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Des 343 salopes aux 40 ans du Mouvement de Libération des Femmes en France

Publie le mardi 9 mars 2010 par Open-Publishing
7 commentaires

Hommage à Delphine Seyrig (1), née à Beyrouth le 10 avril 1932, morte à Paris le 15 octobre 1990. Grande actrice, femme de culture et de réseau, activiste féministe en théorie, en pratique, et médiatique, fondatrice avec Carole Roussopolos et Ioana Wieder du Centre audiovisuel Simone de Beauvoir, en 1982 à Paris, et co-réalisatrice et réalisatrice de plusieurs films dans ce cadre (2).

Journée internationale des femmes

Voici Le manifeste des 343 salopes en France, texte de Simone de Beauvoir dit-on, probablement intégré d’autres plumes, acte collectif d’insoumission civile qui sera suivi
par le manifeste des 331 médecins solidaires déclarant qu’ils ont
pratiqué des avortements (aujourd’hui introuvable sur Internet sauf information particulière). Le manifeste des femmes fut publié dans les colonnes du Nouvel Observateur n°334 du 5 avril 1971 (voir le lien).

Le manifeste des 343 salopes pour mémoire de la Journée Internationale des Droits de la Femme :

Un million de femmes se font avorter chaque année en France.
Elles le font dans des conditions dangereuses en raison de la
clandestinité à laquelle elles sont condamnées, alors que cette
opération, pratiquée sous contrôle médical, est des plus simples.
On fait le silence sur ces millions de femmes.
Je déclare que je suis l’une d’elles. Je déclare avoir avorté.
De même que nous réclamons le libre accès aux moyens
anticonceptionnels, nous réclamons l’avortement libre.

Avortement

Mot qui semble exprimer et limiter une fois pour toutes le combat
féministe. Être féministe, c’est lutter pour l’avortement libre et
gratuit.

Avortement

C’est une affaire de bonnes femmes, quelque chose comme la cuisine,
les langes, quelque chose de sale. Lutter pour obtenir l’avortement
libre et gratuit, cela a l’air dérisoire ou mesquin. Toujours cette
odeur d’hôpital ou de nourriture, ou de caca derrière les femmes.
La complexité des émotions liées à la lutte pour l’avortement indique
avec précision notre difficulté d’être, le mal que nous avons à nous
persuader que cela vaut le coup de se battre pour nous.
Il va de soi que nous n’avons pas comme les autres êtres humains le
droit de disposer de notre corps. Pourtant notre ventre nous
appartient.

L’avortement libre et gratuit n’est pas le but ultime de la lutte des
femmes. Au contraire il ne correspond qu’à l’exigence la plus
élémentaire, ce sans quoi le combat politique ne peut même pas
commencer. Il est de nécessité vitale que les femmes récupèrent et
réintègrent leur corps. Elles sont celles de qui la condition est
unique dans l’histoire : les êtres humains qui, dans les sociétés
modernes, n’ont pas la libre disposition de leur corps. Jusqu’à
présent, seuls les esclaves ont connu cette condition.

Le scandale persiste. Chaque année 1 500 000 femmes vivent dans la
honte et le désespoir. 5 000 d’entre nous meurent. Mais l’ordre moral
n’en est pas bousculé. On voudrait crier.

L’avortement libre et gratuit c’est :

cesser immédiatement d’avoir honte de son corps, être libre et fière
dans son corps comme tous ceux qui jusqu’ici en ont eu le plein emploi
 ;

ne plus avoir honte d’être une femme.

Un ego qui fout le camp en petits morceaux, c’est ce qu’éprouvent
toutes les femmes qui doivent pratiquer un avortement clandestin ;
être soi à tout moment, ne plus avoir cette crainte ignoble d’être “
prise ”, prise au piège, d’être double et impuissante avec une espèce
de tumeur dans le ventre ;

un combat enthousiasmant, dans la mesure où, si je le gagne, je
commence seulement à m’appartenir en propre et non plus à l’Etat, à
une famille, à un enfant dont je ne veux pas ;

une étape pour parvenir au contrôle complet de la production des
enfants. Les femmes comme tous les : autres producteurs ont de fait le
droit absolu au contrôle de toutes leurs productions. Ce contrôle
implique un changement radical des structures mentales des femmes et
un changement non moins radical des structures de la société.
1. Je ferai un enfant si j’en ai envie, nulle pression morale, nulle
institution, nul impératif économique ne peut m’y contraindre. Cela
est mon pouvoir politique. Comme tout producteur, je peux, en
attendant mieux, faire pression sur la société à travers ma production
(grève d’enfants).

