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Ne pleure pas mes beaux yeux bleus.
Publie le mardi 29 décembre 2009 par Open-Publishing1 commentaire
Ne pleure pas, mes beaux yeux bleus,
Si jouir te faire ne peux.
Le poids d’être l’esclave sur mes épaules
Il y a longtemps que de ton corps j’ai perdu le pôle.
Fermant les yeux je me souviens,
De tes seins à la saveur de pain,
De tes lèvres au goût de miel,
Non, il n’y a pas d’autre "elle" !
Il y a la vie, et le travail, et l’argent.
Comment nourrir nos enfants ?
Que nous étions heureux quand la passion de sa main
Fermait nos esprits aux affres du lendemain !
Nous étions jeunes et vifs et pleins d’espoir alors
Et nous perdions nos souffles mêlés en corps à corps.
Comme nous étions bien alors.
Les factures, les traites, les crédits...
Pour assurer ce toit sous lequel nous avons notre lit.
Ton doux visage aujourd’hui - ces rides de la privation
Je ne sais plus que faire pour lutter contre la dégradation
Du lien merveilleux que nous avions un jour tressé.
Le matin venu quand de retour usé et épuisé
Je dépose près de toi mon fardeau quotidien,
Le patron a sévi, le patron a dit, le patron me prend ma vie.
Pour presque rien.
Il faut trimer ce soir et payer dès demain.
Ne pleure pas mes beaux yeux bleus je t’en supplie
Un jour viendra peut être où tout sera fini
Où cette vallée de larmes qu’est devenue la vie
Sera tarie.
J’aurais tellement voulu garder ces rires, ces sourires et ces joies
J’aurais tellement voulu que la princesse de ce château soit toi
Tu étais belle ma femme, tu l’es toujours
Mes beaux yeux bleus, ne pleure pas mon amour.
Esclave humilié et brisé, je ne sais plus donner, ne sais plus caresser
C’est la brume rouge et noire du joug
Temps de fois d’avoir plié le genoux
Allégeance à un homme qui me pille
Soumission à un système qui me torpille
L’angoisse du survivre ronge mon cœur
Le rend sourd à tes mots, à tes caresses, à ta tendresse
Où est ce jeune homme que je fus un jour
Qui ne vivait pas sans rire, sans jouer, sans t’aimer en retour ?
Il a disparu enseveli jour après jour
Castré, châtré, mutilé, abîmé.
D’un homme "un vrai" je ne suis plus qu’une moitié.
Abattu sous le poids de ce qu’il lui faut faire
Plutôt que de ce qu’il aimerait faire,
Esclave aux fers...
Ne pleure pas mes beaux yeux bleus
Si jouir te faire ne peux...
Il y a longtemps déjà que nous nous sommes trompé de chemin
Mais nous ne savions pas, alors, que de retour il n’y aurait point.
Mes beaux yeux bleus, nous n’aurons pas tout perdu cependant
Si pour demain, pour nos filles, pour nos fils, nos enfants
A nouveau l’espoir luit
Comme une étoile rouge au fond de la nuit.
L’amour se lèvera encore
Quand tous les patrons seront morts.
Messages
1. Ne pleure pas mes beaux yeux bleus., 29 décembre 2009, 18:18
"quand tous les patrons seront morts"...ou quand les esclaves briseront leurs chaines "a l’instant où l’esclave décide de ne plus etre esclave ses chaines se brisent" (Gandhi) Il est facile de parler,je sais bien,mais il me semble bien que la sortie du mauvais film est dans ce proverbe !Et un autre beau commentaire :"mes jeunes gens ne travailleront jamais.Les hommes qui travaillent ne peuvent rever.ET la sagesse nous vient des reves"(Smohalla,chef indien Sokulls)