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Trotskistes, gaullistes et francs-maçons rivalisent pour contrôler FO

Publie le samedi 6 février 2010 par Open-Publishing
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(un peu d’histoire pour les plus jeunes et de quoi se rafraichir la mémoire pour les plus vieux)

quant o n voi que certains cadres dirigeants ou responsables de la cgt aujourd’hui ont passé entre 20 et 30 ans à FO ça fait froid dans le dos


27/02/1996

Force ouvrière est une centrale syndicale. C’est aussi un ensemble
de réseaux, qui ont fini par structurer toute la vie de l’organisation.

Normal, au sein d’un syndicat qui brandit le drapeau de l’indépendance et refuse, en son sein, l’existence de courants liés à des partis. Depuis sa création en 1947 d’une scission avec la CGT, Force ouvrière a attiré tous ceux qui refusaient l’emprise du Parti communiste sur le mouvement ouvrier. En premier lieu, les socialistes de la vieille maison SFIO ; les gaullistes ensuite, qui adhèrent pleinement au fonds de commerce anticommuniste de la nouvelle organisation ; les trotskistes aussi ; enfin, les survivants de l’anarcho-syndicalisme. Radiographie de la maison Force ouvrière.

Les trotskistes.

« On exagère beaucoup leur pouvoir au sein de l’organisation. Au mieux, ils ne représentent que 15% de l’appareil confédéral », tempère un des membres du bureau, le gouvernement de FO. En oubliant toutefois de préciser que les trotskistes du Parti communiste internationaliste (PCI), dirigé par Pierre Boussel-Lambert, pape de ce groupuscule, tiennent en main les secteurs clés de l’appareil. Ils ont la haute main sur FO-Hebdo, le journal de la confédération, contrôlent la formation des cadres syndicaux et occupent, avec Claude Jenet, le secrétariat confédéral à l’organisation, le ministère de l’intérieur du syndicat.

Leur influence s’étend sur les fédérations des cadres et employés, de l’éducation, de la chimie et des banques et assurances. Au point qu’en 1993, de guerre lasse, une partie de la section FO du groupe AXA rejoindra la CFTC. Leur influence s’étend également sur 17 unions départementales sur 105. Avec un bastion historique, le syndicat de Loire-Atlantique, longtemps dirigé par Alexandre Hébert et aujourd’hui tenu par son fils Patrick. « C’est quand même incroyable de voir des trotskistes inventer le syndicalisme héréditaire. C’est la Corée du Nord », se moque un proche de Jacques Mairé.

Même s’il se réclame officiellement de l’anarcho-syndicalisme, Alexandre Hébert, sous le pseudonyme d’« Armand » appartient au bureau politique du PCI depuis 1969. L’« entrisme » (noyautage) des trotskistes au sein de FO remonte au temps d’André Bergeron. Roger Sandri, un de ses proches, responsable de l’organisation, leur laboure le terrain. Il quittera ensuite FO pour rejoindre directement le comité central du PCI. Les militants lambertistes s’activeront ensuite pour préparer l’élection de leur candidat, Marc Blondel, en 1989.

Mais la nébuleuse trotskiste de FO entretient aussi des rapports étroits avec certains membres du RPR. Etienne Garnier, député RPR de Loire-Atlantique, qui a ravi le siège de l’ancien ministre socialiste des Affaires sociales, Claude Evin, reconnaît qu’Alexandre Hébert et les militants du PCI l’ont « beaucoup aidé lors de la campagne électorale ». En 1991, Alexandre Hébert défile aux côtés des syndicats de médecins contre les mesures de maîtrise des dépenses de santé préparées par Evin.

Les gaullistes.

Etroits à l’époque d’André Bergeron, les liens de FO avec le RPR se sont distendus sous son successeur. Le départ de Roland Raignoux, secrétaire confédéral et membre déclaré du mouvement gaulliste, y a contribué. Surtout, la ligne actuelle désoriente les responsables RPR, qui voient d’un oeil inquiet le rapprochement avec la CGT. Les ponts ne sont pas coupés pour autant. Quand il était président du groupe RPR à l’Assemblée nationale, Bernard Pons se rendait souvent au siège parisien de FO, histoire de discuter avec Marc Blondel.

Etienne Garnier, entre autres, contribue à maintenir des liens entre les deux organisations. Maurice Ulrich, conseiller de Jacques Chirac, ne se prive pas d’appeler régulièrement au téléphone le patron de FO. Mais c’est surtout via les sections d’entreprises, longtemps organisées par Jacques Godfrain, actuel ministre de la Coopération, que le RPR entretenait des contacts rapprochés avec les militants FO. Une section RPR existe au sein de la Caisse nationale d’assurance maladie, qui comprend une majorité de salariés syndiqués Force ouvrière.

Les socialistes.

Longtemps, ils ont constitué le terreau historique de FO. Plusieurs membres de la direction du syndicat ne cachent pas leur appartenance au PS. A commencer par Marc Blondel, inscrit dans la section socialiste de Béziers. Idem pour son rival Jacques Mairé, dont l’adjoint Jean Grosset est un proche d’Henri Emmanuelli. Le secrétaire général de FO peut également compter sur le soutien de Julien Dray, député PS de l’Essonne, qui s’est fait fort de défendre les thèses de FO sur la Sécurité sociale à l’Assemblée nationale. Il est vrai que FO avait soutenu la création du syndicat étudiant UNEF indépendante et démocratique, alors dirigé par Julien Dray. Lors de l’affaire du CIP, le secrétaire général de FO a d’ailleurs joué les intermédiaires entre les organisations étudiantes et le gouvernement.

Les francs-maçons.

Dans une organisation où il n’est pas rare que l’on se salue encore d’un tonitruant « A bas la calotte », l’appartenance à la franc-maçonnerie reste un ciment important. Un collectif de francs-maçons, militants de FO, dénonçait la semaine dernière l’utilisation faite par Marc Blondel de cette étiquette pour influencer les choix des membres du bureau confédéral.

Proche de Patrick Kessel, ancien grand maître du Grand Orient de France, Marc Blondel est inscrit dans la loge République. Via ce réseau, Blondel entretient des liens étroits avec Jean-Pierre Soisson, ancien ministre du Travail, ou Jean-Louis Giral, ex-président de la commission des affaires sociales du CNPF. Ainsi, en plein milieu de la crise sociale de décembre, un dimanche après-midi, Patrick Stéfanini, conseiller d’Alain Juppé, avait joint Jean-Pierre Soisson pour lui demander le numéro personnel... de Marc Blondel. Il devait en résulter deux rencontres, tout ce qu’il y a de plus discrètes, entre le Premier ministre et le secrétaire général de FO .

http://www.liberation.fr/economie/0101171008-un-labyrinthe-de-reseaux-et-d-interetstrotskistes-gaullistes-et-francs-macons-rivalisent-pour-controler-fo

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