2. Je ferai un enfant si j’en ai envie et si la société dans laquelle
je le fais naître est convenable pour moi, si elle ne fait pas de moi
l’esclave de cet enfant, sa nourrice, sa bonne, sa tête de Turc.
3. Je ferai un enfant si j’en ai envie, si la société est convenable
pour moi et convenable pour lui, j’en suis responsable, pas de risques
de guerres, pas de travail assujetti aux cadences.

Non à la liberté surveillée

La bataille qui s’est engagée autour de l’avortement se passe
au-dessus de la tête des principales intéressées, les femmes. La
question de savoir si la loi doit être libéralisée, la question de
savoir quels sont les cas où l’on peut se permettre l’avortement, en
bref la question de l’avortement thérapeutique ne nous intéresse pas
parce qu’elle ne nous concerne pas.

L’avortement thérapeutique exige de “ bonnes ” raisons pour avoir la “
permission ” d’avorter. En clair cela signifie que nous devons mériter
de ne pas avoir d’enfants. Que la décision d’en avoir ou pas ne nous
appartient pas plus qu’avant.

Le principe reste qu’il est légitime de forcer les femmes à avoir des enfants.

Une modification de la loi, en permettant des exceptions à ce
principe, ne ferait que le renforcer. La plus libérale des lois
réglementerait encore l’usage de notre corps. L’usage de notre corps
n’a pas à être réglementé. Nous ne voulons pas des tolérances, des
bribes de ce que les autres humains ont de naissance : la liberté
d’user de leur corps comme ils l’entendent. Nous nous opposons autant
à la loi Peyret ou au projet A.N.E.A. qu’à la loi actuelle comme nous
nous opposerons à toute loi qui prétendra régler d’une façon
quelconque notre corps. Nous ne voulons pas une meilleure loi, nous
voulons sa suppression pure et simple. Nous ne demandons pas la
charité, nous voulons la justice. Nous sommes 27 000 000 rien qu’ici.
27 000 000 de “ citoyennes ” traitées comme du bétail.

Aux fascistes de tout poil — qu’ils s’avouent comme tels et nous
matraquent ou qu’ils s’appellent catholiques, intégristes,
démographes, médecins, experts, juristes, “ hommes responsables ”,
Debré, Peyret, Lejeune, Pompidou, Chauchard, le pape — nous disons que
nous les avons démasqués.

Que nous les appelons les assassins du peuple. Que nous leur
interdisons d’employer le terme “ respect de la vie ” qui est une
obscénité dans leur bouche. Que nous sommes 27 000 000. Que nous
lutterons jusqu’au bout parce que nous ne voulons rien de plus que
notre dû : la libre disposition de notre corps.

Les dix commandements de l’Etat bourgeois

Fœtus plutôt qu’être humain choisiras quand cet être humain est femelle.
Femme point n’avortera tant que Debré réclamera 100 millions de Français.
100 millions de Français tu auras, tant que ça ne te coûte rien.
Particulièrement sévère seras avec femelles pauvres ne pouvant aller
en Angleterre.

Ainsi volant de chômage tu auras pour faire plaisir à tes capitalistes.
Très moraliste tu seras, car Dieu sait ce que “ nos ” femmes feraient si libres.

Fœtus tu préserveras, car plus intéressant de les tuer à 18 ans, âge
de la conscription.

Grand besoin tu en auras car politique impérialiste tu poursuivras.
Toi-même contraception utiliseras, pour envoyer rares enfants à
Polytechnique ou l’E.N.A. parce qu’appartement 10 pièces seulement.
Quant aux autres, pilule dénigreras, car il ne manquerait plus que ça.

