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17 mai : journée contre l’homophobie !

Publie le mardi 17 mai 2011 par Open-Publishing
2 commentaires

Ni hommes, ni femmes. Gouines et pédés, féministes radicales.

Notre démarche politique est identitaire. Gouines et pédés, nous nous définissons en renversant les catégories et les insultes qui nous sont imposées par l’ordre moral. Ces catégories sont distinctes, mais ont des origines communes. Partant de la lutte contre l’homophobie, la lesbophobie et le sexisme, nous tentons d’analyser les systèmes politiques à l’origine des oppressions. Ce qui nous amène à nous interroger sur les moyens de concilier les combats quotidiens pour nos droits et l’abolition de l’hétéropatriarcat. Parcours semé d’embûches et de pièges de divisions...

L’hétérosexualité n’est pas une préférence sexuelle. C’est un système politique qui repose sur l’établissement de la différence et de la complémentarité des sexes. L’humanité est divisée en deux catégories d’individus, les hommes et les femmes, définies par des caractéristiques différentes qui sont données comme "naturelles". L’homme "viril" est "naturellement" apte au pouvoir, il domine la sphère publique. Il domine aussi sa femme, douce et "naturellement" destinée à être mère. Ainsi définis, ces deux individus sont appelés à vivre ensemble selon des rapports soigneusement hiérarchisés et couronnés par le statut matrimonial.

De fait, les gais et les lesbiennes sont donc excluEs des privilèges qui sacralisent le couple hétérosexuel producteur d’enfants, en premier lieu desquels, le mariage. Il en va de même pour la filiation, socle de la famille (hétérosexuelle).

Mais l’hétérosexualité définit aussi les relations sexuelles. A ce titre, les gais et les lesbiennes sont catégoriséEs comme perversEs, terme utilisé par les sexologues de la fin du 19e siècle pour décrire celles et ceux qui n’ont pas la sexualité adéquate.

Nous avons en commun d’être des « rebelles sexuelles », des individuEs à la sexualité pas comme il faut. Nous faisons de notre sexualité une affirmation, un truc central, un truc volontairement à expérimenter, à interroger, une base de départ pour nos réflexions politiques. Nos sexualités sont non assimilables. Les représentations acceptables de l’homosexualité, sont d’ailleurs systématiquement désexualisées. Parce que, en définitive, des femmes qui jouissent sans bite, des hommes qui prennent du plaisir à se faire enculer, cela doit rester inconcevable.

Ni hommes, ni femmes, féministes radicales

Nous refusons l’identification aux étiquettes "homme" et "femme" : nous ne sommes ni l’un ni l’autre parce que nous refusons l’assignation à la féminité ou à la virilité. Quand bien même, nous sommes féministes, parce que les femmes existent vraiment en tant que personnes discriminées.

La perspective de l’abolition du genre influe sur nos positionnements et nos luttes féministes. Par exemple, les droits à la contraception et à l’IVG ne sont pour nous pas dissociables de l’assignation du genre féminin à la maternité. La lutte pour ces droits doit se mener sans perdre de vue le cadre dans laquelle elle se situe : l’horizon est pour nous l’abolition de la féminité comme construction sociale.

Les lesbiennes peuvent dire à la fois : "Nous les femmes, notre corps nous appartient" et "nous ne sommes pas des femmes". C’est à dire revendiquer des droits depuis la catégorie sociale à laquelle elles sont assignées - place de femme - tout en refusant l’assignation à cette catégorie, et donc aller vers son abolition.

D’autre part, il s’agit de ne pas se limiter à une position défensive, mais d’être également dans une construction d’offensive libératrice. Prenons par exemple le slogan bien connu "Quand une femme dit non, c’est non". Le discours en creux n’est pas dit : que se passe-t-il si elle dit oui ou si elle propose ? Quand on exige la liberté de choix - la possibilité de dire non - il s’agit d’affirmer en même temps qu’une femme a aussi le droit de proposer, de dire oui, bref, d’être une salope. On exprime alors une absence de jugement sur ces choix, et c’est important aussi.

De même, nous revendiquons l’égalité des droits, notamment l’accès au mariage pour touTEs, tout en souhaitant l’abolition de ce dernier. Revendiquer l’égalité des droits n’est en effet pas pour nous une légitimation des droits en question, c’est exiger d’avoir des choix que l’on n’a pas. C’est un moyen d’interroger l’hétéropatriarcat, ce n’est pas une fin en soi. C’est un premier pas vers la remise en cause des privilèges (y compris celui de s’illusionner), réservés aujourd’hui aux seulEs hétérosexuelLEs : un moyen de contester la suprématie de l’hétérosexualité.

Nous sommes des gouines et des pédés et nous sommes féministes. Parce que nous combattons la hiérarchie entre les sexes et l’assignation de genre. Parce que nous refusons l’hétérosexualité obligatoire à l’exclusion de tout autre mode de vie. Notre ennemi demeure l’hétéropatriarcat, ses pièges, ses tentatives de divisions. Cette résistance s’organise avec toutes celles qui veulent lutter contre les effets de la domination masculine, sans exclure, dans le débat et la diversité des références culturelles, historiques, politiques, quotidiennes.

Messages

  • Notre démarche politique est identitaire.

    Et voilà à partir de là je n’ai pas lu la suite...

    Je suis PD, mais mon identité ne se résume pas à ma sexualité. C’est quand même un comble d’enfermer les gens dans des cases en prétendant les libérer ?

    Ne pas confondre identitaire avec identité qui est bien plus complexe que ça.

    C’est un peu comme le mot tolérance employé à toutes les sauces même brunes qui ne veux rien dire tout en permettant de ne pas utiliser le mot RESPECT qui lui est plus exigeant.

    Je "...choisi le verbe..." les fafs n’a pas du tout la même signification selon que tu utilise TOLERENCE ou RESPECT !!!

    Carland

    • Pour être plus précis.

      Si je tolère quelqu’un, rien ne m’oblige à le respecter. Par contre, si je respecte quelqu’un, ça induit que j’accepte la personne telle qu’elles est avec ses qualités et ses défauts et avec ses différences et que je tolère ce qui me gène ou me fait peur.

      Carland