Accueil > terrorisme ou terreur d’Etat

terrorisme ou terreur d’Etat

Publie le vendredi 21 novembre 2008 par Open-Publishing
4 commentaires

Communiqué de presse

TERRORISME OU TERREUR D’ETAT ?

Le 11 novembre, 150 policiers, dont beaucoup appartenaient aux brigades antiterroristes, envahissaient un village de Corrèze pour arrêter neuf personnes, soupçonnées d’avoir provoqué des dégradations de lignes de chemins de fer SNCF. Suite à une garde à vue de 96 heures cinq d’entre elles ont été placées en détention provisoire. Julien Coupat, considéré par le procureur comme le « chef d’une structure à vocation terroriste », risque 20 ans de réclusion criminelle. Les quatre autres personnes soupçonnées « d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » risquent jusqu’à dix ans de réclusion criminelle.

Que peut justifier un tel déchaînement policier et judiciaire alors que le procureur de Paris a lui même indiqué ne pas disposer de suffisamment d’éléments pour les incriminer dans les dégradations. Nous ne connaissons pas les dessous de cette affaire. Par contre nous gardons à l’esprit que le mensonge ou le choix d’un bouc émissaire permettant de diviser et de semer la terreur est une arme privilégiée du pouvoir. Il s’agit aujourd’hui de l’ultra gauche et des anarcho- autonomes, ainsi dénommés par la ministre de l’intérieur.

Plus largement, le flou volontairement entretenu dans cette affaire autour du terme de terrorisme vise à criminaliser les moindres tentatives de contestation du système capitaliste. Les manifestations jugées violentes, le sabotage devenu acte de terrorisme, ce sont les moyens de lutte historique du mouvement ouvrier qui sont directement attaqués.

Nous sommes nombreux à avoir participé aux différents mouvements sociaux avec les étudiants contre le CPE, avec les lycéens contre les réformes Fillon, ou avec les sans-papiers contre les politiques migratoires indignes. Les souvenirs qui nous en restent sont surtout ceux d’une terrible répression qui n’a d’autres visées que de nous contraindre à ne plus lutter collectivement.

Nous n’oublions pas d’où vient réellement la terreur. Nous sommes nombreux à être particulièrement horrifiés des rafles que subissent régulièrement les sans-papiers, de la généralisation des fichiers et des systèmes de contrôle. De la crise financière orchestrée par les banques avec la complicité des Etats qui, elle, risque à n’en pas douter de mettre des millions de vie en jeu.

Malgré ces politiques répressives nous continuerons à être nombreux à combattre l’injustice sociale. Le comité de soutien qui s’est créé à Tarnac suite aux évènements ne dit pas autre chose. C’est pourquoi nous réclamons la libération immédiate des cinq personnes inculpées et l’arrêt des poursuites judiciaires pour toutes les personnes mises en examen.

Syndicat CNT santé-social et collectivités territoriales de la région parisienne

Paris, le 20 novembre 2008

Messages

  • " Le comité de soutien qui s’est créé à Tarnac suite aux évènements ne dit pas autre chose. C’est pourquoi nous réclamons la libération immédiate des cinq personnes inculpées et l’arrêt des poursuites judiciaires pour toutes les personnes mises en examen. "

    Faudrait peut-être activer un rassemblement de tous les groupes et non-groupes
    de toutes les cellules et atomes visibles et invisibles, " sans fanions ni merguez "
    histoire de se faire entendre et d’assurer aux " ultras connards" qui nous gouvernent qu’ils trouveront devant eux un mur de résistance et de révolte bâti de rêve et de rage.

    MOBILISONS- NOUS VITE !

  • J’ai comme chacun d’entre nous mon intime conviction au sujet de cette affaire, mais cela n’interesserait le public que si j’étais membre du jury d’assise qui jugera les 5 personnes mis en examen. Seulement si lors de l’instruction les chefs d’inculpation de type terroriste sont confirmés, il n’y aura même pas de jury populaire.