Signatures :

J. Abba-Sidick ;
Janita Abdalleh ;
Monique Anfredon ;
Catherine Arditi ;
Maryse Arditi ;
Hélène Argellies ;
Françoise Arnoul ;
Florence Asie ;
Isabelle Atlan ;
Brigitte Auber ;
Stéphane Audran ;
Colette Audry ;
Tina Aumont ;
L. Azan ;
Jacqueline Azim ;
Micheline Baby ;
Geneviève Bachelier ;
Cécile Ballif ;
Néna Baratier ;
D. Bard ;
E. Bardis ;
Anna de Bascher ;
C. Batini ;
Chantal Baulier ;
Hélène de Beauvoir ;
Simone de Beauvoir ;
Colette Bec ;
M. Bediou ;
Michèle Bedos ;
Anne Bellec ;
Lolleh Bellon ;
Edith Benoist ;
Anita Benoit ;
Aude Bergier ;
Dominique Bernabe ;
Jocelyne Bernard ;
Catherine Bernheim ;
Nicole Bernheim ;
Tania Bescomd ;
Jeannine Beylot ;
Monique Bigot ;
Fabienne Biguet ;
Nicole Bize ;
Nicole de Boisanger ;
Valérie Boisgel ;
Y. Boissaire ;
Silvina Boissonnade ;
Martine Bonzon ;
Françoise Borel ;
Ginette Bossavit ;
Olga Bost ;
Anne-Marie Bouge ;
Pierrette Bourdin ;
Monique Bourroux ;
Bénédicte Boysson-Bardies ;
M. Braconnier-Leclerc ;
M. Braun ;
Andrée Brumeaux ;
Dominique Brumeaux ;
Marie-Françoise.Brumeaux ;
Jacqueline Busset ;
Françoise De Camas ;
Anne Camus ;
Ginette Cano ;
Ketty Cenel ;
Jacqueline Chambord ;
Josiane Chanel ;
Danièle Chinsky ;
Claudine Chonez ;
Martine Chosson ;
Catherine Claude ;
M.-Louise, Clave ;
Françoise Clavel ;
Iris Clert ;
Geneviève Cluny ;
Annie Cohen ;
Florence Collin ;
Anne Cordonnier ;
Anne Cornaly ;
Chantal Cornier ;
J. Corvisier ;
Michèle Cristofari ;
Lydia Cruse ;
Christiane Dancourt ;
Hélène Darakis ;
Françoise Dardy ;
Anne-Marie Daumont ;
Anne Dauzon ;
Martine Dayen ;
Catherine Dechezelle ;
Marie Dedieu ;
Lise Deharme ;
Claire Delpech ;
Christine Delphy ;
Catherine Deneuve ;
Dominique Desanti ;
Geneviève Deschamps ;
Claire Deshayes ;
Nicole Despiney ;
Catherine Deudon ;
Sylvie Dlarte ;
Christine Diaz ;
Arlette Donati ;
Gilberte Doppler ;
Danièle Drevet ;
Evelyne Droux ;
Dominique Dubois ;
Muguette Dubois ;
Dolorès Dubrana ;
C. Dufour ;
Elyane Dugny ;
Simone Dumont ;
Christiane Duparc ;
Pierrette Duperray ;
Annie Dupuis ;
Marguerite Duras ;
Françoise d’Eaubonne ;
Nicole Echard ;
Isabelle Ehni ;
Myrtho Elfort ;
Danièle El-Gharbaoui ;
Françoise Elie ;
Arlette Elkaim ;
Barbara Enu ;
Jacqueline d’Estree ;
Françoise Fabian ;
Anne Fabre-Luce ;
Annie Fargue ;
J. Foliot ;
Brigitte Fontaine ;
Antoinette Fouque-Grugnardi ;
Eléonore Friedmann ;
Françoise Fromentin ;
J. Fruhling ;
Danièle Fulgent ;
Madeleine Gabula ;
Yamina Gacon ;
Luce Garcia-Ville ;
Monique Garnier ;
Micha Garrigue ;
Geneviève Gasseau ;
Geneviève Gaubert ;
Claude Genia ;
Elyane Germain-Horelle ;
Dora Gerschenfeld ;
Michèle Girard ;
F. Gogan ;
Hélène Gonin ;
Claude Gorodesky ;
Marie-Luce Gorse ;
Deborah Gorvier ;
Martine Gottlib ;
Rosine Grange ;
Rosemonde Gros ;
Valérie Groussard ;
Lise Grundman ;
A. Guerrand-Hermes ;
Françoise de Gruson ;
Catherine Guyot ;
Gisèle Halimi ;
Herta Hansmann ;
Noëlle Henry ;
M. Hery ;
Nicole Higelin ;
Dorinne Horst ;
Raymonde Hubschmid ;
Y. Imbert ;
L. Jalin ;
Catherine Joly ;
Colette Joly ;
Yvette Joly ;
Hemine Karagheuz ;
Ugne Karvelis ;
Katia Kaupp ;
Nenda Kerien ;
F. Korn ;
Hélène Kostoff ;
Marie-Claire Labie ;
Myriam Laborde ;
