesse grecque, combustible de la révolte de décembre 2008, est toujours aussi grand. Le pouvoir a pourtant changé de mains entre-temps : le Pasok (socialiste) a largement battu le 4 octobre la Nouvelle Démocratie (droite libérale) Le nouvau pouvoir se veut apaisant : "J’espère que la mémoire d’Alexis sera honorée pacifiquement, c’est le moins que nous lui devons", a dit samedi le président socialiste Carolos Papoulias.

Mais les mots ne suffisent pas. L’ alternance n’a pour l’heure apporté aucun espoir nouveau dans un pays durement frappé par la crise économique. Constat désabusé de Yannis Polyzos, vice-recteur de l’Université polytechnique, haut lieu de la contestation étudiante depuis trente-cinq ans et QG des émeutiers l’hiver dernier : "Les leçons n’ont pas été tirées du malaise social qui s’est exprimé. Le taux de chômage des jeunes reste proche de 25%, le système éducatif reste bloqué et la ’génération des 700 euros’ (*) n’a pas davantage de perspectives."

Représentant d’une communauté universitaire jugée trop compréhensive vis-à-vis des protestataires, Polyzos est poursuivi depuis la mi-novembre, avec les autres dirigeants de Polytechnique. Il leur est reproché d’avoir toléré l’hébergement, sur le serveur de l’université, d’un site affilié au réseau alternatif Indymedia et sur lequel ont été publiés ces derniers mois des textes revendiquant des actes terroristes ou incitant à en commettre.
"La situation est explosive"

Les troubles de décembre 2008 ont été suivis d’une nette hausse de l’activisme d’ultra-gauche : d’innombrables petits attentats à la bombe artisanale, mais aussi une quinzaine d’attaques à l’arme à feu, visant la plupart du temps des policiers, ont été commis depuis. "J’aimerais être optimiste, mais je suis plutôt désespéré : la situation est explosive", soupire Stelios Kouloglou, ancien reporter vedette de la télévision publique.

Il en a été chassé à la suite d’une émission trop critique sur le malaise de la jeunesse, et s’est depuis replié sur une Web TV. "Une partie des jeunes, la frange la plus radicale, est désormais passée aux armes, poursuit-il. La situation rappelle celle de l’Italie des années 1970, le ’terrorisme diffus’ des années de plomb."

Vassilis Lambropoulos, spécialiste du terrorisme, et auteur d’un livre de référence sur l’Organisation du 17-Novembre (principal groupe terroriste grec, démantelé en 2002) observe lui aussi la reprise d’un activisme violent. "La vague anarchiste a redoublé après le 6 décembre 2008 et touche une nouvelle audience, notamment dans les milieux aisés", résume-t-il. Corollaire pas forcément rassurant : si les groupes qui multiplient aujourd’hui les attentats sont moins organisés que leurs aînés, ils sont aussi plus imprévisibles.

(*) Premier salaire promis à la plupart des diplômés

http://www.lejdd.fr/International/Europe/Actualite/Veillee-d-armes-a-Athenes-155992/