    Dépassons un peu dans cette affaire le cadre judiciaire et moral et considérons la communication, les relations publiques ainsi que la mécanique implacable des évènements. C’est un regard essentiel en politique autant dans le cadre légal que dans celui de l’action directe.

    Le grand public connaissait-il un leader anarchiste ou autonome, avant cette affaire ?

    Connaissant l’histoire de la frontière canadienne* et ses conséquences, le principal accusé ne se doutait-t-il pas qu’il sérait assez rapidement dans les fichiers des organismes de securité intérieure et de renseignement de plusieurs pays et donc étroitement surveillé ? Et dans ce contexte de surveillance étroite était-il raisonnable dans le cadre de la préservation de l’impunité d’un groupe terroriste en début de carrière de mener de pareilles opérations sans avoir la quasi certitude qu’il serait arrêté rapidement ? Afin de préserver l’anonymat n’aurait-t-il pas du attendre pour former d’autres cellules sans liens apparents avec son organisation mères de manière à "fantômiser" son action ? Il s’agit là d’une technique tout à fait élémentaire de l’action terroriste.

    les sabotages aux plaques de béton sur les voix de TGV sont des actes plus facilement qualifiables de terroristes à cause des victimes potentielles. Ils ont disparu du discours médiatique, probalement en raison d’une absence totale de preuves dans le dossier concernant ce type de méfait. On ne parle plus que des sabotages de caténaires, or s’il s’avère que ce groupe d’accusés en est l’auteur , il faut considérer les deux point de vue professionels :

    1- Celui du spécialiste du renseignement et de la sécurité : même en l’absence de dégats humains ne peut-on pas percevoir une démarche prè-terroriste succeptible de se radicaliser en action encore plus violente ? Donc par principe de précaution, voire même bon sens, si chère à la psychologie policière ces individus ne doivent-il pas se retrouver sous les verrous ?

    2- Le point du vue du juriste est moins catégorique. car un acte de malveillance même organisé n’occasionnant ni incendie ni victime réelle ou potentielle est-il facilement qualifiable en acte terroriste ? On peut aisément percevoir une intention construite de nuire à la société, mais la justice juge-t-elle les intensions potentielles ? Un juge quel qu’il soit, resisterait-il à la tentation de ridiculiser la police et le procureur de la république sur une question de procès d’intention ?

    Le principal accusé n’utilise-t-il pas à son profit la puissance publique et médiatique en exploitant la faille juridique d’un acte de malveillance facilement perçu comme acte terroriste mais difficilement qualifiable juridiquement comme tel ? finalement n’eu-t-il pas été plus prudent de la part des pouvoirs publics et dans le fond plus pénalisant pour les accusés de les considérer comme des criminels ordinaires ? la martyrisation souvent organisée n’est elle pas une excellente campagne de communication pour le martyr,surtout s’il sort relativement indemne d’un combat contre une immense organisation ? Déjà le concert de plume a commençé pour fustiger la manipulation policière et gouvernementale ! Tout ne se passe-t-il pas comme prévue ? N’avons nous pas dans notre beau pays une sur-population de plumitifs idéalistes qui vont s’emparer de l’affaire avec le vieux refrain à la fois éculé et increuvable, "la police est partout la justice nulle-part" ? ne sont-ils pas utilisés eux aussi pour faire connaître plus largement ce groupe, son leader et ses idées qui sinon seraient restés dans une nébuleuse obscure de groupuscules anarchistes trop insignifiants pour être réellement visible ? L’art de la guerre ne consiste-t-il pas à retourner les forces de l’adversaire contre lui-même tout en utilisant à son profit les forces des ennemis de ses propres ennemis ?

    Bonnes réflexions.

    * lire les articles sur l’enquête, notamment comment le FBI a mis la DCRI sur la piste du principal inculpé.