Anne-Marie Lafaurie ;
Bernadette Lafont ;
Michèle Lambert ;
Monique Lange ;
Maryse Lapergue ;
Catherine Larnicol ;
Sophie Larnicol ;
Monique Lascaux ;
M.-T. Latreille ;
Christiane Laurent ;
Françoise Lavallard ;
G. Le Bonniec ;
Danièle Lebrun ;
Annie Leclerc ;
M.-France Le Dantec ;
Colette Le Digol ;
Violette Leduc ;
Martine Leduc-Amel ;
Françoise Le Forestier ;
Michèle Leglise-Vian ;
M. Claude Lejaille ;
Mireille Lelièvre ;
Michèle Lemonnier ;
Françoise Lentin ;
Joëlle Lequeux ;
Emmanuelle de Lesseps ;
Anne Levaillant ;
Dona Levy ;
Irène Lhomme ;
Christine Llinas ;
Sabine Lods ;
Marceline Loridan ;
Edith Loser ;
Françoise Lugagne ;
M. Lyleire ;
Judith Magre ;
C. Maillard ;
Michèle Manceaux ;
Bona de Mandiargues ;
Michèle Marquais ;
Anne Martelle ;
Monique Martens ;
Jacqueline Martin ;
Milka Martin ;
Renée Marzuk ;
Colette Masbou ;
Cella Maulin ;
Liliane Maury ;
Edith Mayeur ;
Jeanne Maynial ;
Odile du Mazaubrun ;
Marie-Thérèse Mazel ;
Gaby Memmi ;
Michèle Meritz ;
Marie-Claude Mestral ;
Maryvonne Meuraud ;
Jolaine Meyer ;
Pascale Meynier ;
Charlotte Millau ;
M. de Miroschodji ;
Geneviève Mnich ;
Ariane Mnouchkine ;
Colette Moreau ;
Jeanne Moreau ;
Nellv Moreno ;
Michèle Moretti ;
Lydia Morin ;
Mariane Moulergues ;
Liane Mozere ;
Nicole Muchnik ;
C. Muffong ;
Véronique Nahoum ;
Eliane Navarro ;
Henriette Nizan ;
Lila de Nobili ;
Bulle Ogier ;
J. Olena ;
Janine Olivier ;
Wanda Olivier ;
Yvette Orengo ;
Iro Oshier ;
Gege Pardo ;
Elisabeth Pargny ;
Jeanne Pasquier ;
M. Pelletier ;
Jacqueline Perez ;
M. Perez ;
Nicole Perrottet ;
Sophie Pianko ;
Odette Picquet ;
Marie Pillet ;
Elisabeth Pimar ;
Marie-France Pisier ;
Olga Poliakoff ;
Danièle Poux ;
Micheline Presle ;
Anne-Marie Quazza ;
Marie-Christine Questerbert ;
Susy Rambaud ;
Gisèle Rebillion ;
Gisèle Reboul ;
Arlette Reinert ;
Arlette Repart ;
Christiane Ribeiro ;
M. Ribeyrol ;
Delya Ribes ;
Marie-Françoise Richard ;
Suzanne Rigail-Blaise ;
Marcelle Rigaud ;
Laurence Rigault ;
Danièle Rigaut ;
Danielle Riva ;
M. Riva ;
Claude Rivière ;
Marthe Robert ;
Christiane Rochefort ;
J. Rogaldi ;
Chantal Rogeon ;
Francine Rolland ;
Christiane Rorato ;
Germaine Rossignol ;
Hélène Rostoff ;
G. Roth-Bernstein ;
C. Rousseau ;
Françoise Routhier ;
Danièle Roy ;
Yvette Rudy ;
Françoise Sagan ;
Rachel Salik ;
Renée Saurel ;
Marie-Ange Schiltz ;
Lucie Schmidt ;
Scania de Schonen ;
Monique Selim ;
Liliane Sendyke ;
Claudine Serre ;
Colette Sert ;
Jeanine Sert ;
Catherine de Seyne ;
Delphine Seyrig ;
Sylvie Sfez ;
Liliane Siegel ;
Annie Sinturel ;
Michèle Sirot ;
Michèle Stemer ;
Cécile Stern ;
Alexandra Stewart ;
Gaby Sylvia ;
Francine Tabet ;
Danièle Tardrew ;
Anana Terramorsi ;
Arlette Tethany ;
Joëlle Thevenet ;
Marie-Christine Theurkauff ;
Constance Thibaud ;
Josy Thibaut ;
Rose Thierry ;
Suzanne Thivier ;
Sophie Thomas ;
Nadine Trintignant ;
Irène Tunc ;
Tyc Dumont ;
Marie-Pia Vallet ;
Agnès Van-Parys ;
Agnès Varda ;
Catherine Varlin ;
Patricia Varod ;
Cleuza Vernier ;
Ursula Vian-Kubler ;
Louise Villareal ;
Marina Vlady ;
A. Wajntal ;
Jeannine Weil ;
Anne Wiazemsky ;
Monique Wittig ;
Josée Yanne ;
Catherine Yovanovitch ;
Annie Zelensky.

