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ADN : le "détail" de François Fillon fait des vagues

Publie le lundi 8 octobre 2007 par Open-Publishing

L’utilisation par François Fillon du mot "détail" afin de évoquer l’amendement Mariani sur les test ADN pour le regroupement familial a provoqué un début de polémique ce week-end, le terme étant politiquement sensible depuis son emploi par Jean-Marie le Pen pour évoquer les chambres à gaz.

"Les polémiques ont grossi jusqu’au ridicule un détail, en masquant l’essentiel" du projet de loi Hortefeux sur l’immigration, a déploré samedi le Premier ministre lors du conseil national de l’UMP.

Voulant croire à une "maladresse d’expression" du Premier ministre, le Premier secrétaire du Parti socialiste François Hollande a estimé dimanche que la question des tests ADN "est suffisamment grave pour qu’on ne parle pas de détail". Il a demandé au président Nicolas Sarkozy de retirer cet amendement, "devenu le symbole" de la loi sur l’immigration.

Stéphane Le Foll, bras droit de M. Hollande, a dénoncé quant à lui une "expression qui est grave", car "elle a une intonation qu’on a déjà entendue dans la bouche de Jean-Marie Le Pen". En 1987, le président du Front national avait soulevé un tollé en qualifiant les chambres à gaz de "point de détail de l’histoire de la deuxième guerre mondiale".

Interrogé par l’Associated Press, M. Le Foll y a vu un "clin d’oeil à un électorat, qui est celui du Front national". "Si c’est un dérapage, c’est impardonnable de la part d’un Premier ministre. Je ne crois pas que ce soit un dérapage", a-t-il ajouté.

Pour Pierre Moscovici, ces déclarations sont "d’une gravité extrême". "Quand on est le Premier ministre de la France, on doit maîtriser son vocabulaire", a-t-il souligné dimanche sur Radio-J. Toutefois, le député socialiste "ne le pense absolument pas en complicité quelconque avec la pensée de Jean-Marie Le Pen". Dès, lors, il lui "demande de rectifier ses propos".

Patrick Baudoin, président d’honneur de la Fédération internationale des droits de l’Homme, a, lui, déploré sur France-Inter une expression "malheureuse". "’Détail’ fait penser quasi automatiquement à l’expression qu’avait utilisée Jean-Marie Le Pen", a-t-il relevé. Et "s’il s’agit d’un détail, cela veut dire que cela n’a pas beaucoup d’importance, que la mesure prise est quasiment inutile alors pourquoi un acharnement (...) de la part du gouvernement ou de sa majorité à faire adopter cet amendement", s’est interrogé M. Baudouin.

"Le Premier ministre fait sciemment monter les enchères pour mieux agréger autour de lui toute une frange de l’électorat qui se réfugiait dans le vote Front national", a accusé le directeur général de France Terre d’Asile Pierre Henry sur France-info.

Par cette déclaration, François Fillon "signe non seulement son compagnonnage avec l’extrême droite, mais participe dangereusement à sa banalisation", a pour sa part jugé Mouloud Aounit, président du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), en estimant dans un communiqué qu’il venait de "franchir les limites de l’insoutenable et de l’indécence".

"Quand vous regardez un seul élément de quelque chose, ça s’appelle un détail", a justifié samedi la député UMP Nadine Morano. "Une tache sur un manteau, un bouton sur une veste, c’est un détail par rapport à la couleur du vêtement !". Le Premier ministre "a voulu dire que cette loi est une loi importante et qu’en fait dans les médias, on en entend quoi, uniquement un amendement d’origine parlementaire qui n’est pas le texte du gouvernement", a-t-elle expliqué.

"Il faut vraiment beaucoup de malveillance pour faire un amalgame" avec les propos de Jean-Marie Le Pen, a réagi dimanche sur France-inter le secrétaire général de l’UMP Patrick Devedjian. "Le mot détail appartient à la langue française (...) Est-ce qu’il va falloir l’interdire, le radier du dictionnaire ?".

Quant à l’ancien Premier ministre Edouard Balladur, il s’est prononcé samedi sur Europe-1 pour le retrait pur et simple de l’amendement sur les tests ADN : "quand on commet une erreur, et bien on la répare".

"C’est un amendement néfaste", a également jugé dimanche sur Canal+ l’ancien Premier ministre socialiste Lionel Jospin. "Ce qui est en cause maintenant, à mon avis, c’est la difficulté pour le gouvernement, pour le pouvoir tout entier, de reconnaître qu’il a fait une erreur. Le plus sage serait qu’il le fasse. Surtout qu’il risque la censure du Conseil constitutionnel s’il s’obstine", a-t-il souligné. AP

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