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Lettre de janvier à Obama

Publie le samedi 2 janvier 2010 par Open-Publishing
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Monsieur le Président Obama
Le premier janvier 2010
The White House

1600 Pennsylvania Avenue N.W.

Washington DC 20500

Monsieur le Président,

A quelques jours d’intervalle, deux faits, qui se sont succédés à la fin de l’année 2009, m’ont interpellée.

Le premier : les nouvelles sentences prononcées par le tribunal de Miami contre Antonio Guerrero, Ramón Labañino et Fernando González.

Le second : la remise de votre prix Nobel à Oslo.

Antonio Guerrero, Ramón Labañino et Fernando González sont trois des cinq Cubains qui croupissent depuis plus de onze ans dans vos prisons des Etats-Unis, les deux autres étant Gerardo Hernández et René González. Quand elle parle de ces cinq hommes, ce qui est très rare, la presse de votre pays les qualifie d’« espions Cubains ». C’est une contre-vérité flagrante car leur procès a montré que les Cinq comme on les appelle, n’ont jamais été des espions. Les Cinq sont venus comme agents de Cuba infiltrer les milieux terroristes de Miami, ce qui n’est pas la même chose ! Leur mission était d’éviter les attentats qui se multipliaient contre Cuba, particulièrement dans les années quatre vingt dix. La remise de documents au FBI en juin 1998 par le gouvernement Cubain sur les agissements passés et à venir de la mafia de Floride a été à l’origine de leur arrestation.

La cour d’appel d’Atlanta avait jugé trop sévères les peines de Antonio, Fernando et Ramón, d’où cette nouvelle sentence. Les condamnations à perpétuité ont été annulées, mais les nouvelles peines sont encore une insulte à la Justice ! Dix huit, vingt-deux, ou trente ans sont des peines inadmissibles pour des hommes intègres qui n’ont fait que défendre leur pays. De même, la peine à quinze ans de René Gonzalez est un véritable déni de justice.

Le comble a été atteint avec la condamnation de Gerardo à deux perpétuités plus quinze ans alors qu’aucune preuve n’a pu être apportée aux accusations qui lui ont été portées. Gerardo n’a pas eu droit à une nouvelle sentence.

A nouveau, votre administration a essayé en vain de corrompre ces hommes. Elle n’a donc rien compris ! Ces hommes sont libres dans leur tête, justement parce qu’ils n’ont rien à se reprocher !

Après leur nouvelle sentence voici une partie de la déclaration d’Antonio, Fernando et Ramón :

« …Notre frère Gerardo Hernández, qui purge deux perpétuités plus 15 ans de prison a été arbitrairement exclu de ce processus de nouvelles sentences. Sa situation reste la principale injustice dans notre affaire. Le Gouvernement des États-Unis connaît la fausseté des accusations portées contre lui et le caractère injuste de sa condamnation.…Comme lors de notre arrestation et en d’autres occasions durant ces longues années, nous avons reçu, de la part du gouvernement des États-Unis, plusieurs propositions de collaboration en échange de sentences plus souples. Nous avons une fois de plus rejeté ces propositions. C’est quelque chose que nous n’accepterons jamais en aucune circonstance… »

Quelques jours plus tard, Monsieur le Président, votre prix Nobel vous était remis. Un tel prix se mérite, et c’est justement l’aspiration à voir le tout jeune président que vous êtes mener une autre politique qui vous a valu ce prix ! Nous en étions d’abord très heureux, puis nous avons déchanté ! Je m’en tiendrai à l’affaire des Cinq, même si je fais un effort pour ne pas déborder par exemple sur l’implication de votre pays dans le coup d’état au Honduras ou sur votre décision d’envoyer de nouvelles troupes en Afghanistan.

Ne croyez-vous pas, Monsieur le Président, que pour honorer ce prix, vous auriez déjà dû instaurer une nouvelle relation avec Cuba ? A ce jour, le pays agresseur est le vôtre !

Le blocus pour ne citer que lui est maintenu contre l’avis de la communauté internationale !

Lors de l’audience pour la nouvelle sentence de Fernando, La juge Joan Lenard a justifié la peine excessive de la nouvelle condamnation par le fait que cette condamnation « devait servir d’exemple à ceux qui auraient l’intention de venir aux USA pour espionner des citoyens des Etats-Unis et empêcher que ceux-ci exercent leurs droits constitutionnels » !!!Comment un Prix Nobel de la Paix peut-il cautionner de tels propos ?

Vous voyez, semble-t-il, Cuba comme l’antichambre de l’Enfer. Allez donc visiter ce pays, vous verrez qu’il n’en est en rien ! Vous auriez même probablement de nombreuses leçons à tirer d’un tel séjour. Allez aussi rende visite à Gerardo dans sa prison de Victorville, en Californie, vous rencontrerez un homme chaleureux, cultivé, bel exemple de dignité et de courage.

Le premier geste, celui qui montrerait votre réelle volonté de changement par rapport à la politique de vos prédécesseurs devrait être celui de libérer ces cinq Cubains. C’est un préalable incontournable à toute nouvelle relation entre vos deux pays ! Une signature de votre part pour leur accorder une « clémence exécutive » rendrait le dialogue possible entre les Etats-Unis et Cuba. Quel beau symbole ce serait pour commencer la nouvelle année !

L’affaire des Cinq est politique, elle ne peut avoir qu’une solution politique !

Monsieur le Président Obama, vous vous devez d’accorder la « clémence exécutive » à ces cinq hommes qui n’ont que trop souffert depuis plus de 11 ans. Cette clémence n’effacerait pas toutes ces années de jeunesse qu’ils ont perdues dans vos prisons, dans des conditions terribles en particulier pour ceux qui sont, ou ont été, dans des prisons de haute sécurité, mais ce serait un premier pas vers un début de justice.
Aurez vous, Monsieur le Président, le courage de prendre cette mesure de nature à initier enfin de nouvelles relations avec Cuba ?

Recevez, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments humanistes les plus sincères.

Jacqueline Roussie

64360 Monein (France)

Puisque cette lettre est la première de l’année, je vous rappelle, monsieur le Président, que le 12 décembre 2006, 64 habitants de Monein ont fait un courrier au congrès par l’intermédiaire de Mesdames Hillary Clinton et Nancy Pelosi pour lui demander d’intervenir pour la libération des Cinq. Depuis, ces habitants attendent toujours avec impatience cette libération. Aujourd’hui c’est toute une population qui s’est jointe à leur attente, et ce printemps vous avez reçu des cartes signées par un millier de personnes demandant cette libération. Monein compte environ 4000 habitants !

Copies à : Mesdames Michelle Obama, Nancy Pelosi, Hillary Clinton, Messieurs Harry Reid, et M. l’Ambassadeur des USA en France

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