La liste de signatures est un premier acte de révolte. Pour la
première fois, les femmes ont décidé de lever l’interdit qui pèse sur
leur ventre : des femmes du Mouvement de Libération des Femmes, du
Mouvement pour la Liberté de l’Avortement, des femmes qui travaillent,
des femmes au foyer.

Au Mouvement de Libération des Femmes, nous ne sommes ni un parti, ni
une organisation, ni une association, et encore moins leur filiale
féminine. Il s’agit là d’un mouvement historique qui ne groupe pas
seulement les femmes qui viennent au M.L.F., c’est le mouvement de
toutes les femmes qui, là où elles vivent, là où elles travaillent,
ont décidé de prendre en main leur vie et leur libération.

Lutter contre notre oppression c’est faire éclater toutes les
structures de la société et, en particulier, les plus quotidiennes.
Nous ne voulons aucune part ni aucune place dans cette société qui
s’est édifiée sans nous et sur notre dos.

Quand le peuple des femmes, la partie à l’ombre de l’humanité, prendra
son destin en main, c’est alors qu’on pourra parler d’une révolution.
Un Mouvement pour la Liberté de l’Avortement s’est constitué, qui
regroupe toutes celles et ceux qui sont prêts à lutter jusqu’au bout
pour l’avortement libre. Ce mouvement a pour but de susciter des
groupes de quartier et d’entreprise, de coordonner une campagne
d’explication et d’information, de se transformer en mouvement de
masse seul capable d’imposer notre droit à disposer de nous-mêmes.

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/societe/20071127.OBS7018/le_manifeste_des_343_salopes_paru_dans_le_nouvel_obs_en.html

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Insoumission civile et professionnelle (contre les prescriptions de
l’Ordre des médecins) :

Le manifeste des 331 médecins se déclare solidaire en 1973 en disant
qu’ils ont pratiqué des avortements.

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C’est seulement en 1975 suite à l’action suivie du MLAC fort de ces
deux manifestes d’insoumission civile signés par des personnalités de
la société française, représentatifs culturels et intellectuels ou sommités médicales, et une mise au point parlementaire de décembre 1974 à janvier 1975 que la loi Giroud — Françoise Giroud étant alors ministre de la condition féminine — dite loi Weil car Simone Weil en tant que ministre de la santé la défendit avec un courage farouche face à une Chambre des députés majoritairement masculine et réactionnaire, pour l’imposer, fut
adoptée par les députés, autorisant l’interruption de grossesse dans
les dix premières semaines de la gestation.

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March 8 rally in Dhaka, organized by Jatiyo Nari Shramik Trade Union Kendra (National Women Workers Trade Union Centre), an organization to the Bangladesh Trade Union Kendra. Photo : Soman. (CC ShareAlike),
source wikipedia :
Journée internationale des droits de la femme.

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Mai 1970 - Mai 2010 : 40 ans de mouvement de libération des femmes en France (MLF, MLAC, etc.) :

PROGRAMME DE LA CÉLÉBRATION (Site re-belles).

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Notes :

(1) Le portrait photographique de Delphine Seyrig, telle qu’on pouvait la croiser dans son quartier (place des Vosges) ou avec son compagnon Sami Frey dans une librairie du quartier des Halles, à la fin des années 70 et au début des années 80, est un document sans droit, de photographe inconnu, source fr.wikipedia.

(2) Une histoire internationale de l’art vidéo (dates et fondations), de ses normes, de ses performances, de ses artistes et documentaristes, de ses institutions, de ses productions indépendantes, de ses festivals, et du renouvellement des festivals de cinéma, dans le site Art-Vidéo-0.


Le 8 mars 2010, recension par Louise Desrenards
dans La revue des ressources (Brèves) :
http://www.larevuedesressources.org/spip.php?breve835

Messages

  • Ce manifeste, initialement "des 343", a été rebaptisé "des 343 salopes" et ce nom a eu une fortune à la mesure de l’opposition qu’il a rencontré, mais on ne le nomme ainsi que par ignorance ou malveillance.

    • La semaine suivant la parution du manifeste, l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo a fait sa une avec un dessin s’en prenant aux hommes politiques avec la phrase « Qui a engrossé les 343 salopes ? ». C’est à ce dessin de Cabu que le manifeste doit son surnom.

    • Je ne pense être ni ignorant ni malveillant a fortiori en ayant été un témoin, les filles se sont appelées comme ça elles-mêmes après le premier tollé médiatique ! et si je ne suis pas dans les signataires — étant surtout des personnes représentatives afin que ce soit puissant pour protéger les filles qui se faisaient avorter en France et a fortiori que des femmes.. ;-) je peux dire que j’étais dans la manif que l’on voit dans une des trois videos dédiées à la vie et à l’oeuvre de Delphine Seyrig — et même si vous y étiez vous-même :)

      Adrien vous êtes un curé déguisé.
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Manifeste_des_343

      J’ai recopié exactement la publication du Nouvel Obs en 2008 dont j’ai donné le lien, comme ce sont eux qui l’ont publié en premier lieu en 1971 — et ça c’est de l’histoire — s’ils l’ont republié comme ça ce n’est pas par malveillance mais pour le rappel historique au moment où il y a eu des parlementaires pour envisager de remettre en question l’avortement il y a deux ans. Vous auriez du envisager la chose comme ça avant de manifester votre méchanceté — comme quoi la méchanceté ou l’intégrisme moral aveuglent.

      D’ailleurs si c’était malveillant et bien je n’aurais pas fait cet article, car il donne la mesure de l’ironie qu’il avait fallu convoquer face à la haine de la droite — toutes des salopes. Au point que si c’est madame Veil qui a défendu a loi à l’assemblée c’est à cause de sa respectabilité eu égard aux camps qu’elle n’a pas été insultée et notamment elle s’est mise en avant pour s’unir à Giroud et la protéger (qui était justement menacée d’être insultée eu égard à sa vie).

      il y a toujours des gens plus jeunes qui en ont encore à raconter aux autres, il y avait un sacré potentiel de provocation dans la façon d’en parler à la télévision à l’époque... contre les mecs. Et un potentiel de provocation sexuelles aussi !! — c’était la grande époque de la libération sexuelle et de la libération des désirs, et la revendication à la fois de l’autonomie et de la jouissance.. Et il y avait un sacré potentiel de révolte d’ailleurs en général.. je crois que vous vous trompez totalement sur cette époque qui était celle de toutes les forces de libération, joyeuses, ironiques, et offensives.

      Gardez vos insultes pour vous mais ne me les adressez pas.

      je persiste et signe sur ce titre,qui continue à être provoquant d’ailleurs et la preuve ;-)

    • Si ce la choque des gens qui ne pensent pas se référer au lien du Nouvel Obs alors on peut modifier dans "Voici le manifeste des 343 salopes" le manifeste deit "Manifeste des 343 salopes" mais alors il faudrait rentrer dans l’explication de cabu en note etc.. ; etc...

      mais sur le titre de l’article je ne veux rien changer ni sur au moins une fois le terme entier ;-)

    • Je suis marri’, Orphée. Comme tu l’expliques, on peut parfaitement connaître l’histoire des deux noms de ce manifeste et employer le second non seulement sans malveillance mais, comme ici, très à propos selon ma propre définition du mot salope -dont tu m’accorderas qu’elle n’est pas d’un curé- puisque ton titre offre toute la distance requise pour en désamorcer le sens habituel. Je te présente donc mes plus plates excuses, et j’en profite pour réparer ce dommageable oubli : te remercier pour cet article.

    • Bonjour,

      Je fais partie de ces femmes signataires de ce manifeste. Le terme "Salope" joue comme un rappel pour les nouvelles générations que toutes ces signataires ont risqué d’être arrêtées, poursuivies et mises en prison. Avoir avorté avant et même après pouvait vous conduire en prison pour quelques années.